16 Octobre 2022 À 17:07
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Pour la première fois, les centrales syndicales les plus représentatives ont leur mot à dire dans le cadre de l’élaboration du projet de loi de Finances (PLF). En effet, c’est dans cet esprit que le gouvernement a tenu des réunions avec les syndicats, fin septembre, suivies d’autres réunions vendredi dernier. Rencontres qui ont eu lieu avec le ministre délégué auprès du ministère de l’Économie et des finances, chargé du Budget, Fouzi Lekjaâ. À cet effet, une réunion décisive est attendue aujourd’hui et au cours de laquelle l’Exécutif doit répondre aux différentes propositions émises par les centrales syndicales. Des propositions qui plaident toutes pour l’augmentation des salaires, tout particulièrement à travers la révision du barème de l’impôt sur le revenu.
C’est d’ailleurs là un des points de divergence avec le gouvernement dans le cadre du dialogue social, nous explique Khalihana Elgarch, membre du bureau exécutif de la Confédération démocratique du travail (CDT). «Notre position est que l’amélioration des revenus est indissociable de l’augmentation générale des salaires et de la révision de l’impôt sur le revenu, et c’est là le point de discorde avec le gouvernement», nous explique-t-il. Pour sa part, l’Union marocaine du travail (UMT) explique, dans un communiqué rendu public samedi, qu’elle appelle à «une augmentation générale des salaires, en lien avec la hausse des prix et la cherté de la vie, afin de protéger le pouvoir d’achat des salariés», sans pour autant préciser le taux d’augmentation souhaité dans ce sens. En revanche, dans le deuxième point où le syndicat appelle à une réduction de l’impôt sur le revenu, la proposition est assez détaillée. Il propose ainsi de revoir à la baisse les taux applicables et d’élever la valeur du minimum imposable.
Ainsi, l’UMT suggère d’exonérer de l’impôt sur le revenu les salaires annuels de moins de 36.000 dirhams (un salaire de 3.000 dirhams par mois si l’on divise par les 12 mois de l’année). L’exonération ne concerne jusqu’à présent que les salaires annuels de moins de 30.000 dirhams (2.500 dirhams par mois). La centrale syndicale propose ensuite de réduire à 7% au lieu de 10% le taux d’imposition sur les salaires allant de 30.001 à 50.000 dirhams. Pour ce qui est des salaires allant de 50.001 à 60.000 dirhams, le syndicat propose de réduire le taux applicable de 20 à 17%. Si l’on prend ce cas de figure, une telle réduction peut se traduire par une augmentation annuelle des salaires variant entre 1.500 et 1.800 dirhams (entre 125 et 150 dirhams mensuellement). Les salaires entre 60.001 et 80.000 dirhams imposables à hauteur de 30% doivent passer, selon l’UMT, au taux plus réduit de 28%.
Ce qui peut conduire à une augmentation du salaire annuel entre 1.600 dirhams (133 par mois) et 1.800 dirhams (150 par mois). L’UMT propose, s’agissant des salaires allant de 80.001 à 180.000 dirhams de baisser à 32% le taux établi aujourd’hui à 34%. S’agissant du plus haut taux à appliquer, l’UMT suggère celui de 36% aux salaires de plus de 180.001 dirhams. L’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) formule les mêmes propositions apprend-on de la part de khadija Zoumi, membre du bureau exécutif de cette centrale syndicale. La seule différence est que le syndicat appelle à ce que l’exonération touche les salaires au-dessous de 40.000 dirhams. De même, l’UGTM propose que le taux le plus élevé soit de l’ordre de 36% à appliquer aux salaires à partir de 180.001 dirhams.
À ce sujet, Khalihana Elgarch souligne que les propositions de la CDT sont beaucoup plus favorables à la classe ouvrière, propositions que la centrale n’avait pas encore dévoilées au moment où nous mettions sous presse. Autant de propositions que chaque syndicat devra défendre lors des réunions programmées, de manière urgente à partir de ce lundi, avant que la mouture du PLF 2023 ne soit finalisée en vue de son examen lors du prochain Conseil des ministres.