16 Février 2023 À 13:30
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Le Centre psychiatrique universitaire Ibnou Rochd de Casablanca ouvrira exceptionnellement son service au public les 24 et 25 février, pour accueillir la cinquième édition du Cinépsy Maroc. Un événement unique en Afrique et dans les pays arabes. L’édition 2023 se tiendra sur le thème «La schizophrénie, dans le contexte familial». Elle s’inscrit pleinement dans le cadre des missions que s’est données cet événement, à savoir faire parler sans tabou des pathologies mentales au Maroc et ainsi participer à l’amélioration de leur prise et à leur dé-stigmatisation. D’après les organisateurs, Cinépsy Maroc permettra à chacun de mieux comprendre la schizophrénie, d’en percevoir la réalité au quotidien et de découvrir les traitements et accompagnements disponibles, à travers des films documentaires réalisés par des soignants, des patients ou des professionnels de l’audiovisuel.
À l’inverse de nombreuses fictions cinématographiques qui ne véhiculent pas la réalité des pathologies mentales et qui stigmatisent les patients, les documentaires témoigneront de réalités vécues par les patients et devront favoriser une meilleure compréhension de la schizophrénie. «La schizophrénie compte parmi les pathologies mentales les plus entourées de peurs, de tabous et de hontes, tant pour ceux qui en sont atteints que pour leur famille. Caractérisée par un ensemble de symptômes très variables, allant jusqu’à d’impressionnants délires et hallucinations, elle est aussi terriblement invalidante par le retrait social et les difficultés cognitives qu’elle induit généralement. Or il existe aujourd’hui des possibilités de prises en charge adaptées, combinant traitements pharmacologiques et psychosociaux, à même d’obtenir une rémission durable de ses effets», souligne-t-on dans un communiqué. «Si de nombreuses recherches sont toujours en cours sur la façon de mieux comprendre cette pathologie et ses facteurs de risque, plus les mesures d’intervention sont prises tôt, plus les chances de stabiliser l’état du patient sont grandes. Et si la réinsertion des patients schizophrènes est encore très rare au Maroc, c’est une réalité dans d’autres pays qui peuvent nous inspirer».
Durant ces deux jours, les spécialistes marocains et internationaux animeront les débats et répondront aux questions du public, des professionnels et des familles, sur cette pathologie. Après un exposé sur l’histoire du Maristan de Fès et de l’art-thérapie au Maroc, cette édition anniversaire se clôturera par un concert offert au public et aux patients par l’Association des amateurs de musique andalouse du Maroc (AAMAM)». Le public du Cinépsy Maroc aura également l’opportunité de découvrir l’exposition organisée par le Donkey Museum of Tangier, réunissant les œuvres tout en sensibilité de 4 artistes-plasticiens de grand talent : Youssef Riani, Bayram Erkul, Mohssin Amghar et Abderrahim Benattabou qui s’interrogent sur notre rapport à la nature, et plus particulièrement à notre impact sur les animaux endémiques du Maroc. Cette exposition se tient jusqu’à la fin du mois de février au Centre psychiatrique universitaire Ibnou Rochd de Casablanca.
r>Le Matin : Pourquoi le choix du thème de la schizophrénie ?r>Boushra Benyezza : Il me semblait très important d’aborder ce thème, car nous avons pu constater au Centre psychiatrique, tout comme les psychiatres et des psychologues à travers le Maroc, l’augmentation du nombre de patients souffrant de schizophrénie après la pandémie de la Covid-19, notamment des jeunes ayant basculé dans la peur et la schizophrénie, certains après avoir consommé des drogues telles que le cannabis ou autres.r>Le format du Cinépsy est particulièrement adapté pour répondre aux multiples questions des familles et plus généralement de tous ceux qui sont en contact avec les patients souffrant de schizophrénie. Le Cinépsy Maroc, organisé par le Centre psychiatrique universitaire Ibnou Rochd de Casablanca sous la direction du professeur Mohamed Agoub, est un congrès unique en Afrique et dans les pays arabes qui réunit les professionnels de la santé mentale face au public, aux familles, aux usagers de la maladie mentale… Des films documentaires, réalisés par des soignants, sont projetés et permettent d’amorcer le débat autour des sujets proposés. La grande particularité de ce congrès est qu’il est public. Les professionnels sont donc invités à parler de manière claire et simple, sans jargon inutile et sans tabou, pour expliquer à tous les troubles mentaux, les traitements et les accompagnements possibles.
340.000 Marocains souffriraient de schizophrénie. Comment cette maladie impacte-t-elle la vie des patients et de leurs proches ?r>Lorsqu’une personne souffre de schizophrénie, elle peut développer des hallucinations auditives et visuelles, parfois des délires mystiques. Elle peut aussi se mettre en retrait social, refuser de s'alimenter, de voir sa famille… Cette maladie mentale se manifeste aussi sur le plan physique. Les patients ont tendance à se négliger physiquement, à ne pas vouloir se changer ou se laver et cela peut prendre des mois. La vie familiale au quotidien peut devenir difficile. S’ajoute aussi le regard des autres.r>Or l’environnement familial est une partie de la solution. Plus l’entourage est présent, aimant, bienveillant et à l’écoute, plus le patient se sentira rassuré et pourra vivre de manière apaisée.