19 Septembre 2022 À 14:27
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Le Matin : Je suppose que votre joie est indescriptible après votre victoire au Lacoste Ladies Européen Tour pour votre première sur le circuit ?r>Inès Laklalech : Même après deux jours, ma joie est toujours indescriptible. Je suis super contente de vivre ça, d’avoir vécu un play-off et une victoire en même temps. C'est définitivement quelque chose dont je me souviendrai pour le reste de ma vie. Cette expérience va sûrement m’aider dans les prochains tournois.
Vous êtes partie avec un coup d’avance au dernier tour, mais votre concurrente directe, Megan Mclaren vous a rattrapée et ensuite elle est passée devant. Avez-vous douté à ce moment-là de la partie ?
Au début du dernier tour, je me suis mise en tête que je démarrais le tournoi à zéro. Je ne m'étais pas dit que j'étais leader du tournoi, parce que c’était une pression supplémentaire qui risquait de me crisper. Avec mon mari, qui est mon caddy, on a beaucoup discuté la veille, puisque c’était la deuxième fois que j'étais en tête d’un tournoi professionnel. La fois d’avant, c’était il y a deux semaines, à l'Open de Skaftö en Suède. J’ai ressenti beaucoup de pression et j’ai craqué sur les derniers trous et, malheureusement, je n’ai pas remporté le tournoi. J’étais persuadée que l’expérience que j’avais acquise en Suède allait m’aider à l’open Lacoste Ladies Tour. Je n’ai rien contrôlé. J’ai joué naturellement. L’expérience fait qu’on est de plus en plus à l’aise et qu’on arrive à gérer nos émotions et la pression, etc. Du coup, le matin, au moment de démarrer le dernier round, je me suis dit que les compteurs étaient à zéro et que je n’avais aucun coup d’avance. Je me donne à fond sur tous les coups et dès que j’ai une opportunité, je la saisis, parce qu’en face, à Megan McLaren est une excellente joueuse. Elle a déjà gagné trois fois sur le Tour. Elle a de l’expérience sur le circuit américain. Je savais que j’avais une grande joueuse en face de moi et qu’elle pouvait revenir à bloc. Je suis restée patiente tout au long de la partie. C’est vrai qu’elle est passée devant moi avec deux coups d’avance sur les trois derniers trous. J’étais un peu frustrée, parce que la balle n'est pas passée loin du trou. J’ai exprimé ma frustration à mon caddy, qui est aussi mon mari, parce que ça m'a permis de m’extérioriser. Et mon mari me disait que c’était très bien ce que je faisais, que je devais continuer et que la balle allait finir par tomber, que je devais avoir confiance en moi. Ce discours positif m’a donné confiance en moi et la frustration a été mise de côté. Du coup, j’ai fait birdie au 16e trou. Elle fait Par. Et là, je reviens à un coup. Elle fait bogey au 17e trou et moi le Par. On devient ex aequo. Le play-off au 18e a tourné en ma faveur.
Qu’est ce que cette victoire change pour vous ?
C’est un grand stimulateur de confiance. C’est ma première année en tant que professionnelle. Je suis contente. J’avais des objectifs très élevés en démarrant la saison. Mais ça ne veut pas dire que quand les objectifs sont élevés, on va nécessairement les atteindre. Je trouve que c’est bien de les placer très haut, parce qu'à chaque fois, vous voulez aller plus haut. Cela booste énormément la confiance.
Vous êtes aujourd'hui la meilleure golfeuse professionnelle marocaine, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Je suis très contente de représenter mon pays et c’est un honneur de pouvoir représenter le Maroc à l’échelle internationale et sur l’un des meilleurs circuits du monde. J’ai reçu énormément de soutien de la part des Marocains, c’est ce qui m’a donné beaucoup de force. Ce soutien me stimule tous les matins, sur chaque tournoi. Il y a bien sûr le soutien de ma famille, de mes proches et de mes amis, mais sentir qu’il y a le peuple marocain derrière moi, c’est juste énorme et ça me porte encore plus haut.
Vous êtes la première femme marocaine, arabe et nord-africaine à remporter un tournoi sur le circuit européen, pensez-vous que vous puissiez inspirer des jeunes filles au Maroc ?
Je l’espère. Je joue pour me faire plaisir. Je joue parce que j’aime le golf et j’aime le sport. En tant qu’athlète et féminine marocaine, c’est un honneur pour moi si je peux inspirer quelques jeunes filles qui rêvent d’être sportives de haut niveau ou qui rêvent juste d’un métier, de montrer l’exemple et motiver un peu ces filles.
Pensez-vous qu’après votre victoire, les jeunes filles vont se mettre de plus en plus au golf ?
C’est sûr. Je pense qu’il y a déjà plusieurs filles qui jouent au golf au Maroc. On est déjà deux joueuses sur le circuit européen, ça montre que c'est possible. Avec les moyens qu’on a au Maroc, je suis sûr qu’on peut performer à tous les niveaux.
Vous avez passé la première des cartes LPGA Tour en août dernier et vous allez jouer la deuxième étape en octobre prochain, est-ce qu’évoluer sur le circuit américain est votre objectif à court terme ?
C’est un objectif à moyen et long terme. C’est le meilleur circuit du monde. J’aimerais l’intégrer pour le restant de ma carrière. J’ai passé les cartes l’année dernière. Cette année, j’arrive avec un bagage très lourd. J’ai emmagasiné plus d’expérience, même si je n’ai que six mois sur le circuit. J’ai joué beaucoup de tournois. Je me suis prouvé que je pouvais scorer très bas et même gagner sur le circuit européen. Tout cela me donne un petit peu d’avance sur les cartes de LPGA Tour cette année.