18 Avril 2022 À 16:57
ans un contexte marqué par la montée vertigineuse des prix des hydrocarbures, la raffinerie de la SAMIR se retrouve sous les feux de la rampe. Si plusieurs voix s’élèvent pour réclamer une réappropriation de cette raffinerie par l’État pour relancer les activités de raffinage au Maroc, et de ce fait acheter du pétrole brut à des prix nettement inférieurs à celui des produits raffinés (et partant faire baisser les prix des hydrocarbures à la pompe), d’autres préconisent, au moins, d’exploiter les bacs de stockage de cette structure. «Cette raffinerie dispose de deux types de bacs de stockage : des uns pour le stockage des produits raffinés, et d’autres pour le stockage du pétrole brut qui, une fois sur place, prend du temps pour se stabiliser», explique au «Matin» l’ancien responsable au sein du ministère de l’Énergie et des mines et consultant dans le domaine de l’énergie, Omar El Fetouaki. «Pour compenser cette insuffisance en termes de capacité de stockage, l’État a la possibilité de louer ces bacs et de réaffecter même ceux destinés à contenir du pétrole brut au stockage de produits pétroliers raffinés (étant donné que les activités de raffinage sont actuellement à l’arrêt). Cette capacité combinée de ces deux types de bacs est en mesure d’assurer une capacité de stockage totale à même de répondre aux 60 jours de stock de sécurité prévus par la loi», affirme M. El Feouaki.
Option déjà envisagée en 2020r>En mai 2020, et sur demande du gouvernement marocain, le tribunal de commerce de Casablanca avait autorisé celui-ci à exploiter les bacs de stockage de la raffinerie SAMIR dont la capacité s’élève à 2 millions de mètres cubes, soit l’équivalent de 60 jours de réserves. L’objectif était alors de constituer d’importantes réserves de carburants à un moment où les prix sur les marchés internationaux accusaient une baisse historique. Cette exploitation allait se faire par le biais d’une location des bacs. Le bail devait être signé entre l’État, représenté par l’Office national des hydrocarbures et des mines (Onhym), et Abdellatif Safadi, le syndic chargé de la liquidation de la SAMIR.
L’Onhym allait, ensuite, mettre ces bacs à la disposition des pétroliers, par le biais de contrats de sous-location, afin qu’ils puissent constituer leurs stocks. Dès lors, pourquoi l’État marocain n’a-t-il pas entrepris cette démarche malgré l’autorisation du tribunal de commerce ? Selon nos confrères de medias24, qui citent une source proche du dossier, le retard des autorités marocaines tiendrait au fait que ce bail aurait pour effet de nuire à la défense marocaine devant le Centre international de règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI). En effet, le litige entre l’État marocain et Corral Morocco Holdings (structure dirigée par Mohamed Al Amoudi, ancien actionnaire principal de la SAMIR) et actuellement porté devant ce CIRDI. Al Amoudi avance que le Maroc lui a porté préjudice au profit de ses concurrents sur le marché en permettant un dumping incontrôlé de produits pétroliers raffinés sur le marché marocain en s’abstenant de prendre des dispositions pour empêcher l’importation illimitée par les pétroliers de produits raffinés à bas prix en provenance de l’étranger, ce qui annihile la capacité concurrentielle de la SAMIR.
Une option non mentionnée par Leila Benali S’exprimant lors d’une conférence de presse tenue vendredi 15 avril, Leila Benali a admis que le projet de louer des bacs de stockage SAMIR n’a pas abouti. La ministre a indiqué en effet que le gouvernement tâche de gérer ce dossier en tenant compte des intérêts des employés de la SAMIR qui sont près de 600, des intérêts de l’État marocain et de l’écosystème connexe de la raffinerie. Pour ce qui est de l’augmentation de la capacité de stockage, la ministre a indiqué que son département initiera et accompagnera les acteurs privés pour augmenter la capacité de stockage actuelle de 890.000 mètres cubes supplémentaires avec un investissement de 3 milliards de dirhams d’ici fin 2023. Dans le cadre de la mise en œuvre des hautes instructions royales, formulées dans le Discours Royal adressé au Parlement à l’occasion de l’ouverture de la première session de la première année législative de la onzième législature, concernant la mise en place d’un dispositif national complémentaire, relatif au stock stratégique de produits de base, Mme Benali a souligné que son département veillera à la mise en place d’un nouveau système de gestion du stock de réserve, dans le cadre d’un partenariat entre les secteurs public et privé afin de préserver la sécurité énergétique du Royaume. r>