05 Juillet 2022 À 17:48
Le Groupe africain des ministres des Finances et des gouverneurs des Banques centrales des États africains membres de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (Caucus africain) est en conclave à Marrakech les 5 et 6 juillet. «Vers une Afrique plus résiliente» est le thème général retenu pour cette année. Un thème qui tombe à point nommé, puisque les pays africains s'avèrent être les plus touchés par les perturbations sans précédent des chaînes d'approvisionnement et soumis à des pressions inflationnistes croissantes et à des niveaux record des prix de l'énergie, des denrées alimentaires et des produits de base, et ce alors que le monde peine toujours à se remettre des effets de la pandémie de Covid 19.
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«La pandémie de Covid-19 a sapé des décennies de progression en termes de développement sur notre continent, avec des indicateurs de pauvreté en hausse», a déclaré la ministre de l'Économie et des finances et présidente en exercice du Caucus africain en 2022, Nadia Fettah Alaoui, dans son allocution d’ouverture. «La pandémie, associée à la crise ukrainienne et aux impacts climatiques, a amplifié les défis de développement préexistants en Afrique, notamment le chômage des jeunes, la fracture numérique et l'insécurité énergétique et alimentaire», a fait savoir Mme Fettah Alaoui. La résolution de ces problèmes, a-t-elle poursuivi, est entravée par la vulnérabilité croissante de la dette, le coût élevé des emprunts et la faible mobilisation des ressources intérieures. «Dans le même temps, l'exposition du continent à des événements climatiques importants et fréquents fait peser des risques supplémentaires sur la production alimentaire et le développement des infrastructures et menace d'annuler les gains de développement durement acquis», a souligné la ministre.
Pour remédier à cette situation, il convient d'unir les forces et de mutualiser les ressources des pays africains, comme l'a suggéré le haut représentant de l’Union africaine pour le financement de l’Union et du Fonds pour la paix, Dr Donald Kaberuka, pour qui «les crises sont désormais la norme et il ne faut pas attendre qu'elles prennent fin pour entreprendre des actions de développement».r>Fin avril dernier, et à l'issue de la réunion du Groupe consultatif africain (GCA) qui s'est tenue à Washington dans le cadre des réunions de printemps 2022 du FMI et de la Banque mondiale, la ministre de l'Économie et des finances, en sa qualité de présidente du «Caucus africain», et la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, avaient souligné dans une déclaration que «les gouvernements de la région, la communauté internationale et le secteur privé devraient déployer des efforts concertés pour mobiliser des recettes et des financements supplémentaires afin de soutenir la reprise et de mettre en œuvre les réformes nécessaires pour promouvoir une croissance inclusive et durable, réaliser la diversification, s'attaquer à la crise climatique et assurer la transition vers une économie verte».
Dans leur déclaration, les deux parties avaient indiqué également que leurs discussions sur les défis et les perspectives de redressement de l'Afrique ont été très fructueuses, prévenant qu'aujourd'hui les signes de la reprise amorcée en 2021 se trouvent mis sous la menace de la guerre en Ukraine, au moment où la guerre contre la Covid-19 n'est toujours pas gagnée.r>«Plusieurs pays d'Afrique du Nord et du Sahel sont parmi les plus vulnérables au monde face aux flambées des prix ou aux pénuries de blé, car ils sont fortement dépendants des importations en provenance de Russie et d'Ukraine», lit-on dans la déclaration, tout en ajoutant que même si les exportateurs de carburants et de produits de base du continent vont réaliser un gain exceptionnel, l'impact budgétaire positif pourrait être largement contrebalancé par des subventions à l’énergie et aux aliments. «En revanche, les prix élevés des denrées alimentaires et de l'énergie pèsent sur les soldes extérieurs et budgétaires des importateurs de produits de base. Les flux de capitaux sont également susceptibles d'être perturbés».
Le FMI, d’après cette déclaration, a joué son rôle et a réformé sa boîte à outils de prêts concessionnels pour les pays à faible revenu afin d'offrir une plus grande flexibilité aux niveaux d'accès. Cette institution monétaire internationale a accordé un financement d'urgence aux pays ayant des besoins urgents en matière de balance des paiements, un allègement du service de la dette dans le cadre du Fonds fiduciaire d'assistance et de riposte aux catastrophes aux pays les plus vulnérables et a adopté une allocation historique de droits de tirage spéciaux (DTS).