02 Avril 2022 À 16:24
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) appelle à l’adoption d’une stratégie nationale pour la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine culturel marocain fondée sur «L’effectivité des droits, la diversité culturelle et la démocratie locale». Dans une rencontre organisée le 1er avril à Rabat, il a présenté son avis intitulé «Pour une nouvelle vision de gestion et de valorisation du patrimoine culturel». Plusieurs recommandations y ont été inscrites.
La première concerne la consolidation et dynamisation des institutions et des outils opérationnels au service du patrimoine culture. Pour cela, le CESE recommande de doter le département en charge du Patrimoine culturel de l’expertise et des moyens nécessaires lui permettant de cartographier, d’inventorier, de sauvegarder et de mettre en valeur le patrimoine culturel selon les normes internationales. Selon le CESE, le Maroc devrait encourager les partenariats entre la Fondation nationale des musées et les collectionneurs privés dans l’optique d’améliorer l’offre des musées et de les ouvrir davantage sur la société et la recherche. Dans le même contexte, on devrait renforcer les rôles complémentaires du BMDA et de l’OMPIC en tant que garants de la préservation de la mémoire collective, des œuvres de l’esprit, des créations et des découvertes. «Une attention particulière devrait être accordée à la marque de fabrique “Maroc” tout en actualisant les textes législatifs», indique l’avis du CESE. Ce dernier attire également l’attention sur le trafic illicite du patrimoine culturel mobilier et demande plus de vigilance. Par ailleurs, le CESE propose de verser une partie de la taxe touristique (10%) au profit du patrimoine culturel, et de soutenir l’émergence d’un tissu de PME-TPE offrant des prestations de qualité.
Pour la valorisation du patrimoine immatériel
S’agissant du patrimoine culturel immatériel, le CESE plaide pour la codification des richesses locales et leur histoire à l’aide de monographies régionales. Il propose aussi de soutenir les porteurs du capital immatériel pour assurer la transmission de ce patrimoine. Les évènements historiques ayant marqué l’histoire de notre pays devraient également être mieux célébrés via la création de monuments commémoratifs. Selon le CESE, les différentes variétés du patrimoine culturel immatériel devraient être intégrées dans les cursus de formation, notamment ceux de type professionnels.
La valorisation du patrimoine passe par la formation
Le Conseil économique, social et environnemental insiste sur l’importance de la formation, de l’éducation et de la recherche scientifique dans la reconnaissance du patrimoine culturel et la sensibilisation des citoyens. Dans ce cadre, il recommande d'ériger l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine (INSAP) en établissement public ou au minimum rattaché au département de l’Enseignement supérieur. Cet Institut forme aux disciplines de la préhistoire (dont l’art rupestre), l’archéologie préislamique, l’archéologie islamique, les monuments historiques, l’anthropologie, la muséologie et la conservation/restauration.
Selon le CESE, la formation professionnelle permettrait la création d’emplois pour les jeunes, et d’autre part préserver plusieurs métiers devenus rares et sérieusement menacés de disparition. À cet effet, il conseille de dupliquer les modèles réussis comme les filières lancées par l’Académie des arts traditionnels relevant de la Fondation de la Mosquée Hassan II.
Des programmes de recherche scientifiques adaptés aux besoins des acteurs du patrimoine culturel permettront également de sauver quelques composants du patrimoine menacés par la contrefaçon ou la disparition. Notre artisanat pourrait ainsi être transformé en industrie créative. Dans le même contexte, le CESE recommande de soutenir l’émergence de nouveaux médias spécialisés et de leur permettre de contribuer à la sensibilisation de l’ensemble des intervenants (élus, autorités locales, secteur privé) à la promotion et à la sauvegarde du patrimoine culturel.