14 Juillet 2022 À 09:15
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Le Maroc connaît durant la saison estivale, de mai à septembre, des remontées récurrentes de masses d’air sahariennes chaudes et sèches engendrant une augmentation marquée de la température. Après deux épisodes de chaleur en juin dernier, le Maroc enregistre d'importantes hausses de températures depuis quelques jours. Cette vague de chaleur intense qui touche différentes régions du Royaume devrait sévir encore pendant quelques jours avec des thermomètres qui affichent jusqu'à +48 °C dans certaines villes. Avec un impact certain sur les réserves d'eau dans les barrages déjà affectés par la sècheresse, cette vague de chaleur inquiète.
Ce n’est donc pas la première fois que le Maroc souffre de cette vague de chaleur, et ce ne sera pas la dernière. Au cours du mois de juillet 2021, le Maroc a enregistré des pic de températures frôlant 50°C dans certaines villes. Avec l’actuelle vague, l'on s’inquiètent de voir le scénario de 2021 se répéter avec la même intensité.
En effet, les changements climatiques se sont accélérés ces dernières années, impactant les « normales des températures ». Contacté par Le Matin, Mohamed Benabbou, climatologue et expert en développement durable a indiqué que « jusqu’à maintenant, la moyenne des températures a augmenté de +1,5°C par rapport à la normale ». Et cela ne va pas se terminer, selon le climatologue qui a signalé les dernières prévisions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), où les températures vont continuer à augmenter, à l’horizon de 2100. « Selon le dernier rapport du GIEC, on prévoit une augmentation de plus de 1°C, à l’horizon 2100, selon les régions par exemple dans les zones oasiennes, la hausse sera de l’ordre de 1 à 2,2°C, avec une augmentation du nombre de jours de vagues de chaleur estivales de 15 à 25 jours par an. » a-t-il expliqué. "Il est pratiquement certain que les vagues de chaleur et les canicules sont devenues plus fréquentes et plus intenses dans la plupart des régions terrestres depuis les années 1950. Les chaleurs extrêmes ont d’ailleurs vu leur fréquence doubler depuis les années 1980, tandis que les vagues de froid sont devenues moins fréquentes et moins sévères', explique pour sa part Lhoussaine Youabd, responsable de la communication à la Direction de la météorologie.
Un climat de plus en plus chaud
Selon les explications du climatologue, le record des températures affiché au mois de juillet 2021 est atteint par la vague actuelle : entre 45°C et 48°C. Mais, au-delà de ces périodes, la tendance est à la hausse. Dans les villes les plus touchées, les températures ont dépassé la moyenne mensuelle de 5 à 12 degrés. La direction de la météo a ainsi annoncé des pics de chaleur atteignant 45 °C à Sidi Slimane et Marrakech, le lundi 11/07/2022. Durant le week-end, les températures dépassaient même 48 °C à Taroudant et Es-Smara.
Pour comprendre les raisons derrière cette situation, M. Youabd a expliqué que cette vague de chaleur est due à une remontée d’air sec et chaud depuis le Sud vers le Nord Royaume. Ce phénomène est connu sous le nom de « Chergui ». « C’est le résultat de l'activité de la « dépression Saharienne » qui dirige les vents du sud-est et du sud vers le nord et qui font remonter des masses d'air chaud faisant ainsi augmenter les températures de 5 à 12 degrés », a-t-il précisé. « La vague de chaleur au Maroc devrait se poursuivre cette semaine jusqu'à jeudi », a affirmé Youabd, notant qu’elle va toucher la plupart des régions du pays notamment les provinces du Sud, le Souss, les plaines de Tadla, Al-haouz, Rhamna, Chiadma, Tensift, les plateaux de phosphate-Oulmess, le Saiss, le Gharb, le Loukkous, Chaouia et le Sud-est du pays. « Les températures vont augmenter davantage dans certaines régions et osciller entre 46 et 48 °C dans les provinces de Sidi Slimane, Sidi Kacem, Tata, Taroudant, Assa-Zag et Es-Semara du mardi au jeudi », a-t-il révélé.
Et d'ajouter qu'une légère baisse à l’ouest du pays est prévue à partir du vendredi. Toutefois, un temps relativement chaud persistera sur le Souss et le Sud-est du pays le weekend.
Le risque de tarissement des réserves en eau augmente
Conséquence des hausses des températures, la demande en eau augmente et les inquiétudes sur l’approvisionnement national en eau deviennent plus présentes. D'autant plus que cette année, la vague de chaleur coïncide avec le problème de la pénurie d’eau qui s'intensifie depuis quelques années à cause de la sécheresse et des changements climatiques. A cet égard, M. Benabbou alerte sur la situation alarmante des barrages dont le taux de remplissage ne dépasse pas le seuil de 30%, ainsi que celle des nappes phréatiques qui souffrent de la surexploitation. Le Climatologue indique que les changements climatiques, notamment la sécheresse et les vagues de chaleur impactent fortement les barrages et les bassins hydrauliques nationaux. « Malheureusement, les bassins hydrauliques de Moulouya et celui d’Oum Rabia seront touchés directement et l'on constate que leur taux de remplissage ne dépassent pas 9%.
Le Maroc n'est pas le seul pays concerné par ces vagues de chaleur et par la rareté des ressources hydriques. L'Europe enregistre également des records de températures notamment en France et en Espagne.