02 Avril 2023 À 12:17
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Silvia Carter : L’objectif de notre séminaire est de permettre aux entrepreneurs marocains, en particulier aux PME, de prendre connaissance de toutes les opportunités que peut offrir le digital afin de développer leur activité à l’international, de la mettre en place ou de la booster. Le but est également de leur permettre de les saisir de la meilleure manière grâce à des conseils d’experts, et à un diagnostic personnalisé pour ceux qui le veulent. Ce séminaire vise en outre à valoriser les PME marocaines et à faire rayonner leurs expertises et leur potentiel à l’international en leur donnant les outils pour mettre en place une stratégie d’export efficace avec le digital.
Selon les derniers rapports en date, environ 64% de la population mondiale utilise aujourd’hui internet, soit 5 milliards de personnes dans le monde sur une population totale de 8 milliards. De même, près de 5 milliards de personnes sont désormais actives sur les réseaux sociaux, qui sont utilisés non seulement pour se divertir, mais aussi pour acheter et pour avoir des informations sur une entreprise ou un produit. Au Maroc, ce n’est pas moins de 33 millions de personnes qui utilisent aujourd’hui internet et 21 millions d’utilisateurs actifs sur les réseaux sociaux si l’on se réfère au «Digital Report 2023» de «We Are Social». Un ratio internautes/population bien plus élevé que la moyenne globale.r>Le digital est donc un domaine porteur, ainsi qu’un moyen inédit de mettre en place une stratégie commerciale efficace à l’échelle internationale, accessible à toutes les entreprises quelle que soit leur taille. C’est à partir de ce constat que la BERD Maroc a décidé d’ajouter le digital dans les axes prioritaires de ses programmes d’appui aux PME en transformant le trinôme stratégique ESG (Environnement, Social, Gouvernance) en quadrinôme ESG+D. Je suis personnellement intervenue dans plusieurs projets financés par la BERD dont le dernier auprès de Benson Shoes : l’objectif était d’optimiser le site e-commerce et, aujourd’hui, l’équipe maîtrise tous les outils numériques pour vendre en ligne sur les marchés étrangers.
On pense souvent que l’export est réservé aux grandes entreprises et aux multinationales. Cependant, l’export n’a jamais été aussi accessible aux PME qu’actuellement grâce au digital, qui offre de larges options pour se différencier des concurrents, et pour se construire une audience internationale.r>En ce qui concerne les exportations marocaines, au-delà des leaders dans le phosphate et l’automobile, elles sont soutenues principalement par les secteurs du textile-cuir (vêtements, chaussures, accessoires, etc.) et de l'agroalimentaire (huile d’olive, produits pêche, pâtisserie, etc.) qui ont connu des hausses de plus de 30% et 20% respectivement par rapport à l’année précédente. Ces secteurs se prêtent bien aux deux types de stratégies digitales à l'export, B2B ou B2C ou les deux en parallèle si les ressources de l’entreprise le permettent. Chacune doit passer par l’optimisation du site Web, mais avec la différence que la stratégie B2B nécessite des campagnes d’acquisition et Lead Generation adaptées à la prospection ciblant des professionnels, ce qui est bien différent des campagnes ciblant les particuliers.r>Un dernier secteur que je souhaite mentionner et qui est important pour l’export marocain est le tourisme. Dans ce domaine, la stratégie digitale à l'export est différente et s'établit sur une approche B2B2C : les opérateurs doivent captiver les grandes plateformes des revendeurs internationaux, mais aussi séduire et fidéliser les consommateurs afin qu’ils renouvellent leurs futurs achats directement sur leurs sites sans passer par aucun intermédiaire.
L’une des meilleures manières de tirer parti des opportunités qu’offre le digital est d’adapter sa stratégie au contexte local des pays ciblés. Les entreprises marocaines ont deux options géographiques majeures à proximité : l'immensité du continent africain et l'Europe. Dans le premier cas, il faut bien mesurer la maturité digitale dans les pays ciblés en Afrique, car souvent les canaux numériques ne sont pas très utilisés. Afin de pouvoir pénétrer de nouveaux marchés dans ce contexte, il faudra déployer une stratégie multicanale dans laquelle l'adaptation du contenu existant et sa traduction dans une autre langue peuvent suffire, mais à condition d'être accompagnées par des actions de prospection de terrain en suivant une approche export plus traditionnelle.r>Cependant, on sait que cette méthode ne fonctionne pas dans des pays avec une maturité digitale élevée comme en Europe. Ici, les acheteurs en ligne sont à la recherche d’une expérience client personnalisée, qu’ils soient en B2B ou en B2C. Dans ce cas, il est essentiel de bien étudier le marché du pays visé afin d’adapter la stratégie digitale à la langue, à la culture et aux habitudes des consommateurs, mais aussi de ne négliger aucun des canaux de vente, qui sont très nombreux dans l’écosystème digital européen. Dans un premier temps, il est donc nécessaire d’adapter sa stratégie de vente en ligne transfrontalière (ou cross-border) en optimisant son site e-commerce, ainsi qu’en choisissant les bonnes marketplaces internationales. Ensuite, il faut que les entreprises marocaines prêtent attention à leur stratégie web marketing multilingue en englobant les réseaux sociaux, le social selling, l’inbound marketing, l’e-marketing, et le marketing automation. C’est en adaptant tous ces leviers multicanaux aux contextes spécifiques à l’étranger que les entreprises marocaines réussiront à exploiter le digital de la meilleure manière afin de vendre à l’international.
