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Sahara : avancées majeures du Maroc avant la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU

Le programme de travail du Conseil de sécurité pour ce mois d’avril prévoit une séance matinale, le mercredi 20, pour des consultations portant sur la MINURSO. Ces consultations setiennent suite à des tournants majeurs qui ont significativement empreint le cheminement du dossier du Sahara marocain depuis la fin l’année 2021. Ce contexte favorable à lacause nationale donne de la vigueur à la dynamique visant à boucler définitivement ce conflit artificiel qui traine en longueur depuis presque un demi-siècle maintenant.

11 Avril 2022 À 17:02

Le Conseil de sécurité de l'ONU a placé la question du Sahara marocain à l’ordre du jour du 20 de ce mois d'avril. Cette réunion se tiendra à huis clos et ne débouchera pas sur l'adoption d'une résolution, comme c’est le cas pour le mois d'octobre. Deux rapports seront présentés lors de cette réunion. D'une part, le nouvel envoyé personnel du SG de l’ONU, Staffan de Mistura, fera le point sur sa tournée dans la région effectuée à la mi-janvier et, d'autre part, le représentant spécial du SG de l'ONU et chef de la MINURSO, Alexander Ivanko, informera sur la situation sur le terrain.r>Berlin considère la proposition d'autonomie comme une contribution importante du Maroc Cette réunion du CS se tient alors que l'Allemagne a reconnu en décembre dernier que le Maroc, avec le plan d'autonomie, a apporté une contribution importante en 2007 aux efforts de l'envoyé personnel de l'ONU pour trouver une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable sur la base de la résolution 2602 du Conseil de sécurité. Cette position de Berlin est prise après de longs mois de tension dans les relations avec Rabat (sous le mandat de l'ancienne chancelière Angela Merkel).r>Désormais, pour le nouveau gouvernement allemand, «le Royaume du Maroc est un pont important entre le Nord et le Sud à la fois politiquement, culturellement et économiquement - le pays est un partenaire clé de l'Union européenne et de l'Allemagne en Afrique du Nord».

Pour l'Espagne, l'initiative marocaine d'autonomie est la base la plus sérieuse pour résoudre le différend autour du Sahara

Cette réunion du CS se tient également à la suite d'un tournant majeur opéré par un acteur historiquement associé au dossier du Sahara, à savoir l'Espagne. Dans un Message adressé à S.M. le Roi Mohammed VI, le Président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a souligné qu’il «reconnaît l’importance de la question du Sahara pour le Maroc» et a affirmé à ce titre que «l’Espagne considère l’initiative marocaine d’autonomie, présentée en 2007, comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend». Cette affirmation a été reprise dans la déclaration conjointe émise à l'issue des entretiens entre M. Sanchez et Sa Majesté le Roi Mohammed VI lors du déplacement du chef de gouvernement espagnol à Rabat le 8 avril.

Antony Blinken réitère le soutien des États-Unis au plan marocain d'autonomie

Le Secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a réitéré, mardi 29 mars à Rabat, la position des États-Unis en faveur de l'initiative marocaine d'autonomie des provinces du Sud. Lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita, à l'issue de leurs entretiens, Antony Blinken a souligné que les États-Unis considèrent l'initiative marocaine d'autonomie comme une solution sérieuse et réaliste, qui répond aux aspirations des populations du Sahara.r>Il a également fait part du soutien de son pays à l'envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura, dans la conduite du processus politique sur la question du Sahara, sous les auspices des Nations unies, exprimant sa considération pour l'appui du Maroc à la mission de l'Envoyé spécial.r>Il convient de rappeler que le 18 janvier dernier, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, au sortir d’une rencontre avec M. Blinken, avait déclaré que les deux pays ont «convenu d’unir leurs forces pour résoudre ce conflit (au Sahara) qui n’a que trop duré et pour lequel une solution doit être trouvée».

