14 Février 2023 À 12:46
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Des informations circulent depuis quelques jours sur une augmentation des cas d’accident vasculaire cérébral (AVC). D'où une inquiétude qui monte parmi la population. Il suffit de faire un tour sur les réseaux sociaux pour constater à quel point le sujet est devenu préoccupant. Jointe par «Le Matin», une source bien informée au sein du Centre hospitalier universitaire (CHI) Ibn Rochd de Casablanca se veut plutôt rassurante : «Aucune augmentation significative et alarmante des cas d’AVC n’a été observée ces dernières semaines». Même son de cloche auprès de Dr Tayeb Hamdi, médecin-chercheur en politiques et systèmes de santé.
Dans une déclaration accordée au quotidien «Le Matin», ce dernier a révélé que la situation n’a pas changé ces dernières semaines. Il a tenu à préciser, en revanche, que l’AVC est l’une des pathologies les plus fréquentes depuis des années. «Au Maroc, l’AVC fait une victime toutes les 17 minutes, d’où l’importance de la prise en charge», a-t-il alerté. Et d’ajouter que plus du 1/4 de ces patients meurent au cours de la première année en raison d'un retard dans la prise en charge à la phase aiguë. De même, un AVC sur deux se solde par un handicap à cause d’une insuffisance de rééducation adaptée.
Interrogé sur les facteurs de risque vasculaire, Dr Hamdi a mis l’accent sur l’hypertension artérielle qui, selon lui, est responsable de 55% des cas, suivie du tabac (24%), du diabète (20%) et des maladies cardiaques (18%). Le spécialiste a souligné qu’il existe des facteurs de risque comme l’obésité, l’excès de cholestérol, la sédentarité, la consommation excessive d’alcool et l’alimentation déséquilibrée. «Il existe aussi des facteurs psychosociaux dont le risque est non négligeable tel que le stress, la dépression et l’isolement social», a-t-il affirmé. Il convient de noter à cet égard que ces facteurs psychosociaux ont été accentués ces dernières années à cause des changements liés, entre autres, aux répercussions de la pandémie de la Covid-19 et maintenant de l’inflation.
Dr Hamdi indique que les symptômes dépendent de la zone du cerveau qui est touchée et de l’étendue des lésions. Selon l’expert, l’AVC se manifeste soudainement par trois signes :
«Ces trois signes d’alerte peuvent être accompagnés de troubles de l’équilibre, de maux de tête intenses ou d’une baisse de la vision», précis notre interlocuteur.
En présence de l’un de ses signes, il faut agir immédiatement en appelant le médecin ou le service des urgences, car «en cas d’AVC, 2 millions de neurones meurent chaque minute d’où la nécessité d’agir vite», prévient notre spécialiste. Et de recommander : «En attendant l’arrivée des secours, il faut allonger la personne et lui mettre la tête sur un oreiller, noter l’heure à laquelle les signes sont apparus et rassembler les documents à remettre aux équipes de secours. Il ne faut pas donner à boire ou à manger au patient ou encore lui administrer un médicament. Seul le médecin est habilité à intervenir», insiste Dr Hamdi.
Concernant la prise en charge médicale, l’expert explique qu’il existe deux solutions qui permettent de déboucher l’artère et assurer la re-perfusion du cerveau. La première technique est basée sur une thrombolyse que le médecin injecte au patient dans les 4 heures qui suivent le début des symptômes. La seconde est dite la «thrombectomie». Elle consiste à introduire un cathéter via l’artère fémorale et à le remonter jusqu’à l’artère obstruée dans le cerveau. La thrombectomie doit être effectuée dans les 6 à 8 heures suivant l’AVC. «Avec l’association des deux techniques, on peut aujourd’hui sauver des vies et permettre à plusieurs personnes de récupérer de manière très satisfaisante», a rassuré l’expert.
Sur un autre registre, Dr Hamdi a indiqué que des séquelles persistent après l’AVC. Il s’agit, entre autres, de troubles du langage oral et écrit, la fatigue, le trouble de la concentration, l’anxiété et l’irritabilité. «Des crises d’épilepsie liées à la cicatrice cérébrale de l’AVC peuvent aussi survenir, ce qui impose un traitement spécifique, généralement efficace», souligne-t-il.r>Par ailleurs, le médecin estime qu’il vaut mieux prévenir que guérir en étant à l’écoute de son corps et averti par rapport aux signes précurseurs. La vigilance est donc de mise, particulièrement dans cette période où le monde connaît beaucoup de changements impactant le moral et, par conséquent, la santé physique des gens.
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