Économie

Les cours de pétrole montent encore, une hausse en cascade des prix est à craindre au Maroc

Le prix du pétrole reste sur sa lancée, la reprise mondiale aidant. Il ne tarderait pas à atteindre les 100 dollars et risque de culminer à 150 dollars cette année, d’après des spécialistes. Autant dire que les répercussions sur le Maroc risquent de s’accentuer, selon Taib Aisse, expert financier et économiste, qui insiste sur la nécessité de travailler en profondeur pour réduire la dépendance du Maroc des énergies fossiles. Et ce en profitant notamment de cette flambée des cours du pétrole pour ouvrir et faciliter l’investissement dans les énergies renouvelables, y compris pour le simple citoyen.

09 Février 2022 À 17:31

Les prix du pétrole n’en finissent pas de grimper. Ils marquent, certes, une pause de temps à autre, comme lors de la journée du 8 février qui a connu un repli des cours de l’or noir avec le début d'apaisement dans le dossier ukrainien et l’optimisme mesuré sur le dossier iranien, de même qu'une révision à la hausse des estimations de production américaine. Toutefois, la tendance de fond reste à la hausse et les spécialistes s’attendent à ce que le cours du baril ne tarde pas à atteindre les 100 dollars, du fait du déséquilibre structurel du marché et de perturbations plus ponctuelles. Hier, le Brent évoluait au-dessus des 90 dollars. Autant dire que les répercussions sur le Maroc qui sont déjà là risquent de s’accentuer. «Ça ne fait que commencer», lance d’emblée Taib Aisse que nous avons interrogé à ce sujet. Cet expert financier et économiste fait écho des attentes selon lesquelles le prix du baril pourrait monter jusqu’à 150 dollars cette année.

Ce qui affectera significativement la facture énergétique du Royaume et son déficit commercial et induira une hausse en cascade des prix. Cela vaut pour le transport, les matières premières, les produits à la consommation, souligne-t-il, concluant que cette année sera «très difficile». À rappeler que la facture énergétique a augmenté de 51,6% en 2021 dépassant 75,63 milliards de DH, selon l’Office des changes. Cette évolution est due à la hausse des approvisionnements en gas-oils et fuel-oils, sous l’effet de l’accroissement des prix de 38,5%, conjugué à l’augmentation des quantités importées de 11,4%. Que faut-il donc faire pour y faire face ? Il faut travailler en profondeur en investissant davantage dans les différentes sources d’énergie, notamment les énergies renouvelables, indique Taib Aisse, appelant les pouvoirs publics à voir le bon côté des choses. Notre expert explique que la flambée des prix des énergies fossiles, notamment du pétrole, rend les énergies renouvelables plus rentables, ce qui encouragera l’investissement dans ces énergies. De ce fait, il appelle à ouvrir ce dernier et à le favoriser notamment par la facilitation des procédures aux investisseurs.

Cette ouverture peut même concerner les simples citoyens qui doivent avoir la possibilité de produire de l’énergie solaire ou éolienne pour leur propre consommation et de vendre l’excédent de production à l’ONEE. Et ce via leurs propres installations de production qu’ils peuvent avoir chez eux, détaille Taib Aisse. Pour ce faire, note-t-il, il suffit d'un simple changement dans la loi qui régit la production de l’énergie électrique, en y ajoutant une seule ligne ! Faudra-t-il aussi réduire les taxes qui sont appliquées par l’État aux produits pétroliers ou encore recourir au plafonnement des prix ou des marges des distributeurs de ces produits ? Notre interlocuteur considère que le niveau de taxation des produits pétroliers ne pose pas de problème et estime que le plafonnement est une piste à étudier.

Toutefois, insiste-t-il, cette étude doit être menée par une institution indépendante. En attendant, une psychose s'est déjà emparée de la ménagère marocaine. Celle-ci voit une hausse des prix à la consommation partout, alimentée par un discours ambiant, mêlant la dernière hausse des prix à la pompe (le gasoil à 11 DH !) et l'absence de pluie qui renchérit les produits agricoles et autres biens de consommation. Dans quelle proportion ? Difficile de répondre, l'indice des prix à la consommation pour le mois de janvier n'étant pas encore disponible. Pour rappel, en 2021, cet indice avait augmenté de 1,4% sur un an, faisant repartir l'inflation.r> 

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