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Usine de Benslimane : le Maroc enregistrera 6 vaccins d’ici fin 2022

La ligne 1 de l’usine de fabrication des vaccins consacrée au remplissage aseptique avance. Les travaux de construction sont achevés à 98%, mais la production ne sera possible qu’en 2023. Toutefois, le processus de transfert des technologies est amorcé, a indiqué Samir Machour, vice-président de Samsung Biologic, invité de «L’Info en Face».

01 Novembre 2022 À 20:08

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La future usine de vaccins de Benslimane, et particulièrement la ligne 1 consacrée au remplissage des flacons de vaccins anti-Covid, ne sera pas opérationnelle avant la fin de l’année. C’est ce qu’affirme Samir Machour, vice-président de Samsung Biologic, invité de «L’Info en Face». Et d’expliquer que si les travaux de construction sont aujourd’hui achevés à hauteur de 89%, il reste les démarches pharmaceutiques à mettre en œuvre et l’achèvement de la partie relative au transfert de la technologie. Il est donc peu probable d’avoir des lots commerciaux d’ici la fin de 2022, explique Samir Machour. Et de noter que le retard est dû essentiellement aux problèmes de logistique causés par la situation géopolitique mondiale. 

Toutefois, il rassure en affirmant que l’approvisionnement en matière première (Bluk) et en flacons et matériels nécessaires pour le remplissage est sécurisé. «Nous ne devrions pas avoir de difficultés d’approvisionnement à ce niveau pour pouvoir lancer l’opération de remplissage qui reste une phase complexe», note l’invité. Il note par ailleurs que l’objectif premier de ce projet est de parvenir à mettre en place une usine performante qui réponde aux standards internationaux de qualité et de sécurité. Il salue pour cela les équipes en charge de l’exécution de ce projet. Ainsi, et en raison des retards liés principalement à des facteurs exogènes ainsi que des procédures réglementaires et techniques, notre invité a dit être certain de ne pas pouvoir livrer des lots commerciaux avant la fin de l’année en cours. 

Interrogé sur la vocation de cette usine dans la perspective de la fin de la pandémie, M. Machour a rappelé que dans le cadre du projet présenté à Sa Majesté le Roi, c’est la souveraineté sanitaire du Royaume qui était dans le viseur. «Nous ciblons la fabrication de plusieurs types de vaccins, pas uniquement les doses anti-Covid. Dès le départ, on savait que la pandémie finirait par disparaître. On n’allait pas investir autant d’argent, engager autant de moyens et construire une usine aussi performante uniquement pour fabriquer le vaccin anti-Covid», explique l’invité. Et d’insister que le site de Benslimane sera en capacité de produire tous les types de vaccins que le Maroc importe de l’extérieur. «Le Maroc importe 100% de ses besoins en vaccins humains, on ne fabrique rien du tout», note-t-il. Il annonce dans ce sens que d’ici la fin de l’année, le Maroc procédera à l’enregistrement de 6 vaccins au niveau de la Direction du médicament et de la pharmacie et seront donc propriété de l’État. 

Évoquant le rôle de l’Institut pasteur dans ce domaine, M. Machour a expliqué que ce dernier joue un rôle important et a été impliqué dès le départ. «L’Institut pasteur est le détenteur des autorisations de mise sur le marché de tous les vaccins qui seront fabriqué par l’usine de Benslimane», souligne l’invité de Rachid Hallaouy. Les vaccins concernés à ce jour sont notamment celui de Sinopharm anti-Covid, le vaccin contre le cancer de l’utérus, le vaccin contre la rage et le vaccin contre le pneumocoque PCV13, «qui est aujourd’hui enregistré et est le sujet de discussions pour devenir le premier vaccin à être fabriqué au Maroc», note M. Machour. Il souligne également que le transfert de technologies est déjà entamé pour ces vaccins avec l’Institut Pasteur et le Laboratoire central du ministère de la Santé. «Le transfert technologique consiste à maîtriser la partie manufactoring et le contrôle qualité, c’est-à-dire les analyses nécessaires avant de libérer les lots de vaccins. Cette partie est bien avancée», indique l’invité. r>Interrogé sur les ressources humaines et compétences mobilisées pour la réussite de ce projet, M. Machour a souligné que certains profils, notamment les spécialités liées au remplissage aseptique sont rares au Maroc. L’objectif est donc de développer des talents dans ce volet pour répondre au besoin grandissant. 

Sur le volet exportation, l’expert note que le Maroc en tant que marché n’est pas «suffisant», eu égard à la capacité de production de cette usine, et qu’il va donc falloir chercher d’autres marchés à l’extérieur. Cela dit, une partie de l’activité de l’usine peut être dédiée à la sous-traitance en fabriquant pour d’autres pays, notamment européens, sud-américains ou asiatiques, et ce en collaboration avec des laboratoires pharmaceutiques existants. Une autre partie de l’activité de l’usine peut être consacrée à la sous-traitance de la part de l’État à travers l’Institut Pasteur. Ce dernier pourrait ainsi demander à l’usine de fabriquer soit la totalité, soit la majorité des vaccins dont notre pays a besoin. Grâce à ces deux éléments, conjugués à la partie africaine, on peut dire que le site est capable de monter en puissance, souligne l’invité. 

Le Maroc pourra-t-il rivaliser avec les géants de la production de vaccins ? 

Selon M. Machour, le secteur est avant tout un secteur de compétition et de concurrence. «On fera en sorte que le site soit armé de manière à ce qu’il y ait une différence stratégique entre ce que le Maroc fait et ce que les autres font. Il faut aussi savoir que la grande différence réside dans le fait que le site marocain sera capable de faire la partie remplissage de plusieurs vaccins, ce qui n’est pas le cas pour les concurrents. Cette différence est importante, dans la mesure où le nombre de vaccins dont ce site va assurer le remplissage est unique et c’est ce qui va nous permettre d’être comparé aux grands groupes. Toutefois, l’invité précise que l’objectif premier est d’assurer la souveraineté du Maroc et en Afrique. 

En ce qui concerne la gouvernance du projet, l’invité de «L’Info en Face» tient à préciser qu’elle est stabilisée, «depuis le démarrage du projet, rien n’a bougé, c’est le même écosystème. La gouvernance sur la partie Sensyo Pharmatech est claire et transparence. L’Institut Pasteur joue son rôle en tant qu’interlocuteur important afin de fabriquer pour l’État. Le schéma n’a donc pas changé et on peut même dire qu’il y a une stabilité dans toutes ces interfaces et c’est tant mieux. Tous les ministères concernés par ce projet sont d’ailleurs impliqués, non seulement dans la partie “usine”, mais aussi dans la partie “vision”. Personnellement, je fais en sorte que la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI aille jusqu’au bout en rassemblant tout ce qu’il faut.» 

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