Culture

Le cinéma marocain s'ouvre au genre fantastique avec "Achoura"

Projeté dans les cinémas à partir du 12 octobre 2022, «Achoura», le premier film fantastique marocain, a été présenté, en avant-première, le vendredi 7 octobre à l’Institut français de Casablanca. La projection a eu lieu en présence de l’équipe du film, composée du réalisateur, Talal Selhami, des acteurs Omar Lotfi et Sofiia Manousha. D’autres noms des paysages médiatique et cinématographique ont pris part à cet événement, parmi lesquels le publicitaire Noureddine Ayouch, l'acteur Saïd Bey ou encore les actrices Sonia Okacha et Farah El Fassi.

Ph. Saouri

12 Octobre 2022 À 10:43

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Curieux et amateurs du genre se sont donné rendez-vous dans la salle obscure pour découvrir le cinéma marocain, sous un autre jour, avec la sortie nationale du long métrage «Achoura». Traditions, légendes urbaines, suspens, adrénaline… le film nous transporte mystérieusement dans les méandres du folklore marocain, où se côtoient créatures fantastiques et histoires d'antan.

Pour la genèse, «l'idée du film “Achoura” est tout d'abord née de mon amour pour le cinéma fantastique depuis que je suis tout petit. C'est tout naturellement que mon premier film, baptisé “Mirages”, est un thriller avec quelques airs fantastiques. Pour mon deuxième long métrage, je me suis dit que j'allais faire un film de monstres. J'aime ces créatures depuis mon jeune âge, je trouve qu'elles ont quelque chose à raconter, qu'elles sont touchantes. Je me suis également posé la question suivante : pourquoi faut-il toujours attendre les productions américaines pour proposer des films de ce genre au public marocain ? Nous pouvons avoir nos propres productions, en dehors des comédies et des films d'auteur pour que le spectateur puisse accéder à un large choix.

L'idée de “Achoura” a également jailli d'un cauchemar que j'ai fait et dans lequel je me voyais enfant face à un monstre. Suite à ce mauvais rêve, j'ai fait part de ma vision de cette créature à notre dessinateur pendant l'écriture du scénario pour qu'il puisse s'en inspirer», nous confie le réalisateur de «Achoura», Talal Selhami. Parmi les personnages phares du film, Nadia, une jeune femme qui fait partie de l’intrigue, du début jusqu’à la fin, incarnée par la talentueuse Sofiia Manousha. «Je suis heureuse de présenter “Achoura”, le premier film fantastique marocain. Je joue le rôle de Nadia, la femme de Ali, interprété par Younes Bouab. Le couple forme un trio d'amis avec Iván González qui joue le rôle de Stéphane. C'est l'histoire de ce groupe qui s'amuse à se faire peur, puis un jour, le petit frère de l'un d'eux disparaît pour réapparaître vingt ans après. Il faut voir le film pour connaître la suite de l'histoire. En tant que Marocains, c'est une fierté pour nous d'avoir un film fantastique, produit au Maroc, qui est diffusé partout dans le monde et qui a raflé par la même occasion des prix internationaux. C'est une première pour le cinéma marocain, nous en sommes très fiers. En termes de production, de réalisation et d'effets spéciaux, ce film est une vraie pépite et je suis fière d'avoir participé à ce projet», explique la jeune actrice, également réalisatrice.

Au-delà de la prouesse technique, le film «Achoura» se distingue également par ses protagonistes attachants, dont Samir, un personnage poignant confié à Omar Lotfi : «J’ai joué un rôle composé, un peu difficile à incarner. J’aime quand on me confie ce genre de rôles qui sont différents de ma personnalité, de mon apparence, ils me sortent de ma zone de confort. Il faut se diversifier, car le public est multiple et il y a une vraie demande en matière de films fantastiques ou d'horreur. On constate un manque en ce qui concerne cette catégorie cinématographique dans l’offre nationale. “Achoura” vient donner le la et raconter une histoire à travers ce prisme fantastique. Ce film est une valeur ajoutée pour le répertoire cinématographique marocain», déclare l’artiste. L’audace et la prise de risque paient, puisque la production fantastique «made in Morocco» a trouvé écho auprès des amateurs du genre : «Je suis très agréablement surpris par l'accueil à l'étranger. Les Coréens, par exemple, n'avaient jamais vu de film marocain auparavant, aux États-Unis non plus, ils découvrent un peu le Maroc au travers de cette production. Le fantastique est un genre cinématographique qui s'exporte facilement, la preuve “Achoura” s'est vendu aux quatre coins du monde, et on termine par son berceau, le Maroc» , confie Talal Selhami. «Achoura» a remporté le prix du meilleur film au Festival Hardline en Allemagne et la Mention Spéciale du jury au Festival du film fantastique de Sitges. Le film a été distribué au Japon, en Russie, en Scandinavie, aux États-Unis, puis au Maroc. Sa sortie nationale a été reportée en raison de la pandémie.

 

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