03 Octobre 2022 À 14:37
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Quelle est la spécificité du festival Jazz au Chellah ?
Créé par l'Union européenne en partenariat avec le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication et la wilaya de Rabat-Salé-Kénitra, le festival est basé sur la rencontre entre le jazz européen et les musiques du Maroc. C'est le seul festival qui a cette specificité, qui invite les jazzmen européens et leurs homologues marocains pour une musique exceptionnelle sur scène.
Comment le festival a-t-il été accueilli par le public après l'absence due à la pandémie Covid-19 ?
Le public attendait ce rendez-vous annuel avec impatience. Il y avait beaucoup de monde, surtout des jeunes. Des concerts étaient sold out, ceci explique l'importance du festival à Rabat.
Le Festival favorise les rencontres entre les artistes européens et marocains. Comment se fait le choix des musiciens ?
Le choix des artistes ne se fait pas à l'approche du festival. Durant toute l'année, j'essaie de découvrir des talents, je vois si l'artiste est ouvert d'esprit. L'ouverture est importante pour la fusion et les rencontres. Il faut connaître les mouvements du jazz pour dialoguer avec d'autres cultures. Jean-Pierre Bissot, le directeur artistique pour la partie européenne, m'envoie le programme et j'essaie de compléter en fonction des styles de musique et des instruments pour enrichir le festival.
Comment se sont déroulées les rencontres entre artistes européens et marocains ?
C'était une grande réussite. Preuve en est la réaction du public. Depuis quelques années, on met ensemble les musiciens européens et marocains pour échanger les musiques avant les répétitions. Le contact humain compte beaucoup dans les fusions, mais aussi pour continuer les rencontres au-delà du festival.
Quels ont été les temps forts de cette édition ?
Chaque soir, il y avait des moment forts et des surprises. Chaque soir un style différent.
Cette année, vous avez aussi célébré Rabat, capitale africaine de la culture...r>Le jazz c'est l'Afrique. L'apport des Africains est important pour la création du jazz. En célébrant le jazz, on célèbre Rabat capitale africaine de la culture. Dans mon concert, jai invité Joseph Bessan Kouassi, artiste béninois, spécialiste des percussions africaines. On a fait un très bon projet avec le musicien suédois Goran Kajfes. Cette rencontre entre des cultures différentes nous permet de dialoguer, d’échanger, de s’ouvrir vers l’autre et d'enrichir nos répertoires respectifs.
Que faites-vous pour encourager les jeunes à faire du jazz et des fusions ?
J'ai commencé la fusion dans les années 1980. Nous étions une poignée de musiciens qui œuvraient pour créer un style différent de la musique arabe, maintenant je vois beaucoup de jeunes qui font de la fusion. Je suis heureux de dire qu'on y a été pour quelque chose. Je continue à aider les jeunes. Cette année, la programmation de Jazz au Chellah compte beaucoup de jeunes avec une importante présence féminine.
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Brève biographie de Majid Bekkas
Multi-instrumentiste, chanteur et compositeur marocain, Majid Bekkas est un créateur et brasseur de multiples genres musicaux, blues, jazz soul et tagnaouite. Attaché à la tradition et en même temps très ouvert pour rencontrer d'autres cultures musicales, il est connu pour ses nombreuses fusions avec des jazzmen internationaux. Né à Salé, il a appris jeune à jouer au oud et à la guitare classique au conservatoire national de musique et de danse à Rabat. Il a par ailleurs appris le Gnawa avec son maître Ba Houmane. Majid a le don de transporter les mélomanes dans le carrefour de la fusion de la musique traditionnelle gnaouie et le blues afro-américain.