26 Janvier 2022 À 19:37
Malgré tous les efforts consentis par les gouvernements successifs pour éradiquer le surpeuplement des classes scolaires, le phénomène semble avoir la peau dure. Selon les dernières statistiques dévoilées par le ministre de l’Éducation nationale, Chakib Benmoussa, lundi dernier lors de la séance des questions orales, le nombre de classes recensées dans l’enseignement primaire dépassant les 41 élèves est estimé à 6,2% dans le milieu urbain et 3,9% au niveau rural.
Le phénomène prend encore plus d’ampleur dans les niveaux supérieurs, puisque le sureffectif des classes au niveau du collège atteint 10,8%, alors que ce dernier est évalué à 12,2% au niveau du lycée. La surpopulation au sein des classes est devenue désormais monnaie courante dans l’enseignement public depuis des années et figure parmi les paramètres explicatifs de cette dégradation qualitative de l’école marocaine. C’est ce qu’estime en tout cas Raki Abdelghani, secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT).
D’après ce syndicaliste, les chiffres officiels avancés par le ministre ne reflètent pas la réalité du phénomène du surpeuplement des classes au Maroc qui dépasse de loin 40% dans les zones périphériques de certaines grandes villes. «Ce fléau est malheureusement l’apanage de l’école publique marocaine. C’est la patate chaude que chaque gouvernement refile à son successeur. Certes, des actions ont été mises en place pour augmenter le nombre des enseignants et pallier le manque de ressources humaines, mais ces mesures restent insuffisantes pour éradiquer ce phénomène et s’aligner aux standards internationaux en nombre d’élèves par classe qui devront normalement ne pas dépasser 24», note-t-il. Même son de cloche chez Adelkarim Boulahdou, vice-secrétaire général de la Fédération national des fonctionnaires de l’enseignement affiliée à l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), qui estime que les mesures mises en place par le département de tutelle restent limitées et interpellent sur l’existence d’une réelle volonté politique et administrative d’éradiquer ce fléau qui représente un obstacle structurant à la proposition d’une offre d’enseignement qualitative. «Lorsqu’on parle de l’encombrement des classes, cela nous renvoie directement à la problématique du rassemblement de niveaux multiples dans la même classe. Un phénomène observé particulièrement dans le milieu rural et qui représente une entrave à l’apprentissage des élèves, altère leur concentration et freine la créativité de l’enseignant. Ces fléaux portent atteinte à l’image de l’école marocaine et devront disparaître dans les plus brefs délais», souligne le même responsable.
En effet, il semble que l’éradication du phénomène de l’encombrement des classes est loin d’être une tâche facile, comme le souligne pour sa part le secrétaire général national de la Fédération nationale de l’enseignement, Drissi Abderrazak. Outre l’importance de disposer d’une véritable volonté politique, estime ce responsable, il est nécessaire de disposer des moyens logistiques et financiers nécessaires. Mais il faudra surtout avoir une stratégie claire et s’inscrire dans la continuité des efforts consentis par les gouvernements précédents. C’est l’objectif que se fixe justement le ministre de l’Éducation nationale, Chakib Benmoussa, qui a annoncé lundi dernier l’élaboration en cours d’une stratégie nationale pour éradiquer le phénomène de l’encombrement des classes. Dans ce sens, le responsable gouvernemental a annoncé la mise en place de plusieurs mesures pour pallier cette problématique, notamment l’affectation de15.000 enseignants et l’élargissement de l’offre éducative en créant de nouveaux établissements scolaires pour atteindre 11.500 écoles, notant que durant les cinq dernières années, il y a eu la création en moyenne de 170 établissements par an. Ce qui a permis dans un premier temps de réduire la pression sur les écoles.