04 Juin 2022 À 12:21
La littérature est un moyen puissant et efficace pour bâtir le continent africain. C'es ce qu'ont affirmé, vendredi à Rabat, les participants à une rencontre sous le thème "l'ancrage continental et mondial de la culture africaine: actualité et perspective".
"L'Afrique n'est pas un continent de blessures mais un territoire de rêves et de possibles qu'il faut bâtir à travers la littérature et les autres arts", ont souligné les intervenants à ce débat, tenu dans le cadre du 27è Salon international de l'édition et du livre (SIEL), dont les littératures africaines sont l'invité d'honneur.
"Il n'y a pas que la politique pour bâtir le monde mais il y a aussi la littérature et les arts dans toutes leur diversité pour construire des ponts, ouvrir des portes et des voies et aller vers l'autre", ont-ils insisté.
Selon les conférenciers, la littérature permet d'aller à la découverte de l'autre pour se découvrir soi-même, de même qu'elle tisse des liens, supprime les barrières et ne reconnaît aucune frontière. Elle puise aux quatre coins de l'humanité et c'est ce qui lui permet d’être recréée et de participer à la nouveauté.
Mettant en avant la richesse et l'importance de la littérature africaine, ils ont indiqué que plusieurs textes littéraires africains ont marqué profondément l'histoire et la littérature mondiale, citant le livre "les Confessions" de Saint Augustin, une œuvre autobiographique dont l'impact a continué à travers les siècles.
Ce débat, qui a réuni un aréopage d'écrivains, de penseurs et d'artistes africains, a été l'occasion de jeter la lumière sur plusieurs questions qui touchent le continent africain, dont la notion du panafricanisme qu'il faudrait revoir et revisiter et le rôle des cultures africaines dans la lutte contre la fragmentation depuis les indépendances.
"Le panafricanisme est un rêve mais non pas une utopie car le rêve est réalisable", ont-ils insisté, appelant à faire de la terre africaine une seule nation en surpassant les frontières héritées de la conférence de Berlin et en rétablissant les liens entre les peuples pour reconstituer une nation africaine.
"Ce regard panafricain sur l'unité ne doit pas tomber dans une forme de chauvinisme et de souveraineté nationale", ont-ils averti, ajoutant qu'une Afrique unifiée permettra de consolider les passerelles entre toutes les parties qui composent l'Afrique et leurs rapports avec le monde.
Evoquant les nombreux défis auxquels fait face le continent africain, les intervenants ont plaidé pour faire de l'Afrique "un espace citoyen".
"Il est très important que l'Afrique soit considérée pour elle-même. L'Afrique existe par l'immensité de son histoire, la richesse de sa culture...L'Afrique est une histoire, une sensibilité, une belle couleur, une émotion...Elle a tous les atouts, les ressources et les capacités pour être le continent de l'avenir", ont-ils conclu.
Le choix des littératures africaines comme invité d'honneur du 27ème SIEL reflète les liens multidimensionnels entre la culture marocaine et les cultures des pays africains frères et s’inscrit dans le droit fil de la vision éclairée de SM le Roi Mohammed VI pour la promotion de la coopération Sud-Sud.
Selon les organisateurs, cette manifestation est marquée par la participation de 712 exposants représentant 55 pays de par le monde. Un large éventail de publications sera présenté, reflétant une diversité et une richesse qui, en chiffres, atteint 100.000 titres.
Au programme, un menu culturel riche et varié avec six espaces de rencontres et de débats entre un grand nombre de professionnels ainsi que des créateurs, des écrivains et des chercheurs de divers domaines et horizons, issus du Maroc et du reste du monde.
Outre des conférences, présentations des nouvelles parutions et soirées de poésie auxquelles vont participer 380 intervenants, d’autres activités auront lieu, dont la remise du Prix Ibn Battouta de la littérature de voyage, du Prix des jeunes poètes et du Prix national de la lecture. Diverses activités sont également prévues pour les enfants en matière pédagogique, artistique et scientifique, encadrées par 63 animateurs.