12 Janvier 2022 À 14:36
Interrogé premièrement sur l’émergence du nouveau variant Deltacron et ses répercussions sur la situation sanitaire, le professeur de médecine au CHU Ibn Rochd et spécialiste des maladies infectieuses et tropicales, Abdelfettah Chakib, a souligné qu’il ne faut pas trop inquiéter les gens. «Stresser les gens diminuera leur immunité et les exposera à des maladies inutilement. Depuis le début de l’épidémie, il y a des mutations. Il faut attendre un peu pour savoir si cette nouvelle mutation a un impact au niveau de la multiplication du virus, de sa transmission et de la mortalité.
On verra ensuite s’il va être classé par l’OMS comme un variant à surveiller ou un variant préoccupant», a-t-il expliqué. Concernant le variant Omicron, l’invité de L'Info en Face a affirmé que la vague de contaminations actuelle est marquée par deux variants : «Il y a entre 20 et 30% de Delta, qui est responsable des formes graves et de l’arrivée des patients en réanimation et puis de 70 à 80% d’Omicron, qui est responsable de la transmission très importante du virus dans la société, comme c’est le cas partout dans le monde». Toutefois, Pr Abdelfettah Chakib note qu’il y a eu près d’une dizaine de cas de malades atteints par Omicron qui sont arrivés en réanimation. Par ailleurs, le professeur de médecine au CHU Ibn Rochd a fait observer que la vague a eu un impact sur le système de santé. «Nous sommes inquiets par rapport à ce qui va se passer par la suite. Si on a, par exemple, vers le 20 janvier le pic de contaminations, cela va générer probablement beaucoup de consultations et beaucoup de pression sur le système de santé».
Et d’avertir qu’une personne contaminée par Omicron peut contaminer «entre 5 et 10 personnes». Ainsi, avec une moyenne de 30.000 cas actifs, on va se retrouver avec 200.000, voire 300.000 cas par jour, sans qu’ils soient tous pronostiqués. «Aujourd’hui, les personnes qui viennent nous voir nous disent être malades en même temps que 4 à 5 autres personnes. Elles s’interrogent sur la procédure à suivre. On conseille généralement de rester à la maison, de boire de l’eau et de prendre du paracétamol quand ils ont mal à la tête», a-t-il déclaré. Et d’ajouter que les clusters qui apparaissent au sein des familles, des écoles et des entreprises sont dus à la rapidité de transmission du virus. Pour l’invité de L'Info en Face, il n’y a pas lieu de mettre en place une stratégie d’isolement, car celle-ci est inutile. «On isole une personne quand on a peur qu’elle soit contaminée et qu’elle meurt par l’infection. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Avec l’Omicron, on est contaminé, on développe des anticorps et on guérit.
Ce qui inquiète avec cette vague, ce n’est pas la mortalité, mais la désorganisation sociale, avec les écoles et les entreprises qui ferment en raison de l’augmentation des cas», a-t-il indiqué. Selon les prévisions du spécialiste des maladies infectieuses et tropicales, cette vague va encore durer pour trois semaines avant que la situation ne revienne à la normale, soit début février prochain. «À partir du 10 février, on va revenir à la vie normale à mon avis, si on n’a pas l’apparition entre temps d’un autre variant», a-t-il précisé. Entre temps, il serait utile d’essayer d’éviter tous types de rassemblements et aérer au maximum les endroits où peuvent se retrouver des groupes de personnes, en plus des mesures barrières classiques, le but étant de réduire le nombre de contaminations. «Si on veut réduire le nombre de contaminations, je pense qu’il faut considérer toute grippe comme une infection à Omicron et immédiatement s’isoler et si on a les moyens de mettre un masque FFP2 ou au moins une bavette.
Il faut aussi tester les personnes immunodéprimées et les personnes qui ont des maladies chroniques pour être suivies correctement en cas de contamination afin d’éviter qu’elles développent des formes graves», a-t-il souligné. S’agissant de la question de la vaccination, Pr Abdelfettah Chakib rappelle que la situation est pénible. «Aujourd’hui, nous avons des millions de personnes qui ont reçu les deux doses du vaccin et qui pensent être immunisées, or c’est faux.
Les formes graves et sévères dans les services de réanimation sont enregistrées chez des personnes qui ne sont pas vaccinées ou qui ont uniquement reçu deux doses. Il faut obligatoirement faire la troisième dose pour être protégé contre les formes graves et sévères de la maladie», a-t-il alerté. Selon l’invité de L'Info en Face, il faut expliquer aux citoyens que la vaccination c’est trois doses, sinon on n’est pas protégés. «C’est vrai qu’on s’est trompés sur beaucoup de choses au niveau scientifique par rapport à cette maladie, mais ce dont on est sûr aujourd’hui c’est l’efficacité de la troisième dose et que la deuxième dose perd en efficacité après 5 ou 6 mois. Aujourd’hui, on n’a pas d’autres moyens pour protéger les gens contre la maladie et ses formes graves et sévères», a-t-il assuré. Les mots d’ordre étant la vigilance, le respect des mesures barrières et la vaccination.r>