Société

Grippe et Covid-19 : attention à la surconsommation des vitamines !

La surconsommation des vitamines est nuisible pour la santé. Le trio composé de zinc et des vitamines D et C est important pour renforcer son immunité et se prémunir des virus, certes, mais un surdosage peut être nuisible à la santé. Jaâfa Heikel, Pr en médecine préventive et spécialiste des maladies infectieuses et en épidémiologie, vous en dit plus.

14 Novembre 2022 À 15:53

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En cette période de changement saisonnier et le retour de la grippe, les citoyens recourent très souvent à la consommation de vitamines, particulièrement le trio-choc : Zinc et vitamines D et C. Un trio qui a été largement consommé durant les deux dernières années pour faire face à la Covid-19. Les citoyens y voient toujours le moyen le plus efficace pour renforcer leur immunité et booster leur énergie pour faire face aux virus saisonniers. La consommation de ces vitamines peut se faire parfois même au quotidien, «ce qui n’est pas sans risque», alerte Jaâfar Heikel, Pr en médecine préventive et spécialiste des maladies infectieuses et en épidémiologie. Joint par «Le Matin», ce dernier indique que «les micro-nutriments, composés de vitamines et de sels minéraux, sont importants, notamment pour la protection immunitaire certes, mais ne peuvent pas être prescrits de n’importe quelle manière». Une sur-consommation, ajoute-t-il, peut être nuisible et provoquer des symptômes, notamment digestifs.

À ce titre, l’expert explique que pour la vitamine C, souvent la plus consommée dans cette période de l’année, il ne faut pas dépasser 2 grammes par jour en cas de besoin. «Une quantité supérieure peut donner lieu à des risques toxiques», met-il en garde. Pour la vitamine D, le médecin note que celle-ci ne doit être prescrite que si l’on en a réellement besoin, sauf dans certaines périodes de l’année où l’on constate des insuffisances. C’est le cas, par exemple, détaille-t-il, chez les femmes enceintes et les enfants à la naissance. «Une sur-consommation donne lieu à des signes d’intoxication comme la fatigue, les nausées, la constipation ou encore les maux de tête», alerte-t-il. Et d’ajouter que des troubles tels que les calculs rénaux ou la perte osseuse restent tout aussi probables. Concernant le zinc, Pr Heikel indique qu’une consommation supplémentaire peut donner lieu à des problèmes digestifs avec des diarrhées et d’autres complications. De même, précise-t-il, l’excès de zinc avéré sur le long terme peut engendrer un manque de cuivre en empêchant l’absorption de ce dernier.



Gare à l’automédication

r>Sur un autre registre, Pr Heikel indique qu’au-delà de ce trio, la consommation des compléments alimentaires comme le fer et le magnésium doit aussi être régulée «dans la mesure où un complément alimentaire doit supplémenter un manque ou une carence, mais ne peut pas venir au-dessus de ce qui est déjà anormal». Concernant le fer, le spécialiste précise que notre besoin au quotidien est entre 10 et 12 mg par joue. «Il faut le prescrire à une femme enceinte ou à une personne anémique si elle en a besoin», explique-t-il. À propos du magnésium, Pr Heikel explique qu’il ne peut être prescrit que si le besoin est là, à raison de 6 mg par kilo et par jour. «Si l’on prend trop, il y a des risques, notamment, de diarrhées», alerte-t-il. Et de préciser que le magnésium est très important sur le plan musculaire et neurologique et aussi en ce qui concerne la fatigabilité.

Par ailleurs, Pr Heikel tient à attirer l’attention sur les risques de l’automédication. Pour lui, les compléments alimentaires doivent être prescrits suite à un diagnostic d’un manque, d’une insuffisance ou d’une carence. «Le diagnostic doit être fait par un professionnel de la santé, essentiellement un médecin ou un nutritionniste», clarifie-t-il.r>Pr Heikel estime, de par son expérience, que quelqu’un qui exerce une activité physique équilibrée et qui adopte un plan nutritionnel adapté à son âge ou à son état physiologique n’a pas besoin d’un complément alimentaire. Le spécialiste met en garde aussi contre l’automédication liée à la pratique traditionnelle. Des études ont montré que les Marocains ont tendance à recourir davantage aux plantes et aux produits de la pharmacopée traditionnelle pour se faire soigner, ce qui n’est pas non plus sans danger. Selon le Centre anti-poison et de pharmacovigilance du Maroc, quelque 4% des personnes intoxiquées par les plantes et produits de la pharmacopée traditionnelle décèdent.r> 

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