Casablanca vue par Driss Ksikes : un laboratoire du chaos
Nés d’une volonté du Groupe «Le Matin» de promouvoir la lecture et la culture, les rendez-vous du «Book Club Le Matin» ont repris jeudi dernier pour une nouvelle saison. Et pour cette première, le «Book Club» a invité le journaliste et auteur de plusieurs ouvrages Driss Ksikes, venu présenter son nouveau roman «Textures du chaos», une lecture profonde et interrogative sur la ville de Casablanca, entre fiction, critique sociale et dystopie. Et pour faire de cette rencontre une plateforme d’échanges pour la littérature, ce débat a été modéré par Mouna Hachim, chercheuse et femme de lettres.
Driss Ksikes invité du Book Club Le Matin le 22 septembre à Casablanca. Phs. Sradni
Zoubida Senoussi
25 Septembre 2022
À 11:41
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«Textures du chaos», ouvrage de 287 pages, se répartit en six temps, pour s’immiscer dans les pensées d’un enseignant d’histoire-géographie qui, depuis sa retraite, s’assoit chaque jour dans le grand parc de la ville de Casablanca sur le même banc, le cinquième à partir de l’entrée centrale, pour relire, comme dans un rituel, le même roman, celui des «Villes invisibles» d’Italo Calvino. «Il s’agit de cet enseignant dans ce parc que viennent voir des gens de la ville une fois qu’ils ont senti que leurs repères dans la ville ont bougé et qu’il y a quelque chose d’incompréhensible et d’irrationnel qui s’y passe. À travers les images rapportées par ces personnes, cet enseignant reconstitue les fils entremêlés de ce chaos», explique Driss Ksikes au micro du «Matin». Loin de narrer Casablanca au premier degré, Driss Ksikes avoue avoir utilisé la méthode de «City novels» pour décrire la métropole de façon tout à fait métaphorique, par un ballet de paysages et de relations, de failles et de tiraillements du Maroc contemporain. «C’est très difficile de raconter une ville. Ce qui m’a intéressé c’est de travailler sur Casablanca à partir de la métaphore afin d’épouser la structure de la ville pour mieux en parler. La métaphore ici c’est le laboratoire du chaos», poursuitil. Pour l’auteur, «Casablanca a toujours été un laboratoire de l’art déco, modèle de Californie ou de bidonvilles».