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Le gouvernement propose une baisse de l’IR et refuse une hausse des salaires, les syndicats haussent le ton

La bonne ambiance accompagnant le lancement du deuxième round du dialogue social semble se dissiper. Après une première réunion, tenue jeudi dernier, avec le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaâ, plusieurs sources syndicales ont affirmé que le gouvernement n’est pas sur la même longueur d’ondes que les partenaires sociaux, notamment sur la question de la hausse des salaires. Cette mesure n’est pas programmée dans l’offre gouvernementale, assure une source syndicale. La possibilité d’une baisse au niveau de l’IR a été discutée, mais reste en dessous des attentes des centrales syndicales, affirme la même source.

25 Septembre 2022 À 17:01

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Les prochaines réunions prévues dans le cadre du dialogue social risquent d’être tendues. En effet, après une réunion de lancement pleine d’espoir de part et d’autre, tenue à l’initiative du Chef du gouvernement, l’ambiance est vite retombée. La rencontre des représentants syndicaux avec le ministre délégué chargé du budget, Fouzi Lekjaâ, jeudi dernier, a été jugé décevante par plusieurs sources syndicales. Axée sur les dispositions prévues dans le cadre du projet de loi de Finances 2023, la rencontre n’a abouti à aucun accord.

Contacté par «Le Matin», le représentant de la Confédération démocratique du travail (CDT) lors de cette réunion, Khalihina El Garch, a été catégorique. Les héritiers de Noubir Al Amaoui n’accepteront aucun accord social n’incluant pas une hausse généralisée des salaires. «Nous avons été conviés à une réunion pour discuter de l’amélioration des revenus. Mais nous avons été surpris par l’attitude de M. Lakjaâ qui n’a voulu discuter qu’un seul point, celui de la baisse de l’IR», a affirmé le syndicaliste.

Pour la CDT, la hausse des salaires et la baisse de l’IR sont deux sujets à ne pas dissocier et doivent être discutés dans un seul point, qui est celui de l’amélioration des revenus et du renforcement du pouvoir d’achat. C’est ainsi que la centrale syndicale de gauche exige, en plus d’une baisse importante de l’IR, une hausse de 1.000 dirhams pour les salaires. «Le gouvernement a aujourd’hui les moyens d’assurer une hausse des salaires, notamment avec la relance économique actuelle», a souligné M. El Garch en citant les chiffres de l’Exécutif qui font état d’une hausse des recettes.

Revenant sur les détails de l’offre gouvernementale en ce qui concerne la baisse de l’IR, le syndicaliste a qualifié cette offre de «trop maigre». L’impact de la baisse sur les salaires sera d’une moyenne de 25 dirhams, a affirmé M. El Garch. S’agissant de la question de l’impôt sur les pensions de retraite, le syndicaliste a affirmé que le gouvernement exclut cette mesure en prétendant que 83% des pensions ne sont pas imposables. Un argument que refuse la CDT qui affirme que ces pensions doivent être revues à la hausse par l’Exécutif.r>Appelant à une réforme de l’IR, le syndicaliste a affirmé qu’il n’était pas normal aujourd’hui que 73% du Budget de l’État provienne de l’Impôt sur le revenu. Le temps est venu pour une réforme globale pour que la contribution des secteurs productifs au Budget de l’État soit plus importante, a affirmé le représentant de la CDT qui a tenu à souligné l’importance de cette nouvelle méthodologie du dialogue social.

À rappeler que le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baïtas, avait confirmé, lors du point de presse organisé à l’issue de la dernière réunion du Conseil de gouvernement, qu’une réforme de l’IR était à l’ordre du jour de l’Exécutif. La réforme de cet impôt doit permettre de renforcer le pouvoir d’achat des travailleurs dans les secteurs public et privé, qui s’en acquittent régulièrement puisque qu’il est prélevé à la source, avait précisé le ministre. Il confirmait les déclarations faites le 29 juillet dernier par la ministre de l’Économie et des finances dans sa réponse à une question écrite du groupe parlementaire du Mouvement populaire. Nadia Fettah avait ainsi annoncé que le gouvernement s’était engagé sur la réforme de l’IR et que celle-ci serait programmée dans la loi de Finances 2023. 

 

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