24 Janvier 2023 À 19:09
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Estimant n’avoir pas été complètement impliqué dans le projet de réforme de la santé, le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM), par la voie de son président, tient à préciser qu’il s’agit d’une étape importante pour le développement du secteur. Ainsi, il estime que la création de la Haute Autorité de santé est un pas important. «Cette autorité sera composée d’experts de droit et d’économie et de médecins. À ce jour, nous n’avons pas encore été sollicité pour prendre part à cette instance, mais nous estimons être légitime pour y siéger», note Mohammadin Boubekri.
En ce qui concerne l’Agence des médicaments et des produits de santé, le responsable affirme que le Conseil a été associé au projet depuis le départ. «Cette Agence viendra résoudre l’épineux problème de la lourdeur du circuit de délivrance de l’autorisation de mise sur le marché des médicaments». Et de préciser que cette Agence sera indépendante du circuit administratif actuel et permettra également d’accompagner l’essor de l’industrie pharmaceutique que le Maroc se déploie pour développer, que ce soit au niveau national ou continental.
Évoquant le point relatif à la révision de la tarification nationale de référence, l’invité de l’Info en Face estime que ce changement doit s’opérer au plus vite. Selon lui, il est urgent de revoir ces tarifs si l’on veut stopper la migration des médecins du public au privé. «La tarification nationale de référence stagne depuis 2006 et elle est aujourd’hui dépassée, que ce soit pour le spécialiste, le généraliste ou même l’hôpital public. Et si on veut que les médecins du secteur public n’abandonnent pas l’hôpital pour travailler dans le privé, il faut réguler cette tarification en créant un équilibre et une équité entre les deux secteurs», souligne Dr Boubekri. Il donne dans ce sens l’exemple du coût d’une opération chirurgicale de la vésicule biliaire qui est de 2.000 DH dans l’hôpital public et de 7.000 DH dans une clinique privée. Cette équité, réclamée par les acteurs du privé, est l’une des recommandations du nouveau modèle de développement, rappelle le président du CNOM. Il révèle par ailleurs qu’une réunion a eu lieu vendredi dernier entre le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, l’Ordre des médecins et les syndicats pour relancer le dialogue sur le dossier de la tarification nationale de référence. «À l’initiative du ministère de tutelle, nous nous sommes réunis pour avancer sur ce dossier, en présence également de l’ANAM et la CNSS», explique Dr Boubekri. Interrogé sur la présence ou non de la CNOPS (Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale) à cette réunion, le responsable a souligné que l’absence de cette instance est liée au point de blocage qui remonte à janvier 2020, soit la date de la signature d’une convention relative à la nouvelle tarification. Dans le même ordre d’idées, l’invité a souligné qu’il existe un problème de financement de l’assurance maladie obligatoire et de multiplication des caisses de mutualité. Il recommande d’instaurer une solidarité en unifiant les caisses, ce qui permettra de financer l’AMO. Aussi, et pour garantir la pérennité des fonds, l’expert appuie l’idée d’une taxation des produits nocifs à la santé comme le tabac et l’alcool.
Avant de s’attaquer à ce sujet, le président du CNOM a voulu attirer l’attention sur la nécessité de réformer la législation qui régule la pratique des stages en médecine. Selon lui, il est temps que cette réglementation change en donnant la possibilité aux étudiants en médecine d’effectuer leurs stages au niveau de tous les hôpitaux du Maroc. De plus, il a fait part d’une proposition que le CNOM avait présentée au ministère de tutelle pour fluidifier le retour des compétences de la diaspora marocaine. «Nous avons proposé d’ouvrir la voie aux étudiants de médecine dans des pays comme la Roumanie, le Sénégal ou la Tunisie pour accéder à la dernière année de médecine au Maroc et donc la possibilité pour eux de faire un stage et d’avoir leur qualification directement après. Cela résoudrait en partie le manque que nous enregistrons au niveau des ressources humaines», explique l’invité de l’Info en Face. Toutefois, cette proposition se heurte au problème de la tutelle, les Facultés de médecine étant sous celle du ministère de l’Enseignement supérieur et non de la Santé.
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