06 Décembre 2022 À 21:29
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L’Université entrepreneuriale est génératrice d’un capital humain entrepreneur et compétitif. Pour ce faire, l’université mise sur la révision de ses structures et fonctions académiques pour aligner ses missions de recherche et d’enseignement avec celle du développement économique. La mission traditionnelle de l’université, à savoir l’enseignement et la recherche, est remise en question en faveur d’une nouvelle orientation dite entrepreneuriale. Ce terme a été adopté par des universitaires et des décideurs politiques pour décrire les universités qui remplissent efficacement cette «troisième mission». L’Université entrepreneuriale est ainsi l’une des voies par lesquelles l’université pourra relever les défis de l’employabilité de ses jeunes diplômés. Cette démarche implique la mise en place d’un ensemble de mesures susceptibles de faciliter la diffusion de la culture entrepreneuriale et la réussite les projets entrepreneuriaux des étudiants et des jeunes diplômés.
Au Maroc, la relation entre «université» et «entrepreneuriat» était quasi absente jusqu’au début des années 2000 avec la création du Réseau Maroc Incubation et Essaimage, mis en place par les pouvoirs publics en partenariat avec des acteurs socio-économiques. Son objectif : contribuer au rapprochement entre l’université et le monde des entreprises et favoriser l’innovation et la création d’entreprises innovantes. Depuis, et parallèlement à la dynamique entrepreneuriale créée depuis des années, plusieurs initiatives ont été lancées par les universités pour promouvoir la culture entrepreneuriale chez les étudiants. Il s’agit, par exemple, de l’introduction d’un module obligatoire de l’entrepreneuriat dans le cursus de la Licence et la création des cités de l’innovation pour accompagner la création d’entreprises innovantes. Certaines universités disposent des incubateurs pour héberger et suivre les porteurs de projets de création d’entreprises. Toutes ces mesures ont certainement un rôle important à jouer dans la diffusion de l’entrepreneuriat dans les universités et les grandes écoles au Maroc. Cependant, leur impact reste encore très limité au regard du nombre faible des étudiants et des jeunes diplômés qui créent leurs propres entreprises.
Promouvoir l’entrepreneuriat estudiantin, telle est la vocation du projet Structuration et accompagnement de l’entrepreneuriat étudiant au Maghreb («Saleem»). Cette initiative vise la mise en place d’un Statut national d’étudiant-entrepreneur (SNEE) durable. Un statut qui a vu le jour en 2019 au Maroc en accueillant les premiers étudiants bénéficiaires. Basé sur le modèle du projet Pôle étudiant pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat («PEPITE») déployé en France, «Saleem» permet d’intégrer un projet de création d’entreprises au parcours universitaire, accompagné de la mise en place de pôles d’accompagnement à l’entrepreneuriat étudiant durant son parcours universitaire. Ce programme, qui a pris fin en décembre 2021, a permis la création d’un dispositif national d’étudiants-entrepreneurs au sein des systèmes d’enseignement supérieur permettant d’intégrer un projet de création d’entreprises au parcours universitaire. Il a également porté sur la création de pôles d’accompagnement au sein d’établissements de l’enseignement supérieur.
Le SNEE avait fait bénéficier les étudiants d’une formation en entrepreneuriat et en management, donnant accès à un programme orienté vers la construction d’un projet entrepreneurial sous forme d’ateliers, de séminaires, mentorat, etc. Cette formation est organisée sous forme d’un diplôme universitaire pour l’étudiant-entrepreneur. Le programme donne également accès à un accompagnement par un enseignant, l’accès à des partenaires pour favoriser la communication entre étudiants entrepreneurs dans leur diversité, l’accès à des services experts, la comptabilisation du projet entrepreneurial dans les crédits de la formation initiale, pouvant remplacer le stage, le projet de fin d’études et certains modules.
Catalyseur d’entrepreneuriat et d’innovation axé sur la recherche appliquée made in Morocco, l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) à Benguérir est investie d’une responsabilité, celle de soutenir les porteurs d’idées pour relever les défis de créations et développement de startups innovantes. «D’une innovation ou d’une idée créative de service peuvent naître un entrepreneur et son entreprise, mais l’UM6P entend guider, soutenir et fiabiliser cette initiative afin qu’elle se transforme, se développe et se pérennise au profit du plus grand nombre et plus particulièrement au profit de son créateur», note l’entreprise.r>En mars 2020, l’université avait donné naissance à l’innovation hub, un carrefour de l’innovation et de l’entrepreneuriat au Maroc et en Afrique au service des startups et des acteurs de l’écosystème entrepreneurial. Il s’agit d’un OneStopShop pour les jeunes porteurs de projets et d’idées créatives qui se veut un tremplin pour le développement des écosystèmes d’entrepreneuriat et d’innovation sur le continent.
