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Production scientifique au sein des universités : moins d’un article par an et par enseignant-chercheur

L’Instance nationale d’évaluation relevant du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique a élaboré une étude sur «la recherche scientifique et technologique au Maroc» dont les résultats ont été présentés mardi lors d’un webinaire animé par la directrice de l’Instance, Rahma Bourqia. Selon cette dernière «la recherche scientifique ne mobilise pas tout son potentiel humain»

06 Avril 2022 À 18:17

Une étude inédite portant sur l’évaluation du système de recherche scientifique au Maroc et de son potentiel vient d’être présentée par l’Instance nationale d’évaluation relevant du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (INE-CSEFRS). S’appuyant sur les données des bases des revues indexées notamment «Web of Science» (WoS) et Scopus, les premiers résultats de cette «évaluation», en attendant, incessamment, la publication intégrale de l’étude, font état d’une faible production scientifique. Cette production est certes en évolution et en croissance au niveau des différentes disciplines, mais elle demeure faible par rapport à des pays émergents. «Elle ne mobilise pas tout son potentiel humain», a affirmé mardi Rahma Bourqia, la directrice de INE-CSEFRS en se référant aux conclusions de l’étude réalisée. Les chiffres livrés dans ce sens montrent que durant trois décennies, de 1988 à 2017, sur la base des informations WoS, le corpus de publications du Maroc est estimé à 45.911 publications. «La croissance entre la première décennie (88-97) et la deuxième (98-07) est plus importante, puisqu'elle est de 163%, alors que celle entre la deuxième décennie et la dernière (2008-2017) s’est établie à environ 134%. La production scientifique est ainsi ascendante.

Cette évolution se caractérise par l’accélération observée dès 2011 et qui a tendance à perdurer jusqu'en 2017, malgré une baisse conjoncturelle en 2016», a commenté la directrice de INE-CSEFRS, lors de la présentation de l’étude à l'occasion d’un webinaire. Par ailleurs, il est à préciser qu’une part importante des publications en langue arabe et dans le domaine des sciences humaines et sociales (SHS) n'est pas indexée à ce niveau, car ne figurant pas dans la base de Web of Science. En général, la langue de publication indexée donne la primauté à l’anglais. En effet, les éléments présentés par cette étude montrent que l’anglais s’impose chez les chercheurs marocains qui publient dans les revues indexées au niveau international. La non-maîtrise de l’anglais constitue une contrainte et une hésitation pour certains chercheurs, qui renoncent à publier leurs travaux et résultats dans des revues indexées. L’étude fait également état de la faible productivité scientifique au sein des universités – la production scientifique indexée – estimée à un peu plus d’un article toutes les deux années par enseignant-chercheur (0,54 par an). Aussi, la moyenne nationale universitaire se situe à seulement 0,37 publication par enseignant-chercheur par année. «La production baisse même à 0,22 publication par enseignant-chercheur par année.

Cela veut dire qu’il y a un groupe de chercheurs qui publie et que le reste est inactif», a regretté Rahma Bourqia. Donnant plus de détails, l’étude révèle que la part des articles cosignés avec des auteurs étrangers (en co-publication) dans le total des articles représentait environ les deux tiers (63% en 2017). Dans ce sens, la collaboration internationale demeure un vecteur essentiel pour la visibilité et la qualité de la production scientifique. Sur un autre volet, l’étude réalisée est revenue sur le rôle des enseignants chercheurs et des doctorants dans la recherche. Elle montre ainsi que l’université est au premier plan en termes de ressources humaines en matière de recherche. Dans ce cadre, le corps des enseignants-chercheurs est à 60% âgé de plus de 50 ans, alors que 28% sont âgés de 40 à 49 ans. Aussi, la communauté des enseignants-chercheurs est à dominance masculine avec à peine 26% de femmes.

Cependant, l’on constate une progression de la présence féminine aux études doctorales, la part des femmes dans la population des doctorants ayant augmenté de 38% en 2013 à 42% en 2018. Leur part dans la population des diplômés en doctorat s’est appréciée de deux points, passant de 33 à 35% durant la même période. Par ailleurs, entre 2013 et 2018, le nombre de doctorants a fortement progressé de 75,2%, passant de 19.585 à 34.313 doctorants. Mais le nombre des doctorants qui soutiennent ne suit pas, passant de 701 en 2013 à seulement 2.116 en 2018. Ce qui remet en question l’efficacité du cycle doctoral. «Le ratio du nombre de thèses de doctorat soutenues par rapport au nombre de doctorants est assez faible (5,7% en 2017). Le cycle doctoral devient visiblement un goulot d’étranglement, où les effectifs s’accumulent sans pour autant que le rythme des soutenances suive», se désole la directrice de l’Instance nationale d’évaluation.r> 

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