La dimension digitale de l'export (à ne pas confondre avec la transformation digitale de l'export) est devenue un élément essentiel du commerce mondial permettant aux entreprises d'atteindre des marchés éloignés et d'accroître leurs activités à l'international. Certains secteurs ont connu plus de succès que d'autres dans ce domaine en raison de facteurs tels que la demande du marché, la maturité technologique, la concurrence, la réglementation et les coûts.r>Voici quelques exemples :
Ce ne sont que quelques exemples, mais ce qu’il faut retenir c’est que tout secteur peut réussir dans l'e-export. Bien que la demande du marché, la maturité digitale, la concurrence, la réglementation et les coûts jouent un rôle important, ce n’est qu’avec une stratégie solide, une bonne compréhension du marché et des consommateurs locaux, ainsi que des capacités technologiques et logistiques adaptées qu’une entreprise peut réussir dans le commerce électronique cross-border, peu importe son secteur.
Qu’on l’appelle e-export, e-commerce cross-border, export digital ou encore vente en ligne transfrontalière, la chaîne de valeur de cette forme de commerce international comporte des aspects pratiques bien spécifiques :
L’export digital offre de nombreux avantages aux entreprises, notamment en permettant d’élargir leur base de clients potentiels à l’international. Cela implique également de relever plusieurs défis et de mettre en place une stratégie solide pour réussir. En tant qu'experte, j'ai pu constater plusieurs principaux challengesr>D’abord, la concurrence : le marché de l'e-commerce est très concurrentiel tant sur le plan national qu'international. Par conséquent, il est difficile de se faire une place face à des entreprises étrangères déjà établies, et disposant d'une notoriété de marque dans les pays visés sans avoir une stratégie claire et les ressources adéquates par rapport aux objectifs à atteindre.r>Ensuite, les différences culturelles et de réglementation sont un vrai challenge. Chaque pays a sa propre culture, ses propres pratiques et ses propres règles et normes en matière d'e-commerce. Il est donc important pour les entreprises de comprendre ces différences, afin d'adapter leur offre et leur stratégie de vente en ligne.r>Enfin, il ne faut pas oublier les challenges logistiques. La livraison de produits à l'étranger peut être compliquée, notamment en termes de délais, de frais de transport, de droits de douane et de retours. Aussi, il est fondamental de bien anticiper ces problématiques pour ne pas décevoir les clients, tout en maîtrisant les coûts associés.r>Parmi les retours d'expérience que j'ai pu observer, celui qui domine est la combinaison entre connaissance des marchés étrangers et capacité d'adaptation. Les entreprises qui réussissent ont une connaissance approfondie des marchés étrangers qu'elles ciblent. Cela inclut donc la compréhension de la culture, des habitudes des consommateurs, des lois et des réglementations en vigueur. Mais l’adaptation de la proposition de valeur est aussi importante : les entreprises qui réussissent dans l’export digital sont celles qui sont capables de personnaliser leurs offres en fonction du contexte local, pour répondre aux besoins et préférences des consommateurs étrangers. Cela implique souvent de fournir des informations sur les produits et services dans leur langue, d'adapter les prix et les promotions pour tenir compte des différences de change, et de s'adapter aux habitudes d'achat locales.
Pour les entreprises marocaines, j’ai des conseils génériques, qui concernent les PME de n’importe quel pays, ainsi que des conseils spécifiques pour le Maroc.r>Pour ce qui est des conseils génériques, je vous suggère d’établir une stratégie d’e-export claire, de définir votre marché cible, de valider les objectifs, de développer un plan d’action pour y arriver et de donner tous les moyens à votre présence en ligne pour qu’elle soit professionnelle dans tous les pays que vous ciblez. Les entreprises qui vendent à l’export par opportunisme, sans stratégie ni ciblage, en répondant à des sollicitations peu pertinentes, peinent à rentabiliser leur activité à l’étranger de façon pérenne.r>Aussi, soyez prêt à investir du temps et de l'argent. Le digital à l'export peut prendre du temps et nécessiter un investissement financier conséquent. Assurez-vous d'avoir suffisamment de ressources pour soutenir votre entreprise tout au long du processus de développement. Dans ce cas, il est important que vous exploriez les opportunités de financement offertes par les institutions locales et internationales pour soutenir votre entreprise (par exemple, le programme d'appui aux PME de la BERD).r>En ce qui concerne les conseils spécifiques au Maroc, je vous suggère de vous concentrer sur la qualité. La production marocaine bénéficie d’une excellente réputation en termes de qualité. Elle est essentielle pour réussir sur le marché international, surtout pour les produits de niche. Les produits de qualité sur des niches spécifiques avec une valeur ajoutée élevée sont ceux qui se vendent le mieux en ligne à l’international.r>Dernier conseil, faites appel à des experts en stratégie digitale multicanale à l'export ! Si vous n'êtes pas à l'aise avec ces techniques, envisagez de faire appel à des professionnels avec une expertise confirmée dans le digital à l'international pour vous guider tout au long du processus. Faire appel à ce type d'experts, c'est un investissement qui vous permettra de prendre de l’avance sur vos concurrents à l'international, ou de rattraper rapidement votre retard le cas échéant.
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