Société

Les listes d’attente pour la dialyse ramenées de 1.578 à 112 patients en l'espace de 5 mois

Le Maroc compte plus de 320.000 patients atteints d’insuffisance rénale avec une moyenne de 3.400 cas supplémentaires par an. Ces patients ne sont pris en charge que par 134 néphrologues dans le secteur public et 329 dans le privé. Ces chiffres éloquents ont été dévoilés, le 1er novembre, par le ministre de la Santé et de la protection sociale, Khalid Ait Taleb. Il a également présenté l’état d’avancement de son département pour atteindre la stratégie du « 0 cas » dans la liste d’attente. Joint par « Le Matin », Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé appelle plutôt à renforcer le rôle de la médecine de première ligne qui permet la prévention et la prise en charge précoce des maladies. En voici le détail.

03 Novembre 2022 À 14:00

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En réponse à une question du Groupe istiqlalien de l’unité et de l’égalitarisme, le ministre de la Santé et de la protection sociale, Khalid Ait Taleb, a annoncé des chiffres clés sur la prise en charge de l’insuffisance rénale. Le responsable a souligné, devant les parlementaires lors de la séance des questions orales du 1er novembre, que le Maroc compte plus de 320.000 patients atteints d’insuffisance rénale avec une moyenne de 3.400 cas supplémentaires par an. « Le nombre de patients bénéficiant des services de filtration dans les centres d’hémodialyse s’élève à 12.185 dont 8.817 soignés dans le secteur public contre 3.521 dans le cadre de l’achat des services de d’hémodialyse du secteur privé », a-t-il souligné. Et d’ajouter que le Maroc dispose actuellement de 133 centres publics dédiés à cette maladie, contre 291 dans le privé. Les appareils d’hémodialyse sont au nombre de 2.535.

Concernant le professionnel soignant, le responsable a précisé que le Maroc dispose de 134 néphrologues dans le secteur public contre 329 dans le privé, de 716 infirmiers, 73 médecins généralistes chargés de la supervision de l’activité de filtration ainsi que 705 assistants médicaux associatifs. Côté coût, le ministre a indiqué que les traitements liés à la dialyse représentent 26,7% des dépenses totales des maladies de longue durée (ALD) dans le cadre de l’Assurance maladie obligatoire. Interpellé sur ces chiffres, Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, a indiqué à « Le Matin » que des efforts importants ont été menés pour améliorer la prise en charge de cette catégorie de la population, mais il reste beaucoup à faire. Pour lui, il est quasi-important de renforcer les centres dédiés à cette maladie pour faciliter l’accès aux soins partout au Maroc. Il a aussi noté que les séances de dialyse sont chers « et que même ceux qui détiennent une couverture maladie, finissent par demander de l’aide auprès de leurs proches », regrette-t-il. En revanche, le médecin chercheur a tenu à préciser que la meilleure façon de prendre en charge cette maladie réside dans la prévention, « d’où le rôle de la médecine de première ligne », a-t-il noté. Et d’ajouter que ceci est incontournable particulièrement pour les personnes qui sont à risque comme les diabétiques ou celles souffrant d’une hypertension artérielle. « Ces personnes doivent prendre leur médicament à temps et suivre régulièrement l’évolution de leur état de santé pour éviter toute détérioration », conseille-t-il.

L’initiative « 0 cas », quel état des lieux ?

Le ministre de la Santé et de la protection sociale a également annoncé que seuls 112 patients souffrant d’insuffisance rénale chronique sont encore inscrits dans la liste d’attente pour bénéficier du traitement par dialyse, alors qu’ils étaient au nombre de 1.578 avant le lancement de l’initiative « 0 cas » le 13 mai 2021. Ceci dit, 1.466 patients ont été pris en charge en cinq mois. «  Ceci témoigne en effet de l’efficacité de cette initiative qui a été lancée pour éponger la liste d’attente des patients atteints d’insuffisance rénale au Maroc », a commenté Dr Hamdi. Et de préciser que l’initiative a donné ses fruits dans la majorité des villes du Royaume. A propos des profils des 112 patients encore inscrits dans la liste d’attente, le ministre a révélé qu’ils se trouvent dans trois régions : l’Oriental, Fès-Meknès et Rabat-Salé-Kénitra. « Leur état de santé ne permet pas le processus de filtration », a-t-il révélé.

Par ailleurs, Khalid Ait Taleb a noté que dans le cadre de la mise en œuvre de la circulaire n°22/32 adressée aux directeurs régionaux de la Santé et de la protection sociale visant à accélérer l’initiative « 0 cas », il a été décidé de prendre plusieurs mesures en coordination avec l’ensemble des parties concernées. Il s’agit de :

  • Améliorer l'offre de soins en augmentant et en élargissant le nombre de centres d’insuffisance rénale
  • Améliorer les conditions de prise en charge des malades en réaménageant les centres existants
  • Impliquer des organismes scientifiques et des associations de la société civile dans un cadre contractuel ;
  • Renforcer les centres de filtration avec les ressources nécessaires, entre autres, humaines et matérielles.

Le ministre a déclaré aussi que la feuille de route qui a été adoptée pour atteindre zéro cas en liste d’attente est basée sur :

  • La numérisation du dossier médical pour faciliter l’accès du patient dans tous les centres d’insuffisance rénale
  • La mise à jour des listes d’attente dans chaque région, province ou préfecture.
  • L’utilisation optimale des centres de filtration dans le secteur public
  • S’assurer que les centres sont approvisionnés avec les nécessités du processus de filtration (kits)
  • Le renforcement du partenariat avec le tissu associatif pour soutenir les centres avec les ressources nécessaires
  • Le renforcement du partenariat avec le secteur privé en matière d’achats de services
  • La continuité des soins pour les patients passagers ou en situation d’urgence.

La ministre a tenu à préciser que des rapports quotidiens sur le suivi des listes d’attente sont élaborés et remis à l’administration centrale de son département. Le but est d’atteindre les indicateurs de performance souhaités.

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