09 Octobre 2022 À 10:05
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«Science et conscience» est la thématique de cette édition qui va réunir près de 200 participants de 20 pays, dont des artistes et des chanteurs spirituels du Maroc et de confréries du monde (Inde, Azerbaïdjan, Turquie, Kosovo, Syrie, France, Perse). Et ce dans le souffle de la transmission de l’héritage culturel et civilisationnel du soufisme. Interviendront à ce sujet des conférenciers et penseurs dans la science soufie qui vont débattre de la relation du soufisme avec la société, puis la relation entre la foi et la pensée mentale, entre Ghazali et Ibnou Rochd… et comment on peut utiliser ces valeurs et ce patrimoine dans la civilisation islamique qui se distingue par sa tolérance de la diversité culturelle et religieuse. «La thématique de cette année est une approche de ce que renferme la culture soufie comme notions sur les valeurs, les pratiques et l’éducation spirituelles. Elle tourne, aussi, autour des pensées intellectuelles et culturelles différentes des livres soufis des grands cheikhs comme Ibn Arabi, Jalal Eddine Roumi, Ibn Al-Fârid, Al Shushtari et autres ; tous des noms très importants dans les cultures soufies à travers le monde», souligne le président du Festival de Fès de la culture soufie, Faouzi Skali. Et d’ajouter que le patrimoine soufi maghrébin est lié profondément à la réalité locale, car l’histoire des Zaouaya est en étroite relation avec l’histoire générale de ces pays. «Par exemple, le Maroc est connu pour être le pays des “Aouliya” (Saints), puisqu’il y a un enracinement des valeurs soufies et concepts soufis, et ce depuis des siècles. C’est le socle du concept religieux au Maroc». C’est ce qui permet la préservation des traditions des musiques soufies, tout en leur donnant une interprétation à la fois vivante et inspirée.
Création d’ouverture
Pour le programme de cette année, le public pourra assister à la création d’ouverture qui propose une immersion dans la cour moghole indienne, où les virtuoses de la musique hindoustanie de l’Inde du Nord, les interprètes de chant soufi Qawwali et de la danse kathak seront réunis pour mettre en lumière un prince soufi indien du XVIIe siècle, Dârâ Shikôh et ses actions en faveur de la coexistence fructueuse des religions. En s’appuyant sur l’ouvrage du XIIe siècle de Nizami Gandjani, Khusrow et Shirine, l’initiation spirituelle par les arts est au centre des master class. Elles permettront d’apprendre et de pratiquer dans des lieux de patrimoine de la cité fassie.
Les autres concerts
Dans le prolongement de cette thématique, quatre concerts exceptionnels permettront de découvrir l’ensemble du Samaa Orchestra, l’art du Mugham d’Azerbaïdjan inspiré de la poésie soufie de Nizami, la musique indienne hindoustanie ou la danse kathak portées par une jeune génération de virtuoses exceptionnels. Le Festival accueillera pour la première fois l’ensemble de musiciens et de derviches tourneurs turcs de Konya pour un grand «Samaa mevlevi», en référence au célèbre poème des «Rubâi'yât» de Rûmî, «Les atomes dansent», évocation poétique de la conception scientifique des atomes au XIIIe siècle. La création de clôture rendra hommage au grand maître marocain du soufisme arabo-andalou, Muhammad Al-Harrâq, célébré en tant que maître de la «Voie par la beauté» et dont l’œuvre poétique sera chantée par les plus grandes voix du chant arabo-andalou.
Tables rondes et masters class
Cette quinzième édition qui accueillera des tables rondes et des masters class (avec plus de 60 intervenants provenant de 15 pays) permettra de mieux appréhender la façon dont s’est articulée cette relation entre science et conscience ou encore foi et raison à travers l’histoire dans la civilisation de l’Islam dans ses connexions avec divers courants de culture et de pensée, jusqu’à aujourd’hui. Seront également questionnées les relations entre les sciences, les religions et plus globalement les spiritualités. D’éminents spécialistes du dialogue entre science et foi venus des quatre coins du monde, mais aussi des représentants des différents cultes participeront à ces débats.
Hommage au moine de Tibhirine
Un émouvant récital de chants bretons et soufis consacrés aux «Sept Dormants» rendra hommage au moine rescapé de Tibhirine disparu récemment au monastère de Midelt, frère de Jean-Pierre Schumacher. Dans l’esprit de ce partage artistique et inter-cultuel, l’ensemble judaïque Matruz donnera un concert de chants Piyyoutim à la Synagogue Danane.
Exposition «Les manteaux des éveillés»
L’exposition «Les manteaux des éveillés», suivie d’un concert de sitar indien, ouvrira le Festival et le programme artistique sur le thème de l’éveil de la conscience. L’art contemporain apportera ainsi son regard sur la transmission traditionnelle soufie de l’influx divin et prophétique à travers le manteau ou «khirqa».r>