«Cet espace a pour mission de renforcer et accompagner les capacités des entrepreneurs marocains et africains afin d’explorer les principaux défis et opportunités de l’Afrique, à travers les différents programmes et services qui y sont déployés avec des acteurs nationaux et internationaux. Il s’inscrit dans la continuité des efforts déjà engagés par le Groupe OCP pour favoriser l’émergence d’un hub d’innovation, de savoir et de recherche au sein de la ville verte de Benguérir, à travers toutes les infrastructures déjà installées ou initiées», note l’université.r>Les plateformes d’expérimentations à taille réelles, les Living Lab, comme la ferme expérimentale, les mines expérimentales, le Green Energy Park et le Smart Building Park, le Fab Lab ou encore les programmes d’incubation et d’accélération des startups sont autant d’ingrédients pour favoriser l’innovation et l’entrepreneuriat. Ces infrastructures et services sont mis à disposition des startups et des porteurs de projet afin de leur permettre l’accès à des compétences et à des technologies avancées. L’innovation Hub ambitionne également de fédérer et de s’appuyer sur l’apport des différents acteurs de l’écosystème entrepreneurial innovant : les entreprises qui apporteront leur savoir-faire métier et l’accompagnement nécessaire. Les investisseurs qui permettront l’accès à des fonds d’investissement et partageront leur expertise dans le domaine. Et, enfin, les entrepreneurs expérimentés qui grâce à leurs idées nouvelles, talents, motivation, expertise permettront d’accompagner ceux qui entreprennent et qui innovent afin de favoriser leur créativité et leur déploiement.
Quelle que soit l’efficacité des initiatives entreprises au niveau des universités, l’aboutissement ne peut être efficace que si ces dernières intègrent l’écosystème entrepreneurial national et travaillent en synergies avec toutes les parties concernées. L’université craint souvent le changement, en particulier des innovations dans des normes académiques, mais l’avenir de l’entrepreneuriat passe inévitablement par les mutations profondes de ces dernières. Il est donc temps pour l’université de s’imposer dans l’écosystème entrepreneurial et de jouer un rôle d’intermédiaire entre les étudiants et les acteurs socio-économiques qui vont prendre le relais après pour accompagner les porteurs de projets à concrétiser leurs idées. «Les efforts consentis par les acteurs, qu’ils soient publics, privés, incubateurs, financeurs, universités, société civile ou médias, ont réellement permis de contribuer à l’amélioration de la dynamique entrepreneuriale.
Il y a eu, de surcroît, une prise de conscience générale de l’importance de la TPME et de la startup en tant que levier économique et qu’il faut faire de leur accompagnement une priorité», indique Rania Alaoui, professionnelle de la communication, engagée dans l’innovation, l’entrepreneuriat et les nouvelles technologies. Elle estime également que la dynamique de l’entrepreneuriat, à travers notamment le programme Intelaka, a permis de libérer les énergies et de mobiliser les différents acteurs de l’écosystème pour accompagner les entrepreneurs et porteurs de projets. «Il y a une effervescence entrepreneuriale qui s’est créée au cours de ces deux dernières années. Maintenant, il faut attendre pour voir ce qui va se concrétiser en matière de soutien à l’entrepreneuriat», a-t-elle souligné.
