27 Janvier 2022 À 17:34
Pratiquement deux ans après son apparition, la Covid-19 aura le mérite d’avoir accéléré le déploiement de la transformation digitale dans tous les secteurs, y compris celui de la santé. Plusieurs plateformes ont été rapidement mises en place pour accélérer le développement de la télémédecine au Maroc et permettre ainsi aux médecins d’assurer à distance, entre autres, le diagnostic et la prise en charge hospitalière des patients. Toutefois, force est de reconnaître que malgré tous ces efforts, la e-santé peine encore à décoller en raison de plusieurs problématiques qui persistent. Ce sont là les principales idées qui ont été échangées lors de la deuxième édition du «BF influence le club», organisée, mercredi 26 janvier, par Brand Factory sur la thématique «La e-santé, santé numérique ou santé connectée en période Covid».r>Intervenant à cette occasion, le président de l’Association marocaine de télémédecine et santé, Pr Hassan Ghazal, affirme que beaucoup d’efforts ont été déployés pour accélérer le développement de la télémédecine, particulièrement en temps de crise et que les startups ont été impliquées dans ce sens. «C’est ce qui a permis d’ailleurs le développement de plusieurs applications qui sont aujourd’hui mises à la disposition des médecins en vue de leur permettre d’assurer le diagnostic des maladies, voire l’intervention à distance», souligne-t-il. En revanche, l’expert indique que tous ces efforts restent insuffisants pour soutenir cette pratique et qu’un changement de paradigme s’impose.
Un mindset centré sur les patients
À ce titre, Pr Ghazal, qui est aussi professeur associé à l’Université Mohammed VI des sciences de la santé, souligne la nécessité d’adopter un mindset centré sur les patients. Ceux-ci, ajoute-t-il, devraient être suffisamment informés sur l’importance de recourir à la télémédecine. «Ils doivent également être sensibilisés sur l’importance de fournir au médecin soignant toutes les informations afin de l’aider à réussir le diagnostic et la prise en charge à distance», précise-t-il.r>De son côté, Raja Bensaoud, juriste en droit des affaires et du numérique et enseignante au sein de grandes écoles, a tenu à rappeler que la télémédecine est une activité qui utilise les outils digitaux. Ceci dit, elle reste soumise à tous les textes et les règles juridiques qui s’appliquent aux activités numériques. D’après l’experte, ce volet doit impérativement être pris en considération, aussi bien par les médecins soignants que par les patients qui risquent d’avoir peur de partager leurs données personnelles. Sur ce registre, Raja Bensaoud note que le Maroc a fait un saut exceptionnel en termes de transformation digitale et de protection des données.
Du pain sur la planche…r>Les intervenants ayant pris part à cette conférence ont souligné que la e-santé, bien qu’elle soit importante, reste freinée par certains obstacles. Pr Al Idrissi Najib, chirurgien orthopédiste et traumatologue, cite en premier lieu le frein juridique. «L’exercice de la télémédecine est freiné, entre autres, par le vide juridique qui ouvre la voie à des pratiques illégales dont le but est de gagner de l’argent, loin de la déontologie du métier», regrette-t-il. Et d’ajouter que ce frein s’est accentué par la problématique de remboursement qui n’est pas toujours pas réglée.r>Autres obstacles et non des moindres : les intervenants insistent aussi sur le manque de formations et l’absence de médecins diplômés capables de prendre en charge les consultations à distance. Ils déplorent également l’absence d’acceptation sociale. Effectivement, les patients sont habitués à la relation de proximité avec les médecins et, par conséquent, trouvent des difficultés à recourir à la télémédecine. Autant dire que malgré tous les efforts déployés en ces temps de la Covid-19, la télémédecine peine à s'imposer comme une pratique courante.