23 Août 2022 À 12:00
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La campagne de vaccination anti Covid-19 est quasiment à l’arrêt. En l’espace de 9 jours (du 14 au 22 août), seules 26.319 personnes ont reçu leurs vaccins, toutes doses confondues, ce qui fait une moyenne de vaccination quotidienne de 3.300 personnes. La question est de savoir si à ce rythme, le Maroc ne risque-t-il pas de se retrouver avec des flacons périmés ? Comment est géré ce stock ? Contacté par « Le Matin », Dr Said Afif, membre du Comité scientifique et technique de la vaccination anti Covid-19, affirme qu’il n’y a pas de risque à ce niveau. « Le Maroc dispose actuellement d’un stock de 11.700.000 doses du vaccin Sinopharm et 1.300.000 de Pfizer », nous apprend-il, tout en assurant que la durée de validité des vaccins n’est pas encore dépassée. A ce titre, il convient de souligner que la durée de conservation de Pfizer est de 15 mois à une température entre -90 °C et -60 °C, et de 24 mois pour Sinopharm.
Interpellé sur ce sujet, Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, attire l’attention sur le fait que les délais de conservation communiquées par les laboratoires restent provisoires et qu’ils peuvent être revus à la hausse. « Des études sont d’ailleurs en cours au niveau des laboratoires », note-t-il. Pour appuyer ses propos, Dr Hamdi explique que la date de validité des vaccins indiquée actuellement n’est pas la même que celle fixée au moment de la fabrication. C’est le cas notamment de Pfizer dont la durée de conservation des flacons congelés est passé de 12 à 15 mois suite à une mise à jour le 10 août dernier.
Les deux experts contactés par « Le Matin » appellent, en revanche, l’ensemble des citoyens concernés à compléter leur schéma vaccinal le plutôt possible tout en profitant de cette période d’accalmie. « La situation épidémiologique est stable et il faut en profiter pour se faire vacciner avant l’arrivée d’une éventuelle vague en hiver », note Dr Afif.
Deux scénarios possibles ...
Les scientifiques estiment que l’utilisation des vaccins disponibles en stock dépendra notamment de l’évolution de la situation épidémiologique dans les prochaines semaines. « Si la prochaine vague prévue en hiver est accompagnée d'un nouveau variant plus viral et surtout plus virulent, on serait dans l’obligation de mettre en place une campagne de vaccination massive », note-t-il. Et d’expliquer que dans ce cas de figure, toute la population serait concernée par une mise à jour du schéma vaccinal pour faire face au nouveau variant. Tout en soulignant que ce scénario reste à la fois le pire et peu probable, Dr Hamdi indique qu’une telle situation imposerait à l’Etat d’avoir un stock déjà en place pour pouvoir agir immédiatement et efficacement. Mais si l’on se réfère aux chiffres dévoilés par Dr Afif concernant la quantité de vaccins en stock, le Maroc serait déjà mieux protégé que d’autres pays.
En revanche, Dr Hamdi expose un autre scénario qu’il estime plus probable et qui implique que la vague hivernale soit moins difficile que les précédentes. Dans ce cas, et au vu du ralentissement de la campagne de vaccination que connait le Maroc depuis des mois, il serait judicieux de repenser l’exploitation du stock et son optimisation. « Les décideurs pourraient envisager, entre autres, d’en faire profiter des pays qui n’ont pas eu la chance d’avoir suffisamment de doses pour leurs populations », recommande-t-il.
Par ailleurs, il convient de rappeler que le Maroc a lancé les travaux de réalisation d’une usine de fabrication de vaccins anti Covid-19 et autres vaccins, un projet structurant qui, à terme, contribuera à assurer la souveraineté vaccinale du Royaume et du Continent africain dans son ensemble.