04 Février 2022 À 19:28
L’obligation de présenter le pass vaccinal pour les voyageurs en provenance et à destination du Maroc a-t-elle un effet booster pour la campagne de vaccination anti-Covid-19, et particulièrement pour la 3e dose qui peine toujours à décoller ? Pas si sûr pour le moment ! Selon des calculs du «Matin», 191.228 personnes ont reçu leur troisième dose durant les trois premiers jours suivant l’adoption par le Maroc de son protocole sanitaire. Un protocole qui a d’ailleurs été adopté pour assurer l’efficacité de la décision du Maroc d’ouvrir les frontières à compter du 7 février prochain. Contactée par «Le Matin», Dr Khadija Lahrarti, médecin responsable du site de vaccination de Sidi Belyouth, indique qu’un engouement a été effectivement constaté au lendemain de l’adoption de ce protocole. En effet, ajoute-t-elle, la plupart des citoyens qui sont venus pour compléter leur schéma vaccinal, que ce soit avec la deuxième ou la troisième dose, disent qu’elles sont en train de se préparer pour un voyage à l’étranger, entre autres, pour des raisons de santé ou pour accompagner leurs enfants qui doivent s’inscrire dans des universités ou des écoles étrangères. «Nous avons aussi reçu des Marocains résidant à l’étranger», précise-t-elle, avant d’ajouter que ces citoyens ont exigé le vaccin de Pfizer, bien que celui de Sinopharm soit disponible en bonne quantité au niveau des stocks.
De son côté, Pr Saïd Afif, membre du Comité scientifique et technique de la vaccination anti-Covid-19, indique que cet engouement pour la vaccination, particulièrement la troisième dose, reste limité. De même, ajoute-t-il, le rythme actuel reste encore en deçà de la moyenne requise pour assurer l’immunité collective. En effet, ajoute-t-il, dans la catégorie des 18-39 ans, 76% ont reçu la première dose, 68% ont eu la 2e dose, tandis que 5% seulement ont reçu la 3e dose à ce jour. Cela dit, une bonne partie de la population de cette catégorie reste à vacciner. C’est le cas aussi, ajoute-t-il, pour les 40-75 ans. En effet, note-t-il, 98,5% sont primo-vaccinés, 76,6% ont reçu leur deuxième dose et malheureusement 29% seulement se sont vu administrer la 3e dose. Pour Dr Afif, le problème se pose avec acuité pour les personnes âgées de plus de 75 ans. Dans cette catégorie, explique-t-il, 41% uniquement ont reçu, à ce jour, leur troisième dose, ce qui constitue un risque pour le système de santé, du fait que ces personnes sont fragiles et risquent de développer des formes graves de la maladie en cas d’infection.
À cet égard, Dr Afif invite les Marocains à compléter leur schéma vaccinal, non seulement pour obtenir leur pass vaccinal et jouir de leur droit de se déplacer à l’étranger, mais aussi et surtout pour se protéger. Son appel intervient à point nommé dans une période de la pandémie où de nouveaux sous-variants d’Omicron font leur apparition dans le monde, notamment le BA.2 et le BA.3. Des sous-variants, dont la virulence n’a pas encore été vérifiée, mais qui restent plus transmissibles que la souche d’origine d’Omicron, à savoir le BA.1. Interrogé sur la vaccination des 12-17 ans, Dr Afif confirme qu’à ce jour, cette catégorie n’est pas encore concernée par la troisième dose. En revanche, il estime que des efforts restent à fournir pour pousser les jeunes à recevoir leur deuxième dose. «Sur 73,5% de primo-vaccinés, 62,3% uniquement ont reçu la deuxième dose. Cela dit, 260.000 élèves restent à vacciner avec la deuxième dose», révèle-t-il. Par ailleurs, Dr Afif rassure sur la disponibilité des vaccins en soulignant que le Maroc dispose actuellement de 16.159.000 doses entre Pfizer et Sinopharm. Il appelle également à rester vigilant, notamment en adoptant les mesures barrières, pour réussir cette phase dans laquelle le Maroc rouvre ses frontières.