Culture

Book Club Le Matin : Invitation dans les coulisses de «Hot Maroc» de Yassin Adnan

Le poète, écrivain et journaliste, Yassin Adnan a partagé récemment les coulisses de son fameux roman «Hot Maroc». Invité au 7e rendez-vous de la rencontre littéraire Book Club Le Matin, animé par Abdelhadi Mezrari, journaliste à Assahraa, Adnan a parlé de son inspiration, anecdotes... Plusieurs secrets ont été partagés dans une ambiance conviviale au sein du siège du Groupe Le Matin.

16 Mai 2022 À 16:49

Inspirations

«Je travaillais sur un recueil de poésie en France quand on a piraté mon compte Facebook. Ceci m’a chamboulé, m’a choqué… Ne pouvant plus retourner à mes poèmes, je me suis posé plusieurs questions sur cette personne qui n’a rien à faire et s’amuse à entrer sur mon Facebook pour semer la pagaille en anonymat. Je voulais la comprendre. C’est ainsi que j’ai commencé à penser au personnage de Rahhal, qui m’a conduit d’une idée de nouvelle à un roman».

Radioscopie

Pour Yassin Adnan, si l’envie d’écrire commence par une motivation personnelle, elle est surtout poussée par l’envie de décortiquer des phénomènes de société. Le cas de «Hot Maroc» est expliqué par le désir de comprendre pourquoi des personnes comme Rahhal «empoisonnent» les nouveaux supports et espaces de communication. «Pour comprendre un phénomène, il faut se retourner vers la société», a-t-il confié à la présence. Une analyse du personnage de Rahhal a poussé l’écrivain à poser des questions à caractère sociologique : Pourquoi une telle agressivité envers l’autre ? Est-ce uniquement parce qu’on aime offenser l’autre ou bien parce qu’on veut vider sa munition d’insultes ? «J’ai cherché à comprendre d’où vient ce Rahhal et semblables qui surgissent de l’anonymat pour harceler les autres», explique Yassin Adnan. Pour lui, il s’agit surtout de dysfonctionnements sociétaux. Le roman écrit de 2011 à 2015 a tiré une sonnette d’alarme précoce sur un phénomène qui profite du chaos et du vide juridique pour ronger la société dans toute sa diversité. Traduit en langues française et anglaise, «Hot Maroc» trouve sa place dans toutes les sociétés et parmi les différents lecteurs. «Le harcèlement et la diffamation sur le web touchent les gens partout. Dans certaines sociétés, ils ont conduit au suicide notamment chez les adolescents», explique Yassin Adnan. Et de préciser que le web est «un espace sérieux de notre vie».

La culture, un important atout pour le développement

Évoquant l’importance de la culture dans la société, Yassin Adnan a affirmé qu’on ne peut pas construire un pays sans culture. «L’appauvrissement culturel de la société crée plusieurs problèmes, dont la régression des valeurs». Pour lui, la culture est plus grande que les cahiers des charge qui imposent la création d’émissions culturelles à la va-vite. Elle englobe les dessins animés, les valeurs qu’on véhicule, les soirées artistiques… «On doit prendre en considération la multiplicité culturelle et la qualité des contenus», a-t-il précisé en insistant sur l’importance de la lecture à inculquer sur les bancs de l’école.

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Résumé

«Hot Maroc» est l’histoire d’un antihéros, Rahhal Laaouina, personnage lâche et timoré qui, par le biais des réseaux sociaux, règle ses comptes avec ses «ennemis intimes», c’est-à-dire toute personne ayant mieux réussi que lui. Son immense aptitude à nuire par clavier interposé est découverte et appréciée à sa juste valeur par les services de sécurité. Et le voilà soudain contraint d’utiliser ses talents de blogueur pour répandre sur la puissante revue électronique «Hot Maroc» les rumeurs assassines et les fake news que lui dictent les taupes du gouvernement. Le roman aborde l’émergence des médias en ligne spécialisés dans la diffamation. Véritable radioscopie de la nouvelle société marocaine née des bouleversements socioéconomiques que connaît le pays depuis les années 1980, ce premier roman de Yassin Adnan dénonce avec verve tous ceux qui, à l’ombre du pouvoir, bloquent la marche du Maroc vers la démocratie. Qu’il s’agisse de bourgeois affairistes, de prédicateurs démagogues, d’universitaires prétentieux ou d’anciens militants apprivoisés, tous se retrouvent impliqués à leur insu dans la féroce «comédie animale» imaginée par le diabolique Rahhal, et brillamment restituée par l’auteur. 

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