07 Août 2022 À 16:21
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Dans le monde numérique actuel, les photos en noir et blanc n’attirent pas forcément l’attention. Souvent délaissés au fond des tiroirs ou placards, ces clichés oubliés peuvent cacher des détails surprenants. La Fondation pour la photographie à Tanger a décidé de mettre en lumière une série de ces photos d’antan et de présenter leur histoire sous un œil bien différent. Son exposition «Les couleurs du temps : photographies colorisées 1860-2022» qui se poursuit jusqu’au 30 novembre 2022 redonne vie à plusieurs clichés en leur donnant des couleurs. Dans cet espace tangérois, on voyage entre le passé et le présent grâce aux œuvres de Aassmaa Akhannouch, Hélène Bellenger, Amina Benbouchta, Flore, Ludovico Wolfgang Hart, Irène Jonas, Youssef Nabil, Rima Samman, Jan Saudek, ainsi que de photographes anonymes. Ces artistes présentent des photographies colorisées racontant des fragments de mémoire. Ils ont donné de la couleur à des photos monochromes depuis les vues du Japon des années 1860 en passant par les costumes chatoyants de Syrie immortalisés par Ludovico Wolfgang Hart peu de temps après et surtout un grand ensemble de portraits tangérois des années 1960, issus de studios photographiques aujourd’hui disparus. «À ces techniques anciennes répondent des créations contemporaines qui s’inspirent de cette esthétique surannée.
Jan Saudek compose des mises en scène sensuelles qui évoquent le romantisme du 19e siècle», écrit la commissaire de «Les couleurs du temps», Marie Moignard, dans le catalogue de l’exposition. De ces images émanent une poésie particulière et une narration silencieuse sublimées par le procédé de colorisation. L’exposition documente le passé, mais révèle surtout des émotions. Elle nous invite à découvrir d’une façon lyrique la vie colorée de ces hommes et femmes qui ont vécu en temps du monochrome. Dans ce cadre, la photographe-plasticienne française Hélène Bellenger dévoile des méthodes de maquillage utilisées en époque du noir et blanc pour embellir les portraits des actrices. «Hélène Bellenger file la métaphore de l’art du faux en récréant les artifices des portraits d’actrices des années 1920 à 1950», explique Marie Moignard. Aussi inspirés par l’âge d’or du cinéma, les songes néo-orientalistes de Youssef Nabil font écho aux polaroids peints de flore en Égypte. Pour sa part, l’artiste franco-libanaise Rima Samman présente des photos de sa famille re-colorisées sur ordinateur. Cette technique a permis d’ajouter une touche de gaieté et de donner une nouvelle vie aux clichés pris entre 1940 et 1970. La série «Un été sans fin» déroulée par la photographe et sociologue Irène Jonas fait aussi appel aux souvenirs intimes. Ce temps familial recomposé se retrouve dans les cyanotypes aquarellés d’Aassmaa Akhannouch, tandis que la peintre et photographe Amina Benbouchta entretient le mystère de sa mythologie personnelle. L’exposition «les couleurs du temps : photographies colorisées 1860-2022» permet de comprendre que les personnes que nous voyons sur les photos en noir et blanc étaient réelles. Elles avaient aussi une vie colorée.
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Petit aperçu sur la Fondation pour la photographie
En 2018, le photographe français et spécialiste de la photo de mode Daniel Aron a créé, avec son épouse Françoise, la Fondation pour la photographie de Tanger. Cet espace a pour mission de promouvoir la photographie à Tanger et au Maroc. «Les couleurs du temps : photographies colorisées 1860-2022» est la deuxième exposition organisée par la Fondation après celle de 2019 sur «Les nouvelles écritures». L'espace a dû interrompre ses activités à leurs débuts à cause de la pandémie du coronavirus.