23 Novembre 2022 À 15:28
L’institut français du Maroc programme le 25 novembre à Casablanca le spectacle de théâtre «Traces-Discours aux Nations africaines». Ce show est l’aboutissement de la rencontre entre deux grands esprits de l’Afrique contemporaine, l’économiste, penseur et poète sénégalais Felwine Sarr et l’homme de théâtre burkinabé Étienne Minoungou. Ensemble, convoquant l’Histoire, la mémoire des peuples et l’élévation de la pensée, ils imaginent ce théâtre prophétique comme un espace de partage où peut se refaire, littéralement, le monde. Dans ce show, un Africain revenant d’une longue odyssée décide par les forces du langage de s’adresser à l’Afrique entière. Son discours est destiné à la jeunesse de toutes les nations de son continent. Avec ferveur et parole poétique, il l’appelle à relever la tête et à s’émanciper et à édifier l’avenir. L’homme invite les jeunes africains à être le moteur d’une civilisation future plus humaine. Pour ce faire, une transformation de l’expérience culturelle et historique de l’Afrique, qui a connu tous les hauts et tous les bas de la condition humaine, s’impose. Pour l’auteur du spectacle, Felwine Sarr, ce texte vise à «pousser l’humanité plus loin, repousser l’horizon de la lumière, désensabler les eaux vives». Il s’agit de «rouvrir le champ des possibles et dessiner une utopie africaine».
Incarnée sur scène par le comédien et metteur en scène Étienne Minoungou, cette parole initiatrice invite à une restauration du sens, à une réhabilitation du présent et à la création d’un nouveau projet de civilisation. Étienne Minoungou est accompagné par le musicien Simon Winsé, imprégné de la culture traditionnelle africaine samo et qui présente un style et une musique avec des notes Dangada (la joie), enrichie d’influences jazz, fusion et blues. Le spectacle «Traces-Discours aux Nations africaines» a été écrit pour l’ouverture du Musée des Civilisations noires à Dakar en décembre 2018. Il a été présenté en Afrique et sur de nombreuses scènes européennes depuis sa création. Étienne Minoungou a reçu pour ce spectacle le Prix du meilleur acteur pour la saison 2020-21 au 58e Palmarès du prix de la critique des professionnels en France. Le spectacle présenté dans plusieurs villes du Maroc est une production du Théâtre de Namur en coproduction avec le Festival Les Récréatrales-Ouagadougou, le Festival AfriCologne avec le soutien de la Fondation von Brochowski Sud-Nord.
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Originaire du Burkina Faso, le comédien, metteur en scène et directeur artistique Étienne Minoungou poursuit des études supérieures en sociologie et en théâtre avant de fonder à Ouagadougou en 2002 les Récréâtrales, espace panafricain d’écriture, de création, de recherche et de diffusion théâtrales. Le festival biennal du même nom devient rapidement l’un des plus importants événements de théâtre de l’Afrique francophone. À compter de 2014, sa carrière de comédien prend son envol en Afrique et en Europe avec la création de M’appelle Mohamed Ali de Dieudonné Niangouna et de Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire. Ces deux solos sont suivis d’un autre en 2017 : Si nous voulons vivre, un collage de chroniques et d’entretiens de Sony Labou Tansi. Il crée Traces-Discours aux Nations africaines en 2018 à l’occasion de l’inauguration du Musée des civilisations noires à Dakar.
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Économiste, philosophe, écrivain, musicien et dramaturge, le Sénégalais Felwine Sarr remet en question les modèles politiques et économiques existants. Il est convaincu que le continent africain peut être le moteur d’un renouvellement planétaire s’il parachève sa décolonisation et propose un nouveau projet de civilisation. Parmi ses nombreux ouvrages : «Afrotopia» (Philippe Rey, 2016) et «Habiter le monde» (Mémoire d’encrier, 2017) et «Les lieux qu’habitent mes rêves» (Gallimard, 2022).En 2016, il crée, avec Achille Mbembé, les Ateliers de la pensée, qui réunissent à Dakar et à Saint-Louis penseurs/euses, écrivain(e)s et universitaires africain(e)s et de la diaspora pour réfléchir aux transformations du monde contemporain. Avec Bénédicte Savoy, il écrit à la demande de la présidence française le rapport «Restituer le patrimoine africain» (2018). Depuis 2020, Felwine Sarr enseigne la philosophie africaine contemporaine et diasporique aÌÂ la Duke University (Caroline du Nord). En 2021, il fait partie de la liste des 100 personnalités les plus influentes de l’année du magazine «Time».