27 Juillet 2022 À 15:49
Your browser doesn't support HTML5 audio
Bien qu’elle soit curable, l’hépatite virale C (HVC) tue encore plus de 5.000 personnes chaque année au Maroc, soit 13 par jour. Selon les données de l’Enquête nationale de séroprévalence des hépatites virales au Maroc, la prévalence de l’HVC est de 0,5% dans la population générale et 125.000 personnes sont atteintes de sa forme chronique. Cette prévalence est plus élevée chez les groupes à haut risque notamment les populations clés et les hémodialysés, sachant que plusieurs personnes contaminées ignorent leur infection.r>Afin de réduire les nouvelles infections et la mortalité liées à cette maladie, le ministère de la Santé et de la protection sociale lance, ce jeudi, un plan stratégique national de lutte contre les hépatites virales 2022-2026 à l’occasion de la Journée mondiale contre l’hépatite virale, célébrée le 28 juillet de chaque année. «Ce plan, dont la mise en œuvre est attendue depuis plusieurs années, va enfin permettre aux nombreux Marocains vivant avec des hépatites virales de se faire soigner gratuitement dans les centres de prise en charge», assure Naoual Laaziz, directrice générale de l’Association de lutte contre le sida (ALCS).
D’après le ministère de la Santé, ce plan stratégique a pour objectif de réduire de 50% les nouvelles infections et la mortalité liée à l’HVC d’ici 2026 et d'atteindre par la suite les objectifs d’élimination définitive de l’HVC dans la perspective d’un Maroc sans hépatite C d’ici 2030, ce qui permettra de sauver plus de 4.000 vies humaines et d’éviter 2.300 cancers liés à cette pathologie. «Au démarrage, ce plan accorde la priorité à l’élimination de l’HVC en raison de la disponibilité d’outils fiables de dépistage et de confirmation, mais également de traitements antiviraux à action directe, sécuritaires et efficaces, qui guérissent l’infection en quelques mois seulement. La mise en place de ce plan ouvrira aussi la voie pour l’élimination de l’HVB à l’horizon 2030», indique le ministère de la Santé dans une circulaire publiée lundi dernier.
«Dans le cadre de ce plan national, le dépistage volontaire des HVC sera indiqué chez les groupes à haut risque ainsi que chez les personnes âgées de plus de 40 ans ou ayant une notion d’exposition au risque de la maladie. Les patients atteints d’HVC chronique bénéficieront d’un traitement à base d’antiviraux à action directe (AAD), assuré par le plan, selon un protocole thérapeutique approuvé par le comité national technique de lutte contre les hépatites virales», détaille la même source.
Le ministère précise, par ailleurs, que plus de 83 centres référents hospitaliers assureront la prise en charge et le suivi de l’HVC. Et afin de faciliter l’observance thérapeutique et minimiser les risques de perdus de vue ou de résistance aux AAD, la dotation nécessaire sera dispensée en totalité (3 mois) aux patients sur la base d’une ordonnance cachetée par le médecin spécialiste traitant, renouvelée si besoin pour 3 mois supplémentaires selon l’indication.
Il est à noter que la célébration de la Journée mondiale contre l’hépatite virale s’accompagnera du lancement de la première Campagne nationale de dépistage de l’hépatite virale C. Cette campagne, tenue sur le thème «Pour un Maroc sans hépatite C», s’étalera du 28 juillet au 28 décembre 2022. L'objectif est de réaliser 150.000 tests de dépistage rapide au niveau des centres de santé et d'assurer la prise en charge médicale des cas diagnostiqués au niveau des centres hospitaliers régionaux et provinciaux.
******************************************
Plan national contre les HV : Les revendications de l’ALCS
Si l’Association de lutte contre le sida (ALCS) se félicite du lancement du Plan stratégique national contre les hépatites virales 2022-2026, elle regrette que la société civile n’ait été impliquée qu’à la fin du processus d’élaboration de cette feuille de route. «En matière de lutte contre les maladies notamment, l’expertise de la société civile n'est plus à démontrer. Ainsi, grâce à l’approche communautaire qui guide ses actions, l’ALCS contribue grandement à l’atteinte des objectifs nationaux en termes de prévention combinée de l’infection à VIH. Cette contribution est reconnue par les autorités sanitaires. Une épidémie concentrée qui appelle une riposte adaptée à l’instar de l’épidémie du VIH, celle des hépatites virales est concentrée chez certaines communautés vulnérables», souligne l’association dans un communiqué.
Et d’ajouter que «l’ALCS est convaincue que l’expertise des personnes infectées, affectées ou particulièrement vulnérables aux hépatites doit être reconnue à sa juste valeur. Par conséquent, l’Association recommande que ces personnes ainsi que les organisations de la société civile qui travaillent à leurs côtés soient systématiquement associées à la prise de décision, à l’élaboration, à la mise en œuvre, au suivi et à l’évaluation des programmes de santé qui les concernent». L’ALCS recommande, en outre, de décentraliser la prise en charge de l’hépatite virale C en impliquant les médecins généralistes dans la prescription des antiviraux à action directe (AAD) pour les formes non compliquées. L’Association préconise également d’alléger les protocoles de confirmation de l’infection et de suivi des personnes vivant avec les hépatites et appelle à réduire les coûts, relativement élevés, de ces traitements produits localement.r>