Économie

Le marché automobile marocain encore sous pression cette année

Les difficultés des concessionnaires automobiles marocains devraient monter d’un cran cette année. En plus du Salon Auto qui n’aura pas lieu, la pénurie des semi-conducteurs rendra la tâche difficile aux professionnels. Difficile donc de faire des pronostics sur ce que sera 2022. L'Aivam fait montre d'un optimisme modéré après une année 2021 qui n'aura pas été aussi catastrophique, malgré la crise des semi-conducteurs.

06 Janvier 2022 À 18:14

Pas de Salon de l'Auto cette année non plus pour faire réellement redémarrer le marché. Les concessionnaires devront redoubler d'ingéniosité pour vendre, la crise liée à la pénurie des semi-conducteurs devant se corser et ralentir ainsi les livraisons. C'est donc avec un optimisme modéré que l’Association des importateurs de véhicules au Maroc (AIVAM) entame l’année. « C’est une année qui continuera a être marquée par la pénurie, et elle risque même d’être moins bonne que 2021 (...). Nous savons déjà que le premier semestre va être compliqué. Il y a, en revanche, quelques pistes d'amélioration sur le second trimestre », déclare Adil Bennani, président de l’Avaim, lors d’une conférence tenue jeudi en ligne. Selon lui, le marché vivra des moments difficiles, surtout après l’incendie qui a ravagé, il y a 3 jours, une usine de semi-conducteurs en Allemagne. « La boule de cristal fonctionne moins bien depuis les deux dernières années et la croissance peut aller de 0 à 15% en fonction de l’évolution des conditions mondiales. Pour le tourisme, les transporteurs continueront à prendre leur mal en patience au moins jusqu’à 2023, en espérant que les choses s’arrangent ».

Pénurie des semi-conducteurs : sacré manque à gagner !

Le marché automobile a réussi à écouler 175.360 véhicules neufs sur l'année 2021, après 130.000 une année auparavant et près de 166.000 en 2019. Soit une progression de 31% sur un an et environ 6% par rapport à 2019. L’année dernière, le marché a performé, malgré la pénurie des semi-conducteurs (l’automobile, c’est seulement 12% de la demande mondiale des semi-conducteurs), retrouvant son niveau de 2019 et le dépassant même, sachant qu'en 2018 il avait connu un pic. «2018 été une année record, avec 177.000 véhicules, c’était aussi la dernière année du Salon de l’automobile », précise Bennani. « Il y a d’abord un effet de rattrapage mais qui n’est pas complet. Car lorsque l’on voit ce qui nous a manqué en 2020 par rapport à une année normale, c’est environ 35.000 à 40.000 véhicules. Le niveau de 2021 est moyen. Si on rajoute ces 40.000, on aurait dû être dans les 210.000. Donc, l’effet rattrapage n’est pas énorme et il a été freiné, entre autres, par la pénurie des semi-conducteurs ».

Le marché de l'occasion sauve celui du neuf

Une autre tendance a été mise à l’évidence : celle des ventes de voitures d’occasion. Celles-ci ont connu une dynamique assez forte sous la pression de la pénurie dans le neuf, ce qui donne lieu à une croissance assez substantielle entre 2019 et 2021, puisque le nombre de transferts de propriété a dépassé les 660.000 véhicules « Un record absolu ». A noter que pour le neuf, les voitures particulières ont enregistré une croissance de 4% à 154.000 véhicules. Au niveau des VUL (voitures utilitaires légers), de nouvelles tendances se dégagent. D’abord, ce segment a connu une plus importante croissance (+20%). « C’est très encourageant car généralement le VUL traduit un peu la situation économique. Bien que le volume reste moins important que le VP ( 20.000 VS 150.000), il n’empêche que l’on a assisté à une croissance assez généralisée et dans des taux très importants », note Bennani. Ainsi, Mini-Pick-up essence de la marque DFSK occupe toujours le haut du podium avec plus de 4.000 véhicules. Mais généralement, l’ensemble des marques se sont bien comportées. Celles exposées à la crise sont celles qui opèrent dans le secteur touristique, puisque le segment du minibus a connu une progression moins importante. Pour le marché global (VP + VUL), toutes les marques ont connu une croissance l’année dernière, mais par rapport à 2019 (considérée comme une année anormale) mais avec des écarts importants entre marques du fait d'un niveau de disponibilité différencié. Le président de l’Aivam relève, en outre, « les performances d’Opel et de Kia qui revient sur la scène de manière assez forte, puis Renault et Dacia qui maintiennent leur leadership sur le marché marocain ».

Un manque à gagner de 7.000 VP

Globalement, sur l’année 2021, le marché a connu deux semestres très différents. Un premier où le marché a réalisé une croissance de 15% et le second où il a régressé de 6% et c’est directement lié à l’effet des semi-conducteurs. « Si on avait de la disponibilité, il aurait été fort probable que le trend de croissance continue sur la même tendance. Nous estimons avoir perdu sur le second semestre 6 points de croissance qui se matérialisent par 7.000 unités qui n’ont pas été vendues. Si on fait le même exercice sur l’utilitaire, on remarque un peu la même chose : 2021 dépasse de manière structurelle 2019 mais ce gap se réduit sur la deuxième moitié de l’année », fait remarquer Bennani. En clair, le segment utilitaire a enregistré 32% de croissance au premier semestre et seulement 9% pour le second. Et là, l’Aivam estime un manque à gagner d’environ 2.000 unités.

Copyright Groupe le Matin © 2024