18 Octobre 2022 À 16:05
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Alors que l’épidémie Covid-19 continue de reculer, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) exprime son inquiétude face à la multiplication des cas de Covid long et ses effets «dévastateurs». Cette maladie concerne aujourd’hui 10 à 30 % des patients ayant contracté la Covid-19. Ils présentent des symptômes qui persistent plusieurs semaines, voire plusieurs mois après l’infection. «La liste des symptômes liés au Covid long est très longue. Les plus fréquents sont la fatigue excessive, l’essoufflement, les maux de tête et des troubles cognitifs, plus ou moins graves. Certains patients souffrent aussi de problèmes respiratoires, de problèmes cardiaques, de perte du goût et de l’odorat, de problèmes d’audition, de troubles de sommeil, d’anxiété, de problèmes rénaux, de problèmes digestifs... Quand ces symptômes persistent au-delà de trois mois et qu’on s’assure grâce à des examens médicaux qu’ils n’ont pas de rapport avec d’autres maladies, on peut confirmer qu’il s’agit bien de Covid long», explique Dr Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé.
Contacté par nos soins, Dr Hamdi indique que cette maladie a fait son apparition quelques mois après le début de la pandémie, mais elle n’a pas été suffisamment prise au sérieux, face aux nombre importants des malades et cas graves qu’il fallait prendre en charge. «Depuis le début de la pandémie, un grand nombre de patients se plaignait de l’apparition de certains symptômes après leur infection à la Covid-19 et leur persistance. C’est ainsi qu’on a commencé à parler de Covid long, mais sans lui accorder une grande importance. Nous n’avons d’ailleurs toujours pas pu répondre à plusieurs questions à son sujet, notamment pourquoi ces symptômes persistent chez des patients et pas chez d’autres, jusqu’à quand cela va durer…» Pour l’OMS, il est grand temps d’agir et trouver les solutions pour lutter efficacement contre cette maladie qui touche de plus en plus de personnes. «La pandémie est devenue moins sévère, grâce à l’introduction de plusieurs mécanismes qui sauvent des vies, mais l’impact du Covid long dans tous les pays est aujourd’hui évident et nécessite des actions immédiates», a déclaré la semaine dernière le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Ce dernier assure que le Covid long constitue une crise très sérieuse pour la planète. Il a également appelé les gouvernements à investir dans leurs systèmes de santé pour y faire face. «Le Covid long va alourdir la charge qui pèse sur les personnels de santé et sur l’ensemble du système de santé. Et cela est encore plus compliqué dans un contexte où les sociétés mondiales ont déjà perdu un grand nombre de leurs actifs, malades, décédés, épuisés ou retraités prématurément pour cause d’invalidité de longue durée. Au-delà des conséquences sur les systèmes de santé, ceci représente un grave coup porté à l’ensemble de l’économie», a souligné le directeur de l’OMS. Et d’ajouter qu’«il faut mettre en place des plans qui passent par un accès immédiat aux antiviraux offert aux patients risquant de développer une forme grave de Covid-19. Sans oublier les investissements dans la recherche, et le partage sans délai des connaissances et des outils pour mieux prévenir, détecter et traiter la maladie. Il faut aussi prévoir l’accompagnement médical et psychologique des patients, et des aides financières en cas d’incapacité de travailler».
Et afin de lutter contre les effets du Covid long au niveau national, Dr Hamdi insiste sur l’importance de la sensibilisation de la population, mais aussi des professionnels de santé. «Le Covid long peut devenir un gros problème de santé publique s’il on n’agit pas. C’est une épidémie parallèle qu’il ne faut pas sous-estimer. Plusieurs patients souffrent en silence. Mais cela doit changer. Il faut sensibiliser les personnes pour qu'elles prennent conscience de cette maladie et consultent lorsqu’elles présentent des symptômes. Il faut aussi sensibiliser les professionnels de santé pour diagnostiquer le Covid long et mieux orienter les patients, même si jusqu’à présent, il n’y a pas de traitement particulier pour cette maladie», insiste Dr Hamdi.