Économie

Habillement : Les exportations marocaines vers l’UE résistent à la crise

Après une lourde chute de 25% en 2020, due à la crise épidémique, et un rebond de 24% en 2021, les exportations d’habillement du Maroc vers l’Union européenne se sont accélérées de 26,3% à fin septembre 2022. Cette performance reste, néanmoins, inférieure à celles des concurrents asiatiques, en raison de l’inflation. Mais le Royaume maintient son rang de huitième fournisseur d’habillement de l’UE, avec une part de marché de 3,1%.

Selon Jean-François Limantour, les fournisseurs méditerranéens sont conjoncturellement victimes de leur positionnement moyen/haut de gamme face à l’inflation.

01 Décembre 2022 À 14:37

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Dans un contexte incertain et difficile, les exportateurs marocains d’habillement font preuve de résilience. Au terme des 9 premiers mois de l'année, leurs livraisons à ce marché ont progressé de 26,3%, en rythme annuel, pour atteindre 2,28 milliards d’euros. Ainsi, à fin septembre 2022, le Royaume maintient son rang de huitième fournisseur d’habillement de l’Union européenne (UE), avec une part de marché de 3,1%, selon les dernières statistiques publiées par le Cercle euro-méditerranéen des dirigeants textile-habillement (Cedith).

Globalement, les importations d’habillement des 27 États membres de l’UE ont progressé de 41,9% au cours des neuf premiers mois de 2022 à 73,43 milliards d’euros. «Le pourcentage est impressionnant, mais il ne correspond en réalité qu’à un rattrapage après l’effondrement du marché européen créé par la crise de la Covid en 2020 et 2021», précise Jean-François Limantour, président du Cedith. Les importations de l’UE sont fortement concentrées : à eux seuls, les trois premiers fournisseurs (Chine, Bangladesh et Turquie) en alimentent près des deux tiers (63,6%).

La Chine, premier exportateur

La Chine, à elle seule, représente 29,2% des importations de l’UE avec 21,44 milliards d’euros. Elle demeure ainsi le premier exportateur d’habillement vers l’Union européenne. La Chine est toujours suivie par le Bangladesh (16,56 milliards d’euros), loin devant la Turquie (8,63 milliards). Au niveau des pays du pourtour méditerranéen (PPM), le Maroc conserve sa place de deuxième fournisseur de l’UE, derrière la Turquie et devant la Tunisie (1,66 milliard d’euros à fin septembre, en croissance de 24,9%).

Selon Jean-François Limantour, certes les exportations des fournisseurs méditerranéens vers l’UE progressent, mais leurs performances sont inférieures à celles de leurs concurrents asiatiques (+41,7%) pour la Chine, +61,5% pour le Bangladesh, +41% pour l’Inde). «Ainsi, parmi les 12 premiers fournisseurs, les trois pays méditerranéens (Turquie, Maroc, Tunisie) ont les taux de progression les plus faibles. En clair, ils perdent des parts du marché européen d’habillement. En 2005, la part de ces trois fournisseurs était de 25,7%. À fin septembre 2022, elle n’est plus que de 17,2% dont 11,8% pour la Turquie, 3,1% pour le Maroc et 2,3% pour la Tunisie», détaille le président du Cedith.

Selon cet expert, une analyse fine suggère que la compétitivité des fournisseurs méditerranéens n’est pas en cause, mais qu’ils sont conjoncturellement victimes de leur positionnement moyen/haut de gamme. «En raison de l’inflation, les consommateurs européens serrent leurs budgets d’habillement et privilégient les achats de vêtements bon marché, c’est-à-dire pour l’essentiel d’origine asiatique», estime-t-il.

Par ailleurs, les prix des fournisseurs d’habillement augmentent en moyenne de 15,5%. Pour l’essentiel, cet accroissement des prix des vêtements est la conséquence de la flambée des prix des matières premières (coton & synthétiques), de l’énergie et des transports. Pour les fournisseurs marocains, les prix ont augmenté en moyenne d’environ 12,3% sur un an.r> 

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