Économie

Tourisme : La saison estivale s’annonce favorable mais pas exceptionnelle

La saison estivale confirme la reprise de l’activité touristique amorcée en mai dernier. Les données recueillies auprès de plusieurs professionnels du secteur indiquent que les mois de juillet et août promettent un cru plutôt favorable sans être particulièrement exceptionnel, surtout pour les destinations balnéaires.

Les destinations balnéaires raflent la mise durant la saison estivale.

19 Juillet 2022 À 17:02

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À défaut de s’annoncer radieuse, la saison estivale démarre sur une note positive dans les principales destinations touristiques marocaines, augurant d’une moisson plus ou moins satisfaisante pour les opérateurs hôteliers qui espèrent rompre avec la période des vaches maigres. Mais ce sont surtout les destinations balnéaires qui font le plein avec des taux d’occupation qui s’alignent sur ceux réalisés en 2019. Contrairement aux destinations de l’intérieur du pays qui attendent des jours meilleurs, notamment le circuit des villes impériales. À l’exception de Marrakech qui, elle, tire bien son épingle du jeu.

Pour Mustapha Amalik, secrétaire général de l’Association régionale de l'industrie hôtelière Marrakech-Safi (AIH), la reprise est bel et bien là. «En attendant les statistiques finales, on peut dire que la saison s’annonce plutôt bien», estime-t-il. «Nous avons réalisé de bons résultats au mois de juin avec un taux d’occupation autour de 60%, soit le même taux qu’en 2019. Pour les mois de juillet et août, les établissements d’hébergement touristiques devraient certainement dépasser les 50% de taux d’occupation avec la reprise et les réservations de dernière minute. Mais il faudra attendre la fin du mois pour qu’on puisse avoir une meilleure visibilité», ajoute le professionnel qui est également gérant et fondateur d’Atlas Widan Marrakech. «Globalement, on devrait s’aligner sur le taux trimestriel réalisé en 2019 et, si tout va bien, on pourra même les dépasser légèrement. Nous tablons également sur le MICE pour maintenir cette reprise au cours des mois de septembre et octobre».

Même satisfecit chez Ali Chaoui, PDG de l'hôtel Éden Andalou à Marrakech, qui assure que les hôtels qui sont à jour dans leurs structures et qui ont une politique marketing cohérente réalisent cet été de bonnes performances. «À notre niveau, nous sommes en bonne position pour juillet/août avec un taux de réservation de 85%. Nous sommes ainsi au même taux de 2019 pour cette période», nous affirme-t-il, soulignant que malgré la crise liée à la Covid, l’établissement spécialisé dans le tourisme familial a pu conserver sa clientèle marocaine qui représente une part de 40%.r>«Ce que nous craignons par contre, c’est une forte baisse de l’activité en septembre, octobre et janvier, en raison notamment de l’insuffisance de l’offre aérienne», ajoute-t-il. «Nous sommes très dépendants des compagnies aériennes étrangères alors que l’offre marocaine est plus orientée business que tourisme. À Marrakech par exemple, les deux compagnies nationales RAM et Air Arabia ne représentent que 15% !», précise-t-il.

Le balnéaire l'emporte largement

De son côté, l'expert en tourisme Zoubir Bouhout affirme que la reprise amorcée depuis le mois de mai se poursuit progressivement, relevant que la saison en cours va surtout profiter aux destinations balnéaires avec les températures actuelles. Il soutient également que l’activité touristique a bel et bien repris des couleurs, mais elle n’a pas encore retrouvé la grande forme. De plus, note l’expert, elle reste menacée par les perturbations des mouvements aériens en raison des grèves annoncées à l’international. «En tout cas, nous sommes sur la bonne voie. L’année 2022 est une année de redémarrage et on ne s’attend pas à atteindre les performances d’avant-crise. Si on parvient à 70% ou 75% des performances réalisées en 2019, çà sera déjà bien», avance-t-il, insistant sur la nécessité de renforcer l’offre aérienne, condition sine qua non pour l’amélioration des performances du secteur.r>«Cette crise a révélé que les attentes ont beaucoup changé et que la destination Maroc dispose d’un marché local qui est très important. Il n’est peut-être pas encore mature, mais c’est une tendance qui va en s’affirmant. Le tout est d’avoir des structures et des offres adaptées à ces besoins-là», soutient-il.

Aziz Lebbar, propriétaire de plusieurs hôtels et président du Conseil régional du tourisme (CRT) de Fès-Meknès, confirme que ce sont les destinations balnéaires qui raflent la mise. «C'est connu. Les villes balnéaires font le plein durant la saison estivale et inversement pour les destinations du centre. Pour ce qui est de la région de Fès-Meknès, nous avons deux capitales culturelles et impériales qui souffrent énormément durant cette période de l'année. À telle enseigne que l'activité touristique tourne au ralenti pour ne pas dire qu'elle est totalement à l'arrêt dans certains établissements», signale-t-il, précisant que, globalement, le taux d'occupation durant cette période atteint difficilement les 15%.r>Là où les opérateurs de Fès-Meknès grimacent, ceux des villes du nord, mais aussi du sud du pays, affichent un large sourire de contentement. En effet, la destination nordique est bien partie pour faire un carton en cette période estivale à leur grande satisfaction. Selon les professionnels de la région, les visiteurs affluent en grand nombre et les taux d’occupation ont grimpé en flèche, en partie grâce au retour des Marocains résidant à l'étranger (MRE).

Quant aux villes intérieures, elles sont contraintes de prendre leur mal en patience en attendant l’éclaircie. «Les professionnels attendent impatiemment les premières réservations des mois de septembre et octobre. Certains profitent de cette période creuse pour remettre à niveau leurs établissements, tandis que d'autres reçoivent quelques touristes individuels et MRE», fait savoir Aziz Lebbar.r>Il indique également que des destinations comme Ifrane, Azrou et El Hajeb connaissent une ruée pendant les week-ends, mais qu’il s’agit seulement de touristes du jour qui profitent d'une journée en montagne en ces temps de canicule.

Pour Aziz Lebbar, le retour aux niveaux de 2019 ne peut être atteint que si l'on active une offensive promotionnelle tous azimuts. «Celle-ci doit miser certes sur les plateformes digitales, mais aussi sur les semaines culturelles et les rencontres B to B. En attendant, les efforts du CRT, professionnels du tourisme, ONMT (Office national marocain du tourisme), ministère de tutelle, ONDA (Office national des aéroports), RAM et autres doivent se poursuivre pour amorcer une réelle reprise à l'instar de nos concurrents (Tunisie, Égypte, et Turquie). Et ce en offrant un produit de qualité à des prix abordables. Autrement, on aura raté cette reprise», tient-il à souligner.

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