01 Juin 2022 À 15:09
Le paiement des frais de scolarité du mois de juillet continue de susciter la polémique. La relation entre les parents et les écoles privées est plus tendue que jamais à cause de ce sujet. Si certains établissements ont décidé de renoncer à ces frais, la majorité des écoles y tient toujours. Chose que les parents ont du mal à accepter.
«Le ministère de l’Éducation a publié les dates des examens nationaux qui auront lieu entre fin juin et début juillet. Le programme scolaire est pratiquement terminé pour tous les niveaux alors que le mois de juin commence à peine. Les écoles n’ont aucune raison valable d’exiger des parents de payer la mensualité de juillet. On ne peut pas nous demander le paiement d’un service qui ne sera pas rendu», s’énerve Mohamed, père de deux enfants. «J’ai vraiment du mal à accepter l’idée. Pour mes deux garçons, dont un est au CP et l’autre à la petite section, je suis obligé de payer 5.000 DH pour rien. C’est aussi aberrant que révoltant !», ajoute-t-il.
Sur les réseaux sociaux, nombreux sont les parents qui partagent l’avis de ce père. Certains accusent les écoles de pratiques «malhonnêtes» pour justifier le paiement des frais de scolarité de juillet. «L’école de mes enfants nous a annoncé que l’année scolaire ne prendra pas fin avant le 20 juillet. Ils ont décidé de repousser les évaluations du deuxième semestre à fin juin.
Et comme si cela n’était pas suffisant, on nous dit que les enfants auront un autre examen le 18 juillet après Aïd Al-Adha. C’est une situation inadmissible», déplore Houria, mère de famille. «Non seulement on nous oblige à payer le mois de juillet et les frais d’inscription de l’année prochaine, mais en plus ils vont continuer à fatiguer nos enfants et à les stresser jusqu’au bout. Avec quelle énergie vont-ils pouvoir passer des examens et des évaluations en plein juillet ? Sachant qu’ils n’ont pas eu de vacances depuis le début du mois d’avril. Ils sont déjà fatigués actuellement. Comment peut-on être aussi matérialiste ? Les parents sont très déçus», se lamente la maman.
«Nous avons constaté à l’école de mes enfants que le programme scolaire est presque fini. Les enfants font plus d'activités ludiques que de cours ces derniers jours. Nous en avons discuté, entre parents sur les réseaux sociaux, et nous nous sommes mis d’accord pour ne pas payer le mois de juillet puisque ça ne sert à rien. Mais lorsque la direction l’a su, on nous a vite fait comprendre que nous n’avons pas le choix. Que l’on souhaite continuer avec eux ou changer d’école, nous devons payer ce mois. C’est pratiquement du chantage», regrette un autre parent.
De son côté, la Fédération nationale des parents d'élèves au Maroc (FNAPEM) a appelé à maintes reprises le ministère de l’Éducation nationale à intervenir auprès des établissements scolaires pour trouver une solution qui arrange tout le monde. «Les cours se termineront fin juin et ce n'est pas donc pas nécessaire de prolonger l’année scolaire rien que pour percevoir les frais du mois de juillet. Nous aurions souhaité que toutes les écoles suivent l’exemple de celles qui ont dispensé les parents de cette charge. Les familles marocaines sont touchées de plein fouet par la hausse des prix depuis plusieurs mois. Il n’y a pas de mal à les soulager un peu. Les familles des enfants scolarisés dans le privé ne vivent pas toutes dans le confort, contrairement à ce que l’on peut croire. Plusieurs parents sont obligés de s’endetter pour assurer à leurs enfants un enseignement “de qualité”», déclare au «Matin» Ali Fannach, vice-président de la FNAPEM. Et d’ajouter que «Le gouvernement travaille à améliorer les conditions sociales des citoyens. Nous espérons, dans ce sens, que le ministère de tutelle interviendra pour régler ce problème.
Dispenser les parents du paiement des frais du mois de juillet ne doit même pas être considéré comme une faveur, mais plutôt un droit, puisqu’on leur demande de payer pour un service qui ne sera pas rendu». Malgré les multiples appels et réclamations des parents, il semblerait que le ministère de tutelle préfère ne pas intervenir à ce sujet. En revanche, le département de Chakib Benmoussa a tenu plusieurs réunions, au cours du mois de mai, avec les associations des parents d’élèves ainsi que les représentants des écoles privées afin d’élaborer un système contractuel, dans lequel les engagements des établissements d'enseignement et des familles des apprenants seront bien définis.
Dans ce sens, Mustapha Baitas, porte-parole du gouvernement, a déclaré, la semaine dernière, que le ministère de l’Éducation nationale travaille actuellement sur l’encadrement et l’organisation de l’enseignement scolaire privé. Il a également affirmé que le ministère travaille aussi sur la révision de la loi organique relative à l’enseignement privé pour que la tutelle puisse avoir une marge de manœuvre pour régler les problèmes et troubles qui peuvent marquer la relation entre les parents et les écoles.