16 Février 2022 À 15:22
Cela fait exactement un mois que le Maroc a approuvé l’utilisation de l’antiviral Movfor (Monulpiravir) développé par le laboratoire américain Merck pour le traitement de la Covid-19. Afin d’évaluer l’efficacité de ce médicament, un groupe de médecins marocains a réalisé une étude rétrospective auprès des patients l’ayant utilisé. Contacté par nos soins, Pr Jaafar Heikel, spécialiste des maladies infectieuses, qui a chapeauté cette étude, souligne que les résultats préliminaires de l’utilisation du Movfor sont plutôt encourageants.
«Le Maroc fait partie des rares pays qui ont autorisé rapidement l’usage de l’antiviral Monulpiravir pour le traitement de la Covid-19. Après avoir commencé à l’utiliser dans le contexte marocain, nous avons suivi un certain nombre de patients qui ont été mis sous du Monulpiravir pour les comparer à d’autres patients qui suivent le protocole classique national», affirme-t-il. Et d’ajouter : «Nous avons constaté que les symptômes décrits par les 41 malades sous Monulpiravir avaient été améliorés à la suite du traitement, en comparaison avec les 44 autres patients qui suivaient le protocole classique. Sur les 13 symptômes récurrents décrits par les patients, une moyenne de 5,39 avait été calculée au départ, contre 1,9 à la fin, soit une réduction importante des symptômes au bout de 5 jours de traitement uniquement. C’est également la durée qui a été nécessaire pour avoir une négativation de 85% cas, au lieu de 9 jours classiquement, alors que pour le reste des cas, la charge virale s’est nettement améliorée. Et le plus important est que nous n’avons enregistré aucune complication ou hospitalisation et aucun décès en utilisant le Monulpiravir. Sur les 41 patients, nous n’avons enregistré qu’un seul cas d’allergie cutanée chez une personne qui avait un terrain allergique et pour laquelle nous avons dû arrêter la prescription de l’antiviral», explique Pr Heikel.
Ce dernier indique qu’avant d'entamer l’étude, il a fallu dans un premier temps s’assurer que les patients qui seront mis sous Monulpiravir répondent aux critères stricts définis par la commission nationale et le ministère de la Santé. Les patients recrutés devaient donc avoir une PCR positive depuis 5 jours au maximum avec une charge virale importante. Aussi, ils étaient soit âgés de plus de 65 ans ou avaient une maladie chronique sous traitement ou une obésité. Chez les femmes, il fallait en plus s’assurer qu’il n’y avait pas de grossesse en cours ni de suspicion de grossesse. Le spécialiste précise, par ailleurs, que l’étude a permis aux professionnels de la santé de comprendre que les deux protocoles (le classique et avec Monulpiravir) marchent bien dans le contexte marocain.
«Nous avons constaté que les protocoles thérapeutiques adoptés au Maroc sont très efficaces et assurent une bonne guérison de la Covid-19. La valeur ajoutée qu’apporte le Monulpiravir est qu’il agit plus vite permettant une amélioration rapide de l’état de santé du patient. Il permet également au malade d’être moins infectieux, ce qui est très important d’un point de vue de santé publique», note Pr Heikel. «Cet antiviral est donc une nouvelle arme dans notre arsenal de lutte contre la Covid-19, à côté du protocole classique, les gestes barrière et la vaccination. Je pense qu’il faut féliciter le gouvernement marocain d’avoir pu mettre rapidement ce médicament à la disposition des citoyens. Maintenant, il faut essayer de le rendre un peu plus accessible sur le plan financier puisque la cure des 5 jours coûte quand même 720 DH», poursuit l’expert.