Une configuration du Conseil de sécurité favorable au Maroc

Cette réunion du Conseil de sécurité se tient alors que la configuration de cette instance onusienne s'avère plutôt favorable au Maroc. Parmi les cinq membres non permanents élus par la 75e session de l'Assemblée générale des Nations unies pour siéger au Conseil de sécurité à partir du 1er janvier 2022 pour un mandat de deux ans, on compte les Émirats arabes unis et le Gabon. Deux alliés majeurs du Maroc, aux positions tranchées s’agissant de l'intégrité territoriale du Royaume. Le Ghana, de son côté, soutient le processus onusien comme seul cadre pertinent et apporte ainsi son soutien à la résolution 693 du Sommet de Nouakchott de juillet 2018 adoptée officiellement dans ce sens. Quant à l’Albanie et au Brésil, ils ont eux aussi réitéré leur appui au processus de l’ONU.

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Mustapha Sehimi : «la question du Sahara marocain se pose désormais en des termes de référence nouveaux»

Le Matin : Le rapport de l’envoyé personnel du SG de l’ONU sera au menu d’une réunion du CS le 20 avril. À quoi faut-il s’attendre selon vous ?

Mustapha Sehimi : Le Conseil de sécurité de l’ONU a inscrit à son ordre du jour ce mois-ci, pour le 20 avril, la question du Sahara marocain. C’est là une réunion à huis clos, sans enjeu ni résultat. Une délibération qui ne donnera pas lieu à l’adoption d’une résolution de cette haute instance onusienne comme c’est le cas pour le mois d’octobre. Il est prévu deux briefings. Le premier sera celui du nouvel envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, le diplomate italo-suédois, Staffan de Mistura, qui a pris officiellement ses fonctions à la fin du mois d’octobre dernier. Ce responsable fera une communication sur les résultats du premier semestre de sa mission. Il rendra compte ainsi de sa tournée dans la région, à la mi-janvier, au cours de laquelle il s’était rendu à Rabat, camps de Tindouf, Nouakchott puis Alger. Un mois auparavant, il avait rencontré, en marge d’une conférence interméditerranéenne à Rome, des représentants officiels du «Groupe des Amis du Sahara» (Espagne, États-Unis, Russie, France et Royaume-Uni). Que dira-t-il sur l’avancée du processus des négociations devant conduire à un règlement négocié du contentieux – ou plutôt conflit artificiel – relatif à la cause nationale du Sahara marocain ?r>Le second briefing sera celui du nouveau Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU et chef de la MINURSO, le Russe Alexander Ivanko. Il était chef d’État-major de cette Mission depuis 2009 et il a succédé au Canadien Colin Stewart qui a achevé sa mission le 26 août dernier. Il ne manquera pas de relever que le mouvement séparatiste a décidé de ne plus respecter le cessez-le-feu instauré depuis septembre 1991. Une violation des résolutions du Conseil de sécurité décidée à la suite de la situation créée dans le post-frontière Maroc-Mauritanie de Guerguerat, en novembre 2020. À cette occasion, il faut le rappeler, le Maroc a pris les mesures appropriées pour le rétablissement et la sécurisation du trafic civil et commercial alors que des éléments armés du «Polisario» avaient investi et occupé ce poste-frontière. Rabat avait eu l’accord puis le soutien du Secrétaire général de l’ONU pour ces mesures. En tout état de cause, le Conseil de sécurité ouvrira à cette occasion une délibération permettant une appréhension circonstanciée de la situation au début de ce printemps 2022.

