13 Juin 2022 À 15:21
La propagation du sous-variant d’Omicron BA.5 génère une reprise épidémique dans plusieurs pays du monde, en particulier en Europe. Faut-il s’attendre à la même chose au Maroc ? Le BA.5 serait-il à l’origine de l’augmentation des contaminations constatée ces derniers jours ? Pour le moment, ce n’est pas le cas. D’après les données du ministère de la Santé, ce sous-variant, qui circule dans le Royaume depuis une dizaine de jours, représente seulement 10% des cas. La surveillance génomique du virus montre que le sous-variant BA.2 est toujours dominant pour l’instant (90% des cas). Néanmoins, il a été constaté que le BA.5 se propage rapidement.
«D’après le ministère de la Santé, c’est le mutant Omicron qui est toujours dominant depuis le début de l’année 2022. Mais si entre mars dernier et aujourd’hui, c’est le BA.2 qui représente la grande majorité des cas, la situation risque de changer dans les prochaines semaines avec l’arrivée du BA.5. Ce dernier ne peut pas devenir dominant en une dizaine de jours, mais il prendra certainement le relai prochainement, dans environ six semaines», déclare au «Matin» Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé. «On ne peut pas dire pour le moment que le BA.5 est à l’origine de l’augmentation des contaminations constatée ces derniers jours. Cette situation est plutôt due à la levée des mesures restrictives, la reprise de certains événements, le relâchement de la population, la baisse de l’immunité acquise par la vaccination ou des anciennes infections…», souligne le médecin. Ce dernier rappelle que le BA.5 a été détecté pour la première fois dans le continent africain essentiellement en Afrique du Sud et au Botswana. Plusieurs cas ont été détectés ensuite en Europe.
«Le premier pays européen à avoir fait une vague avec le BA.5 est le Portugal. Actuellement, il est en train de progresser rapidement dans d’autres pays comme la France. Il faut savoir que ce nouveau sous-variant d’Omicron est similaire au BA.1 et au BA.2, avec quelques petites différences au niveau de la mutation de la protéine spike. Ce sont ces mutations qui sont responsables de sa propagation plus accélérée par rapport à l’Omicron originel. Notons également qu’il a un certain échappement immunitaire, heureusement qu’en termes de virulence, on constate qu’il n’est pas plus sévère que ses prédécesseurs», explique Dr Hamdi. Notre interlocuteur précise, en outre, que, certes, le taux de létalité et des cas graves est pratiquement le même qu’avec le BA.1 et le BA.2, mais en termes de symptomatologie, le BA.5 présente des symptômes respiratoires plus importants, car il circule dans les voies aériennes basses.
Les indicateurs pandémiques au rouge dans plusieurs régions
Les cas positifs à la Covid-19 poursuivent sur leur tendance haussière. Les indicateurs pandémiques, qui étaient restés au vert pendant plusieurs semaines, ne cessent de changer. Ils sont passés à l’orange dans certaines régions et au rouge dans d’autres, comme celles de Casablanca-Settat et Rabat-Salé Kénitra. «La situation épidémiologique actuelle est marquée par une augmentation des cas journaliers, le taux de positivité des examens biologiques réalisés dépasse les 10%, alors qu'il était de moins de 1%. Le nombre de décès reste très faible, de même que le nombre de patients admis en soins intensifs et en réanimation. Le taux d'occupation des lits par les malades Covid-19 reste en deçà de 0,4%», nous déclare Pr Saïd Motaouakkil, médecin anesthésiste, réanimateur et membre du Comité scientifique et technique contre la Covid-19. Et d’ajouter que «Cette situation pourrait changer dans les semaines à venir. Les mesures de prévention individuelles et collectives restent de mise ainsi que la vaccination pour les sujets plus vulnérables et le traitement précoce pour les sujets malades».