06 Octobre 2022 À 14:18
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Le Matin : Étiez-vous prédestiné à faire de la musique ?r>Amine K : Absolument pas ! Dans les années 1990, j’écoutais de la musique comme tout le monde grâce aux chaînes en vogue à l’époque, à l’instar de MTV. Je branchais le lecteur cassette pour enregistrer mes sons préférés, c’est comme ça que j’ai fait mes premières mixtapes. A la base, je ne pensais pas en faire un métier. Après avoir obtenu mon master en Finance du Marché, j’ai fait le choix de me consacrer entièrement à la musique. J’ai entamé cette aventure de manière autodidacte et ça va de pair avec mon côté curieux. J’aimais comprendre le mode de fonctionnement de chaque chose, avoir ma propre interprétation.
Le concept festif Moroko Loko, dont vous êtes l’initiateur, a permis de démocratiser la musique électro au Maroc. Quelle est l’histoire de ce format événementiel à succès ?r>Après mes études et quelques expériences professionnelles à l’étranger, j’ai décidé de rentrer au Maroc. Par nature, je suis quelqu’un qui aime faire la fête. Néanmoins, à mon retour, l’ambiance proposée dans une grande partie des clubs ne me convenait pas et la musique commerciale était prédominante partout. Sortir pour moi, c’est rencontrer de nouvelles personnes, sans préjugés et sans chichis. De ce constat est né le concept Moroko Loko en 2009. L’idée était de créer une soirée à taille humaine avec une musique underground et avec comme dress code «tenue incorrecte exigée, déguisement fortement recommandé». Au départ, on me disait que ça n’allait pas marcher, mais ces personnes ont omis le fait que les Marocains avaient besoin de liberté et de se détacher des jugements constants. Quand tu enlèves le poids social, la tenue chic et la musique commerciale, les gens arrivent à se lâcher, à être eux-mêmes sans chercher à rentrer dans un moule.
La musique électronique fait l’objet d’un engouement au Maroc depuis quelques années. Est-ce qu’on assiste à une vraie démocratisation du genre musical ?r>La musique électronique était, autrefois, réputée de niche. Aujourd’hui, le genre s’est bel et bien démocratisé et il n’y en a pas pour tous les goûts dans les clubs qui passent désormais de la minimal et bien d’autres styles. Chaque mois, Marrakech pullule de festivals et d'événements dédiés à la musique électronique et les autres grandes villes du Maroc ne sont pas en reste.
Vous êtes surnommé l’ambassadeur de la musique électronique au Maroc. Est-ce que cette étiquette vous correspond ?r>J’ai initié quelque chose de différent dans mon pays, j’ai tenu à le faire de manière professionnelle et rigoureuse pour honorer les miens. C’est un honneur pour moi de porter le drapeau marocain partout où je vais, tandis que d’autres DJ, malheureusement, omettent de préciser qu’ils sont Marocains quand ils jouent ailleurs. J’ai toujours mis le Maroc en avant, je crie haut et fort que je suis Marocain et je suis fière de l’être. Mon attachement s’exprime également à travers ma musique en intégrant la culture et les sonorités marocaines dans mes morceaux.
Quels sont les artistes que l’on peut retrouver sur la playlist d’Amine K ?r>J’écoute vraiment de tout. Je peux écouter du Bob Marley, du Danny Tenaglia, ou encore du Sade. Je suis réceptif à tous les genres, du moment que c'est une bonne musique avec une âme.
Quelle est la collaboration dont vous avez toujours rêvé ?r>Mon plus grand rêve était de jouer avec Danny Tenaglia et je l’ai fait. Actuellement, je suis impressionné par l’énergie des jeunes Marocains qui me donnent envie de collaborer avec eux pour les encourager et je me rends compte, à chaque fois, du grand potentiel dont ils disposent. J’ai une ribambelle de projets en ce moment, de grandes choses arrivent, mais je ne peux pas en parler pour l’instant. Tout ce que je peux annoncer pour le moment, c'est qu'une collaboration avec le rappeur El Grande Toto va voir le jour, incessamment sous peu. J’aime me diversifier et essayer de nouvelles choses, c’est comme ça que je nourris ma musique.