Le Matin : Cette réunion du CS intervient alors que le dossier du Sahara marocain a connu des développements favorables. Quel sera, selon vous, l’impact de ces évolutions sur la future résolution qui devrait être prise en octobre ?r>Mustapha Sehimi : La question nationale se pose désormais en des termes de référence nouveaux. Il y a, au premier chef, la position de l’administration américaine (prise le 20 décembre 2020 par le Président Trump puis revalidée par son successeur Biden) reconnaissant la souveraineté marocaine sur ses provinces sahariennes récupérées. Une équation majeure qui est venue bousculer bien des ambigüités de certaines puissances et qui s’impose à l’évidence tant à la haute instance onusienne qu’à la communauté internationale. Il faut y ajouter ses prolongements : en Allemagne, depuis janvier 2022 ; en Espagne, aussi, comme l’atteste la normalisation opérée avec la visite du président du Gouvernement Pedro Sanchez, reçu officiellement le 7 avril courant par S.M. le Roi. Une visite marquée par une déclaration conjointe : Madrid «reconnaît l’importance de la question du Sahara pour le Maroc ainsi que les efforts sérieux et crédibles du Maroc dans le cadre des Nations unies pour trouver une solution acceptable». La déclaration précise également que l’Espagne considère l’initiative marocaine d’autonomie, présentée en 2007, comme la plus sérieuse, réalise et crédible pour la résolution de ce différend».r>Au Conseil de sécurité, la position du Maroc est davantage confortée sur ces bases-là. Elle l’est aussi pour deux autres raisons. La première a trait à une approche réévaluée qui se fait du côté de membres permanents de cette haute instance onusienne : je pense au Royaume-Uni qui renforce ses liens avec Rabat depuis le Brexit et qui ne peut évacuer la position de Washington, malgré tout ; je pense aussi à la France qui ne va pas manquer de prendre en compte à terme sans doute, toutes ces nouvelles données. Elle apparaît quelque peu décalée aujourd’hui par rapport à Berlin et à Madrid… Une «zone de confort» j’allais dire paresseuse, frileuse par suite de ses relations compliquées avec Alger.r>Une autre raison tient, elle, à la nouvelle composition du Conseil de sécurité depuis le 1er janvier avec l’élection de nouveaux membres non permanents. Le Gabon et les Émirats arabes unis soutiennent depuis toujours la cause marocaine. Le Ghana soutient le processus onusien comme seul cadre pertinent et apporte ainsi son soutien à la résolution 693 du Sommet de Nouakchott de juillet 2018 adoptée officiellement dans ce sens. L’Albanie et le Brésil ont, eux aussi, réitéré leur appui au processus de l’ONU. Quant à l’Inde, elle a retiré sa reconnaissance à la prétendue «RASD» en 2000. Sa neutralité, sous une forme ou une autre, est à prendre en compte : elle n’est pas – et ne sera pas – négative pour le Maroc…

Le Matin : L’Algérie s’était prononcée clairement contre la poursuite du processus des tables rondes et avait même accusé le CS de partialité. Partant de là, qu’elle est sa marge de manœuvre ? peut-elle se permettre de boycotter les négociations sous prétexte qu’elle n’est pas partie prenante ?

Mustapha Sehimi : Ce qui est à l’ordre du jour c’est la relance du processus négociatrice. Staffan de Mistura a été chargé de s’y atteler dès sa nomination. D’où sa tournée dans la région, voici trois mois. Sur la table, qu’y a-t-il ? Il y a eu deux tables rondes, l’une en décembre 2018 et l’autre en mars 2019 en Suisse. C’était la procédure finalement retenue par l’ex-envoyé personnel de l’ONU, Horst Köhler. Il était prévu d’ailleurs une troisième table ronde au début de l’été 2019, mais Köhler a démissionné bien avant, le 22 mai pour des «raisons de santé».r>Bien avant le débat sur la question nationale, programmée pour le mois d’octobre 2021, l’Algérie avait exprimé à maintes reprises son désaccord à propos de ce format de tables rondes. Elle invoque que cette formule est contreproductive (on se demande pourquoi) et qu’il faut de négociations directes entre Rabat et le mouvement séparatiste. Le Président Tebboune est même allé jusqu’à proposer que celles-ci aient lieu à… Alger ! Il vaut de rappeler l’inconséquence de la diplomatie officielle de l’Algérie. Qui a dirigé la délégation de ce pays à la première table en Suisse ? Abdelkader Messahel, ministre des Affaires étrangères. Mieux qui était à la tête de la délégation de son pays à la seconde table ronde ? Ramtane Lamamra, alors vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères- il est aujourd’hui encore en charge de la diplomatie de son pays. Alors ?r>Une impasse totale donc. Le boycott des tables rondes par l’Algérie mène ce pays à quoi ? Elle est responsable et partie prenante dans le conflit artificiel. Ce faisant, elle bloque un processus consacré et soutenu par le Conseil de sécurité – une obstruction qui ne manquera pas d’établir sa responsabilité devant la communauté internationale et de jeter de nouveau, si besoin était, une lumière crue sur ses actes et ses profonds desseins. Elle prend le risque d’une violation des résolutions du Conseil de sécurité, elle qui tient un discours continu sur le respect des décisions de l’organisation mondiale et de ses résolutions pertinentes. Un paradoxe : le secrétaire général de l’ONU peut attester de toutes les missives qu’Alger lui a adressées précisément sur la nécessité de la reprise du processus politique de négociation. Elle a aussi multiplié les démarches de pression sur les membres du Conseil de sécurité pour la nomination dans les meilleurs délais d’un envoyé personnel.

