Société

Rachida Tahiri : Le principe de l’égalité doit être la base de toute réforme du Code de la famille

Le principe de l’égalité doit être retenu comme élément fondateur de la nouvelle version du Code de la famille. Lors de son passage dans l’émission «L’Info en Face», la militante associative Rachida Tahiri a souligné qu’il était temps d’en finir avec les principes de l’obéissance ou de la «Qiwama» et surtout d’éradiquer les articles autorisant le mariage des mineur(e)s.

Rachida Tahiri

14 Septembre 2022 À 18:32

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Les mouvements féministes continuent à travailler, sauf qu’ils ont de plus en plus tendance à se spécialiser et à creuser des sujets liés aux inégalités les plus profondes. C’est ce qu’a tenu à souligner la militante associative Rachida Tahiri, lors de son passage à l’émission «L’Info en Face» dans laquelle elle a été interpellée justement sur le «mode silencieux» que semblent adopter les associations courant ces deux dernières semaines, soit 14 jours après le Discours Royal de la Fête du Trône qui a ouvert la voie à une révision du code de la famille.r>Effectivement, les associations féministes, en particulier celles de la nouvelle génération, sont bel et bien attendues en vue de mener un débat permettant d’avoir une nouvelle version du code de la famille qui soit en adéquation avec les mutations qu’a connues la société marocaine ces dernières années. La question qui se pose, selon l’animateur de l’émission, Rachid Hallaouy, est de savoir «qui est-ce qui va prendre le lead de ce projet tant attendu». La mission sera-t-elle confiée au gouvernement ou faudra-t-il attendre à ce qu’une commission soit constituée pour dépoussiérer ce projet qui date de 2004 et dont les insuffisantes se sont apparus dès les premières années de son apparition ? Rachida Tahiri espère que le projet de la famille, dans sa nouvelle version, soit porté par le gouvernement et qu’il soit adopté au parlement à l’image de toutes les lois. «C’est ce que nous voulons, mais cela ne relève pas de nos attributions», souligne-t-elle. Et d’insister sur l’importance de retenir l’égalité comme principe fondateur de la nouvelle version du code de la famille. Sans longue de bois, la militante associative estime qu’il était temps d’en finir avec les principes de l’obéissance ou de la «Qiwama» et d’opter pour l’égalité comme principe de base. «Ceci permettrait sans nul doute de faire face à la discrimination liée au genre dans des sujets complexes et qui font aujourd’hui l’objet de débats et de discorde comme la tutelle sur l’enfant, le partage des biens en cas de divorce et même l’héritage», explique-t-elle.



À bas la «Qiwama» !r>«Nous plaidons aujourd’hui pour une réforme globale qui remet en question ce principe de la “Qiwama” qui implique que ce sont les hommes qui entretiennent les femmes, car ce n’est plus le cas aujourd’hui», crie-t-elle. En effet, explique-t-elle, la société marocaine a connu des mutations et les femmes ne sont plus entretenues telles qu’elles l’étaient il y a des siècles. Pour expliquer ce volet, la militante associative tient à rappeler que les femmes travaillent et contribuent activement à la construction de la richesse. À cela s’ajoute, note-t-elle, le fait qu’elles s’occupent de l’entretien de la maison et veillent sur les enfants. Des activités qui lui ont été affectées au fil des années et pour lesquelles elles ne sont pas rémunérées.r>Pour élucider ses propos, l’intervenante cite un rapport du Haut-Commissariat au Plan impliquant que le travail des femmes constitue 39% du PIB. «Une volonté politique est donc nécessaire pour reconnaître cette contribution à la richesse et donner à la femme le droit qu’elle mérite», appelle-t-elle. À propos de l’héritage, la militante estime qu’il faut le limiter aux personnes proches comme les ascendants et les descendants sans y impliquer les «lointains» qui n’ont pas contribué à la fructification de la richesse familiale.

Quid du mariage des mineurs ?r>En dépit d’être prohibé par la loi depuis 2004, le mariage des mineurs continue de sévir dans la société marocaine à cause des «dérogations». Interpellée à ce sujet, la militante est quasiment convaincue qu’il est temps d’éradiquer les articles 20, 21 et 22 du Code de la famille qui prévoient une autorisation exceptionnelle pour le mariage des mineurs. L’invitée de Rachid Hallaouy rappelle à cet égard que ces filles doivent jouir de leur droit à la scolarisation et à l’enfance.r>Par ailleurs, Rachida Tahiri tient à souligner l’importance de l’éducation à l’égalité. Au-delà des textes de loi, c’est aussi l’affaire de l’école et des médias qui doivent inculquer des valeurs, notamment de partage et coresponsabilité.

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