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Nizar Baraka liste les principales causes du stress hydrique au Maroc

Le Maroc passe par l’une des pires sécheresses de ces trois dernières décennies. Une situation qui s’est rapidement répercutée sur l’approvisionnement en eau au niveau de plusieurs régions du Royaume. Tirant, à nouveau, la sonnette d’alarme, le ministre de l’Équipement et de l’eau, Nizar Barka, a passé en revue, mardi, les principales causes du stress hydrique auquel fait face le pays. Détournement des eaux, envasement des barrages, sécheresse et puits clandestins… les défis sont nombreux à relever, a affirmé le haut responsable qui intervenait lors de la séance des questions orales à la Chambre des conseillers.

13 Juillet 2022 À 15:06

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La pénurie d’eau au Maroc est bien réelle. Si elle ne se fait pas encore sentir dans les grandes villes, elle est concrète au niveau de plusieurs régions. Selon le ministre de l’Équipement et de l’eau, Nizar Baraka, la «crise hydrique» impacte déjà le quotidien de nombreux Marocains qui rencontrent des problèmes dans l’approvisionnement en eau potable. Intervenant, mardi, devant les membres de la Chambre des conseillers dans le cadre de la séance des questions orales, M. Baraka a affirmé que les défis à relever pour assurer l’approvisionnement en eau pour tous sont multiples. Révélant au grand jour la problématique du détournement des ressources hydriques, le responsable a fait savoir que quelque 300 millions de m³ des eaux du Oued Oum Errabia sont détournés chaque année, soit 1 million de m³ volé chaque jour, a-t-il relevé. S’ajoute à cela une perte colossale, qui peut atteindre les 40%, au niveau des canaux d’irrigation et d’eau potable. Et pour ne rien arranger à la situation actuelle, les chutes de neige ont enregistré une baisse considérable pendant l’année en cours.

Couvrant d’habitude quelque 45.000 km², la neige ne couvre cette année que 5.000 km², soit une baisse de plus de 89%, a assuré le ministre en soulignant qu’il s’agit là d’une perte majeure en termes de ressources. Au total, le Maroc n’a eu cette année qu’un apport de 1,38 milliard de m³ en eau, ce qui constitue une baisse de 85% de l’apport habituel, toujours selon les chiffres révélés par M. Baraka. L’envasement des barrages s’ajoute également aux facteurs aggravants de la situation actuelle, selon le haut responsable. Promettant de prendre les mesures nécessaires pour faire face à cette problématique, il a affirmé que le processus est déclenché afin de réduire le taux d’envasement de 20%. «Des efforts sont également fournis pour réduire les quantités d’eau déversées dans la mer chaque année», a précisé le ministre qui a mis en avant plusieurs pistes de solutions.

Sur cette liste, on retrouve notamment le dessalement des eaux de mer qui doit, selon M. Baraka, assurer 50% des 1,8 milliard de m³ destiné à l’utilisation domestique. On y retrouve également le traitement des eaux usées pour les utiliser dans l’irrigation des espaces verts ainsi que dans l’agriculture. Le ministre a également insisté sur l’importance d'économiser l’eau et d’éviter toutes les formes de gaspillage, notamment dans cette situation marquée par une forte sécheresse et une chaleur accentuant l’évaporation des ressources hydriques de surface. À rappeler que dans une intervention, la semaine dernière, devant la Commission des infrastructures, de l’énergie, des mines et de l’environnement à la Chambre des représentants, M. Baraka avait rappelé que le Maroc a connu l’une des pires sécheresses de son histoire entre 2018 et 2022. Tirant la sonnette d’alarme, le ministre avait rappelé que «des systèmes d'approvisionnement en eau pourront connaître à l’avenir des problèmes dans certaines villes, si des mesures urgentes ne sont pas prises».

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91% des puits échappent à la surveillance des autorités

Pour connaître la quantité d’eau utilisée en milieu rural, le ministère de l’Équipement et de l’eau a besoin d’identifier la consommation au niveau des puits exploités. Une tâche quasi impossible quand on sait que 91% des puits forés ne sont pas autorisés. Ce chiffre, annoncé par Nizar Baraka, en dit long sur les difficultés auxquelles fait face le secteur de l’eau au Maroc. Pour pallier ce problème, le ministre a indiqué qu’un guichet unique sera mis en place pour faciliter la procédure d’obtention de l’autorisation relative à l’utilisation des puits. À noter que lors de la séance des questions orales, le ministre a mis en exergue les mesures prises par son département pour sécuriser l'approvisionnement en eau. Il a souligné, en outre, qu’un comité de pilotage a été mis en place pour suivre le déploiement des programmes lancés. Ce comité, qui regroupe les secteurs concernés sous la tutelle du ministère de l'Équipement et de l'eau, suit de près la mise en œuvre des projets programmés et propose des solutions selon l’évolution de la situation hydrique.

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