06 Mars 2022 À 12:17
Le film «Ziyara», documentaire de Simone Bitton sur une mémoire partagée entre musulmans et juifs du Royaume, est en tournée du 9 au 19 mars, dans les Instituts français du Maroc. La réalisatrice a sillonné les routes nationales menant vers les endroits reculés, à la découverte des mellahs, des synagogues, des cimetières et des saints souvent vénérés par les juifs et les musulmans, ensemble. Dans ce pèlerinage cinématographique, Simone rencontre les protecteurs musulmans de sa mémoire juive, des gardiens humbles d’une riche histoire de communautés fortement imbriquées.
Avec une darija affectueusement retrouvée au fil du tournage, «Ziyara» emmènera la réalisatrice à la porte d’une jeune fille diplômée en langues devenue gardienne de mausolée, un jeune homme qui fonde, à flanc de montagne, un musée de la culture juive introuvable dans les guides touristiques, un vénérable qui a reçu en héritage familial la charge de veiller sur un cimetière… Ces rencontres à cœur ouvert rappellent la fraternité judéo-musulmane. La particularité de «Ziyara» est dans l’approche de Simone Bitton. La réalisatrice révèle la nostalgie des musulmans.
Elle ravive leurs souvenirs d’une époque vécue côte à côte avec les juifs et recueille leur sentiment de perte, leurs émotions après la séparation de deux communautés qui cohabitaient depuis des siècles. Malgré une tristesse silencieuse, Simone Bitton a pu créer une complicité avec ses interviewés. Elle a recueilli des sourires et des bénédictions. Pour elle, «Ziyara» qui a pris 5 ans de sa vie n’est pas un film nostalgique, mais un film sur le présent : «L’espoir n’est pas que les juifs reviennent, mais que juifs et musulmans arrêtent de se taper dessus. Il existe une autre expérience que celle de la tragédie ininterrompue».
Certes, dans ce documentaire on se remémore le passé, mais on voit le présent. La caméra de Simone Bitton capture des musulmans qui s’occupent aujourd’hui de synagogues, cimetières et tombes juifs.
«Ziyara» est surtout une histoire de fraternité, une ode d’espoir dans des temps bien troublés par l'intolérance.