Société

Hausse des prix : les ménages marocains épuisés, voici ce qu’en pensent les experts

Depuis quelques mois, le consommateur marocain assiste impuissant à une hausse généralisée des prix. Produits alimentaires, services de transport, carburant…, tout a augmenté en même temps et les ménages ont de plus en plus du mal à joindre les deux bouts. L’impact de cette inflation est tellement important sur leur pouvoir d’achat qu’ils en parlent tous les jours dans les foyers, à la rue et même sur les réseaux sociaux. Un hashtag «#Non à la hausse des prix au Maroc» est devenu viral sur Twitter et Facebook. Pour les experts, les facteurs de cette hausse sont multiples.

La hausse des prix pèse sur le quotidien des Marocains surtout à la veille de Ramadan.

01 Mars 2022 À 15:47

Depuis quelques mois, le consommateur marocain assiste à une hausse généralisée des prix. Produits alimentaires et industriels, carburant…, tout a augmenté en même temps et les ménages ont de plus en plus du mal à satisfaire leurs besoins vitaux. L’impact de cette inflation est tellement important sur leur pouvoir d’achat qu’ils en parlent tous les jours dans les foyers, à la rue et même sur les réseaux sociaux. Un hashtag «#Non à la hausse des prix au Maroc» est devenu viral sur Twitter et Facebook. Les internautes partagent plusieurs publications chaque jour pour exprimer leur ras-le-bol. Malgré les arguments avancés par le gouvernement, les citoyens sont à bout de nerfs et demandent une solution rapide d'autant que le mois du Ramadan approche à grands pas. Pour se faire entendre, certains ont même organisé des manifestations dans plusieurs villes du Royaume.

D’autres s’en prennent aux commerçants qu’ils tiennent pour responsable de la flambée des prix. «La plupart des clients nous adresse des remarques et des critiques au sujet de la cherté des prix. Certains en viennent même aux mains. Mais ce n’est pas de notre faute si tout est devenu cher. Nous subissons aussi comme tout le monde l’impact de cette crise économique. Malheureusement, beaucoup de citoyens pensent que le commerçant agit de son propre chef et profite de la situation pour augmenter les prix à sa guise. Ce n’est pas vrai ! Au contraire, nous faisons de notre mieux pour que les prix soient abordables. Notre marge de bénéfice a même baissé», déplore Houssine, épicier à Casablanca. La tendance haussière des prix dure depuis des mois et on a l’impression que cela va encore durer. Mais comment expliquer que tout flambe d'un coup ? La hausse du coût de quelques intrants et des carburants peut-elle expliquer, à elle seule, l'emballement des prix ? D’après Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC), il existe plusieurs facteurs qui expliquent cette situation. «Puisque le Maroc continue d’importer une grande part de ses besoins en blé, sucre et huile de table, il est normal qu’il soit aujourd’hui confronté aux changements brutaux des cours enregistrés à l'échelle internationale.

Ces derniers dus aux sécheresses qu'ont connues les principaux pays exportateurs de soja, sucre, blé... ont été aussi impactés par l'augmentation des prix du fret et des carburants. Néanmoins, des facteurs internes ont également participé à cette flambée des prix et particulièrement l'existence d'une mosaïque d'intermédiaires dans les circuits de distribution», explique le président de la FMDC. «Plusieurs produits nationaux ont vu leurs prix augmenter même si le producteur les vend à un tarif très bas. En l'absence d'une instance de régulation des produits de consommation, le marché intérieur n'est pas maîtrisé. Entre le producteur et le consommateur, la rente prédomine et son impact sur le pouvoir d'achat est catastrophique. Le gouvernement doit baisser les importations des produits de première nécessité et pour certains produits comme les carburants, il faut appliquer l'article 4 de la loi 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence.

Il faut également revoir la loi de finances 2022», ajoute Kherrati. De son côté, l’économiste Nabil Adel estime que les derniers mouvements de prix sur le marché national sont déterminés par la politique monétaire. «On ne peut pas dire que la flambée des prix que connaît le Maroc actuellement est principalement due à la cherté du pétrole. Le prix du baril avait dépassé au début des années 2000 les 130 dollars et nous n’avons pourtant pas connu une telle hausse des prix. Aujourd’hui, nous sommes en train de subir la conséquence de politique monétaire qui était extrêmement généreuse en 2008, et qui a oublié le facteur inflation. Malgré la pandémie, le Maroc a continué sur sa lancée», souligne l’économiste. Et d’ajouter : «Il faut agir rapidement et combattre l’inflation avant que celle-ci ne s’installe. La balle est aujourd’hui dans le camp de la banque centrale qui doit revoir la politique monétaire. Le gouvernement, quant à lui, doit mieux contrôler les dépenses en procédant à une rationalisation de la dépense publique».

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