21 Juillet 2022 À 16:58
Your browser doesn't support HTML5 audio
La vaccination anti-Covid-19 protège contre les formes graves et les décès. C’est en tout cas le message véhiculé par les autorités sanitaires depuis le démarrage de la campagne de vaccination pour encourager les citoyens à adhérer massivement à compléter leur schéma vaccinal. Mais est-ce toujours le cas ? Les experts contactés par «Le Matin» confirment l’efficacité des vaccins dans la protection contre les hospitalisations et les décès. Ils estiment, toutefois, que le risque zéro n’existe pas. «Les vaccins anti-Covid-19 protègent à plus de 80% contre les formes graves de la maladie», assure Dr Said Afif, membre du Comité scientifique et technique de la vaccination anti-Covid-19. Il n’exclut pas l’hypothèse que certaines personnes complètement vaccinées développent une forme grave de la maladie. «C’est très rare, mais ça peut arriver !», note-t-il.
Mais comment expliquer ce phénomène ? Loin d’être une question de malchance, le développement de formes graves de la maladie par les personnes complètement vaccinées s’explique bel et bien sur le plan scientifique. Selon Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, «ce sont les personnes très âgées et souffrant de plusieurs maladies chroniques qui pourraient vivre ce scénario, sachant que c’est vraiment rare que cela arrive», note-t-il. Pour justifier son constat, Dr Hamdi indique que lors de cette quatrième vague, 9 décès sur 10 avaient concerné des profils âgés de plus de 60 ans (68 en moyenne) et 19 décès sur 20 avaient au moins une maladie chronique.
La piste de l’auto-anticorps
Une étude internationale, publiée dans la revue «Science Immunology» en juin dernier, s’est intéressée à ce sujet. Pilotée par une équipe française de chercheurs, cette étude s'est intéressée à 48 cas de formes graves de la maladie chez des patients qui avaient complété leur schéma vaccinal. Pour comprendre ce phénomène, les chercheurs ont cherché à savoir si le vaccin avait permis à ces personnes de susciter une réaction immunitaire. Ils voulaient avant tout s'assurer que le vaccin avait correctement fonctionné chez elles. Résultat : six patients ont été écartés de cette étude, car la vaccination n'avait pas permis de leur procurer d'anticorps neutralisants. Pour les 42 patients restants, les chercheurs ont constaté l’existence d’un anticorps qui prend pour cible certaines molécules de notre système immunitaire. Ce sont ces anticorps chargés de lutter contre le virus et qui permettent d'enrayer sa réplication. Ces auto-anticorps étaient présents chez ces patients bien avant qu'ils ne soient infectés contre le virus.
Commentant cette étude, Dr Hamdi note que c’est à cause de ces auto-anticorps, ces patients ne peuvent opposer au Sars-CoV-2 une ligne de défense rapide via les interférons. Et d’ajouter que le pourcentage de personnes avec ces auto-anticorps augmente beaucoup avec l’âge. Il tient, toutefois, à préciser que le phénomène reste rare et que la vaccination est notre véritable arme face à la Covid-19, d'autant que des variants ne cessent d’apparaître dans le monde. La guerre n’est pas encore finie et vaut mieux se référer aux recommandations des autorités sanitaires que de chercher des prétextes pour échapper à la vaccination. La protection contre le virus est désormais une responsabilité individuelle.