Société

Le générique ne représente toujours que 40% du marché du médicament (Mohamed Houbachi)

Le ministère de la Santé ainsi que les professionnels du secteur pharmaceutique considèrent que la promotion du médicament générique est un point vital dans la préservation des équilibres financiers et budgétaires de l’État notamment avec la généralisation de la couverture médicale. Pourtant, la part du médicament générique ne dépasse pas les 40% dans le marché pharmaceutique marocain. Mohamed Houbachi, président de l’Association marocaine du médicament générique (AMMG), explique aux lecteurs du «Matin» les raisons qui empêchent la généralisation rapide du médicament et les mesures prises pour atteindre les objectifs escomptés.

La promotion du médicament générique est un enjeu majeur dans la préservation des équilibres financiers de l’assurance maladie.

06 Octobre 2022 À 14:10

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Le Matin : Quel sera LE rôle de la promotion du médicament générique dans la généralisation de la couverture médicale ?r>Mohamed Houbachi : Grâce à la Vision éclairée le S.M le Roi Mohammed VI et à son action continue pour le bien du citoyen, un chantier important a été lancé, celui de la généralisation de la couverture médicale à tous les Marocains. D’une manière concrète, ce projet induira, selon les estimations de l’Agence nationale de l'assurance maladie (ANAM), à une multiplication par 3 du montant de remboursement de médicaments devant passer de 3 à 9 milliards de DH.r>Sachant, par ailleurs, que le prix moyen du médicament générique est d’environ 30 à 35% moins élevé que celui du prix moyen du marché, on comprend vite que l’État pourrait réaliser des économies importantes qui se chiffreraient par des milliards de dirhams en cas d’augmentation de la part du médicament générique.

Ainsi, il paraît évident que la promotion du médicament générique soit un enjeu majeur dans la préservation des équilibres financiers de l’assurance maladie.

Quelle est la part des médicaments génériques dans le marché pharmaceutique marocain actuellement ?

Actuellement, la part du médicament générique se situe autour de 40%. Malheureusement, ce taux n’a pas beaucoup évolué depuis quelques années, sachant que le contrat-programme signé en 2013 fixait comme objectif un minimum de 50% à l’horizon 2023.r>À noter que ce taux de 40% est nettement inférieur à celui d’autres pays notamment les États-Unis où 85% des médicaments sur ordonnance sont délivrés sous forme de générique. C’est le cas également en Allemagne (plus de 75%) et dans tous les pays du nord de l’Europe. Seule la France est au niveau du Maroc, mais avec un forcing prononcé actuellement pour augmenter cette part compte tenu du déficit de plus en plus lourd des caisses de l’État.

Quels sont les objectifs alors à atteindre ?

L’objectif de notre association et celui de toutes les instances gouvernementales concernées par ce projet est d’atteindre un taux minimum de 60%. Ceci permettra de générer des économies importantes non seulement pour le budget des caisses de remboursement, mais également sur le plan macro-économique, à savoir l’amélioration de la balance commerciale et la promotion de l’emploi par l’augmentation de la part de la fabrication.

D’après vous, qu'est-ce qui empêche la généralisation rapide du médicament générique ?

Nous souhaitons d’abord nous féliciter du soutien et de l’importance accordée à notre association et au développement du médicament générique par le ministère de la Santé et de la protection sociale, et notamment la Direction du médicament et de la pharmacie, mais aussi par toutes les autres instances concernées par ce projet : ANAM, CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale), CNOPS (Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale), Conseil de la concurrence, Conseils de l’Ordre des médecins et des pharmaciens.r>Nous nous sommes, à ce titre, concertés et avons proposé des mesures concrètes pour le développement du médicament générique. En fait, ces mesures impliquent l’adhésion d’un ensemble d’acteurs agissant dans le domaine pharmaceutique. Il s’agit d’abord du ministère de la Santé pour la délivrance en priorités des AMM des génériques et l’encouragement de la fabrication locale ainsi que des médecins qui sont à la base de la prescription. Ensuite, il y a l’ANAM pour la revue du système de remboursement des médicaments. Enfin, les pharmaciens qui doivent bénéficier d’un taux de rémunération indépendamment du prix du médicament délivré. Il faudra aussi organiser une campagne nationale pour la promotion du médicament générique en mettant l’accent sur la qualité identique au princeps et le prix à la portée du citoyen.

Enfin, quel rôle va jouer le nouveau contrat-programme pour la promotion du médicament générique ?

En 2013, l’AMMG a eu le grand honneur de signer devant S.M le Roi Mohammed VI le premier contrat-programme concernant l’industrie pharmaceutique. Le second contrat-programme 2022-2027 a été signé le 27 septembre dernier avec le ministre de la Santé et de la protection sociale, et le ministre de l’Industrie et du commerce.r>Ce deuxième contrat-programme comporte des engagements de chacune des parties pour des objectifs précis tels que la création de 6.000 emplois directs et 10.000 indirects, l’augmentation du chiffre d’affaires de près de 15 milliards de dirhams, l’amélioration de la balance commerciale de près de 10 milliards de dirhams et la création d’une valeur ajoutée directe additionnelle de près de 6 milliards de dirhams.r>Nous notons, par ailleurs, avec grande satisfaction dans ce contrat-programme l’engagement du ministère de la Santé et de la protection sociale, à mener avec notre association une véritable politique et des mesures concrètes pour la promotion du médicament générique.r>Pour notre part, l’AMMG est honorée par cet engagement, et est entièrement disposée à accompagner le ministère de la Santé et toutes les instances concernées pour atteindre l’objectif de 60% du médicament générique dans le marché global du médicament au Maroc.

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