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Au Maroc plusieurs mesures ont été mises en place afin de favoriser la création des incubateurs universitaires, à savoir :
• L’article 7 de la loi 01-00 encourage la création des incubateurs universitaires : «Dans le cadre des missions qui leurs sont dévolues par la présente loi, les universités peuvent assurer par voie de convention, des prestations des services à titre onéreux, créer des incubateurs d’entreprises innovantes, exploiter des brevets et licences et commercialiser les produits de leurs activités.»r>• L’augmentation du budget de la Recherche et Développement. Le Maroc consacre environ 0,8% de son PIB à la Recherche et Développement.r>• La création du Réseau Maroc Incubation et Essaimage (RMIE) à partir de 2012. Depuis sa création, le réseau a contribué au démarrage de plusieurs incubateurs universitaires répartis sur l’ensemble de territoire du Maroc. Il s’agit notamment du :r>* Centre d’innovation technologique (CIT) de l’École Mohammadia des ingénieurs (EMI).r>* Centre d’incubation et d’accueil des entreprises innovantes (CIAEI) de l’École nationale de l’industrie minérale (ENIM).r>* Incubateur Resincréé en partenariat par l’Institut national des postes et télécommunications (INPT) et l’École nationale supérieure d’information et d’analyse des systèmes (ESIAS).r>* Incubateur universitaire de Marrakech (INMA).r>* Centre universitaire Doukkala Incubation (CUDI) de la Faculté des sciences d’El Jadida.r>* Incubateur régional interuniversitaire du Sud de l’Université Ibn Zohr.r>* Incubateur Dynamique Est de la FSJES d’Oujda.r>* Incubateur du groupe ISIAM d’Agadir.r>* Incubateur de la FST de Béni Mellal.
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Avis de l’expert
L’université est par essence un espace de créativité où il est possible d’expérimenter de nouvelles idées et de nouveaux processus, ce qui aide à faire émerger l’esprit entrepreneurial chez les étudiants. Tout en créant son propre écosystème entrepreneurial, l’université se doit de travailler en synergie avec les autres acteurs nationaux et même internationaux. Zoom sur le modèle de l’Université Hassan II de Casablanca (UH2C) à travers son pôle Insertion et Entrepreneuriat. Entretien avec Pr Anass Kettani, vice-président de cet organisme.
L’invitée de «L’Info en Face», Fatima Zahra Alami, a indiqué que la mise en place du dispositif d’entrepreneuriat dans le monde de l’enseignement universitaire au Maroc a démarré depuis la réforme du système LMD (Licence-Master-Doctorat) en 2003 et ça a été accentué avec un plan d’urgence en 2009. Depuis ce temps, l’université marocaine dispose de plusieurs programmes entrepreneuriaux en cycles de Licence et de Master.r>Aujourd’hui, l’université marocaine ne développe pas que des programmes de formation, mais aussi des programmes de développement des compétences entrepreneuriales des étudiants ainsi que des structures d’accompagnement et d’incubation à la création d’entreprises. Interrogée sur la disponibilité des incubateurs à l’entrepreneuriat dans les universités marocaines, la professeure universitaire a souligné que des structures d’incubation au sein des universités ont été créées. r>Ces structures s’occupent de l’accompagnement des étudiants en termes de développement d’esprit entrepreneurial et d’accompagnement de l’idée de projet jusqu’à sa concrétisation. «Les compétences créées à ce niveau sont amenées à aider les étudiants à libérer leur énergie et penser à être autonomes et responsables et ne peut être juste un stéréotype d’un étudiant qui sort de l’université et cherche juste le salariat», a-t-elle noté. Et d’ajouter que l’entrepreneuriat est un mode très prometteur en termes d’accomplissement qui permet de pallier une problématique d’emploi. En ce qui concerne les programmes, Alami a indiqué que l’université propose des licences spécialisées en création des entreprises et en entrepreneuriat social. Il y a également des masters spécialisés dans tout ce qui est accompagnement entrepreneurial, création d’entreprises… Les étudiants sont de plus en plus conscients de l’importance de cette discipline et participent activement à ce genre de programme et de formation, a-t-elle précisé.
Une pédagogie entrepreneuriale en cours d’installationr>Mme Alami a fait savoir que l’université marocaine est, aujourd’hui, sur la même ligne du ministère de l’Enseignement supérieur, qui mise, d’une part, sur l’installation d’une pédagogie entrepreneuriale au lieu de se contenter sur quelques modules et, d’autre part, sur le développement de la recherche et l’innovation au sein de l’université.r>«L’Université est un acteur clé pour le développement de la création des startups. En effet, il faut changer de Mindset pour créer une entreprise. Cela ne peut pas se faire si ça n’a pas été fait au niveau de l’université», a-t-elle ajouté.
Des programmes de langues et de Digital Skillsr>La professeure a indiqué qu’il y a des plateformes internationales sur lesquelles l’université s’appuie, permettant aux étudiants d’avoir des certifications internationales de langues. Des programmes Digital Skills sont également mis en place avec des entreprises et des partenaires qui donnent, à leur tour, des certifications, comme Microsoft, IBM…