Qu’escompte alors aujourd’hui l’Algérie en bloquant ce processus ? Elle n’a pas de «plan B» de substitution – elle s’enfonce dans un entêtement qui ne peut rien donner, sinon la mettre au ban des pays hors des exigences des principes et de décisions des Nations unies. Il faudra bien que le Conseil de sécurité en tire les conséquences les plus opératoires. Comment ? En se penchant sur les nouvelles conditions et les modalités d’applicabilité de la proposition marocaine d’autonomie, sans l’Algérie…

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Obstination aveugle de l'Algérie

Au terme de sa tournée dans la région en janvier dernier, l'Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara marocain, Staffan De Mistura, a pris toute la mesure de l'obstination et de l’aveuglement du régime algérien. Le diplomate onusien, dont la mission consiste à relancer le processus politique, a eu ainsi droit à des discours rabâchés par les officiels algériens et leurs marionnettes du polisario quant à la tenue d'un référendum, une option morte et enterrée par l’ONU elle-même qui a jugé qu’elle était irréalisable. À Rabat, M. De Mistura a rencontré de hauts responsables marocains qui ont souligné encore une fois l’attachement du Maroc à la reprise du processus politique mené sous l'égide exclusive de l'ONU pour parvenir à une solution politique sur la base de l'Initiative marocaine d'autonomie, dans le cadre du processus des tables rondes, en présence des quatre participants. La visite régionale de M. de Mistura s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 2602 du Conseil de sécurité, adoptée le 29 octobre 2021, dans laquelle l’Instance exécutive de l’ONU réitère son appel aux parties à poursuivre leur engagement dans le processus des tables rondes, dans un esprit de réalisme et de compromis, pour parvenir à une solution politique réaliste, pragmatique, durable et basée sur le compromis.

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Résolution 2602 : les cinq points qui ont déconcerté l'Algérie

La visite régionale de M. de Mistura s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 2602 du Conseil de sécurité, adoptée le 29 octobre 2021, dans laquelle l’Instance exécutive de l’ONU réitère son appel aux parties à poursuivre leur engagement dans le processus des tables rondes, dans un esprit de réalisme et de compromis, pour parvenir à une solution politique réaliste, pragmatique, durable et basée sur le compromis.

La résolution 2602 qui a prorogé pour une année le mandat de la Minurso a consacré, une fois de plus, la prééminence de l'Initiative marocaine d'autonomie pour résoudre le conflit artificiel autour du Sahara marocain.r>Cette résolution, adoptée avec 13 voix pour, contre deux abstentions, est importante dans la mesure où elle apporte cinq importantes réponses aux manœuvres et agitations des adversaires de l'intégrité territoriale du Royaume.

  • Format du processus : le Conseil de sécurité affirme que les tables rondes, avec la participation de toutes les parties, sont le seul mécanisme de gestion des négociations.
  • Finalité du processus : Ce dernier doit déboucher sur une solution réaliste, pratique et basée sur le compromis. Ces qualificatifs font clairement allusion au plan marocain d'autonomie et écartant toute autre option qui n'est pas réaliste.
  • L'Algérie partie prenante : citée cinq fois dans la résolution, au même titre que le Maroc, elle a donc une responsabilité à assumer dans ce dossier. La résolution affirme que l'Algérie est appelée à s'impliquer tout au long du processus politique en vue de son aboutissement.
  • Rupture du cessez-le-feu : L'organe exécutif de l'ONU a exprimé sa «profonde inquiétude» et «nous connaissons la partie qui a officiellement annoncé son retrait des accords y afférant au moment où le Maroc avait réaffirmé son engagement à en respecter les dispositions».
  • Propagande algérienne : Ni le mandat de la Minurso, ni la question des droits de l'Homme n'ont été évoqués dans la résolution. Bien au contraire, l'enregistrement des séquestrés et la responsabilité du pays les abritant à Tindouf y sont explicités.

À noter que l’Algérie avait annoncé après cette résolution qu’elle ne comptait plus prendre part au processus des tables rondes.

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