Société

Covid-19 : Risque de propagation au Maroc des variants BA.4 et BA.5 à l’automne prochain

Les deux nouveaux sous-variants d’Omicron BA.4 et BA.5 se propagent à une grande vitesse en Afrique du Sud où ils ont été découverts, mais aussi dans plusieurs pays européens. Cette reprise épidémique portée par les deux sous-variants doit-elle nous inquiéter, surtout à l’approche des vacances d’été ? Réponse avec Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé.

Pour protéger notre système de santé, il faut accélérer la vaccination des personnes vulnérables.

17 Mai 2022 À 15:02

Depuis leur détection en avril dernier en Afrique du Sud, les sous-variants d’Omicron BA.4 et BA.5 ne cessent de se propager dans le pays qui est entré officiellement dans la cinquième vague de la pandémie. Plusieurs cas sont également détectés un peu partout en Europe ces derniers jours. «Ces cas ont été liés, au départ, aux voyages, mais on constate maintenant qu’ils sont devenus autochtones, c’est-à-dire que les transmissions se font localement. On constate aussi que leur propagation est plutôt rapide, en particulier dans certains pays comme le Portugal où ces nouveaux sous-variants représentent le tiers des cas enregistrés», déclare au «Matin» Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé. Cette reprise épidémique portée par les deux sous-variants interpelle. Comment peut-on l’expliquer ? Et surtout, à quoi faut-il s’attendre au Maroc ? D’après Dr Hamdi, l’augmentation des cas dans certains pays est due à la grande transmissibilité des BA.4 et BA.5.

«Ils seraient plus transmissibles que le BA.2, qui est le plus dominant au Maroc. Leur vitesse de propagation accrue peut être expliquée par leur mutation différente au niveau de la protéine spike. Cela favorise un échappement immunitaire par rapport aux personnes qui ont été infectées précédemment et celles qui sont vaccinées. En revanche, il n’y a pas de signes qui montrent qu’ils sont plus virulents. Pour le moment, on remarque que l’augmentation des cas des BA.4 et BA.5 n’est pas accompagnée de plus de cas graves ou de décès», explique-t-il. «Les deux nouveaux sous-variants d’Omicron sont à l’origine d’un pic de cas en Afrique du Sud qui est entrée depuis avril dernier dans la cinquième vague de la pandémie. Il faut savoir que si la situation commence à s’aggraver dans ce pays, c’est principalement parce que la population générale y est sous-vaccinée – seulement 30% ont fait leur vaccin –, mais aussi parce que ça coïncide avec le début de la saison froide chez eux. J’ai d’ailleurs toujours dit qu’il faut s’attendre à une accentuation des cas vers le mois de novembre lorsqu’il commencera à faire froid», développe le médecin.

Dr Hamdi a, par ailleurs, souligné qu’avec la réouverture des frontières et le retour des voyages à l’étranger, les deux nouveaux sous-variants finiront certainement par entrer au Maroc. Mais c’est la transmission locale qui sera responsable de l’augmentation des cas. «Après une bonne période tranquille au printemps et en été, il faut s’attendre à une recrudescence des cas de contamination aux BA.4 et BA.5 qui deviendront probablement les plus dominants l’automne prochain. C’est pourquoi on ne cesse de rappeler aux citoyens, en particulier les personnes âgées et celles qui souffrent de maladies chroniques, l’importance de la vaccination», indique-t-il. Et d’ajouter que «pour protéger notre système de santé, il faut accélérer la vaccination des personnes vulnérables.

Celles-ci doivent absolument prendre leurs trois doses et il serait même raisonnable de leur rajouter une nouvelle dose de rappel à l’approche de la saison froide. C’est une décision qui pourrait être prise prochainement d'autant que nous constatons que plusieurs mois après la vaccination, l'efficacité du vaccin diminue, notamment contre les nouveaux sous-variants». Le médecin souligne, en outre, que la récente augmentation des cas Covid-19 constatée au Maroc, n’a rien à voir avec les sous-variants BA.4 et BA.5, mais est plutôt causée par la domination du BA.2 et l’abandon des gestes barrières par l'écrasante majorité de la population.

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