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Les chambres de Commerce veulent des prérogatives décisionnelles, le gouvernement plus de création des richesses

Les présidents des Chambres de commerce, d'industrie et des services (CCIS) appellent à l’élargissement de leurs prérogatives. Pour eux, il est temps de moderniser et réhabiliter ces structures en leur conférant des pouvoirs décisionnels au lieu des rôles consultatifs qu’elles jouent actuellement. Lors d'une rencontre tenue hier à Casablanca en présence du ministre de l'Industrie et du commerce, Ryad Mezzour, le débat était houleux, tellement les vues ont été divergentes. Mais en définitive, la volonté de réformer les CCIS a primé tout le reste.

06 Juin 2023 À 19:51

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Lors d'une rencontre à Casablanca sur «le bilan et les perspectives d’avenir» des Chambres de commerce, d'industrie et des services (CCIS), les présidents de ces établissements ont plaidé avec force en faveur de l’élargissement de leurs prérogatives. Organisée mardi par la CCIS de la capitale économique et la Fédération des Chambres marocaines de commerce, d’industrie et de services (FCMCIS), cette rencontre qui a vu la participation du ministre de l'Industrie et du commerce, Ryad Mezzour, a été marquée par des débats houleux. Les parties en présence ont défendu farouchement leurs visions du rôle et de l’avenir des CCIS, qui n'étaient pas radicalement opposées. Les échanges ont été tendus par moment et chaque partie campait sur sa position. Mais progressivement, le climat s’est détendu, permettant de surmonter les divergences et de trouver un terrain d’entente.

Le cadre juridique des Chambres de commerce marocaines à réformer  

Au début de cette rencontre, le président de la CCIS de Casablanca, Hassan Berkani, a expliqué que l'objectif de ce séminaire consistait à réfléchir aux mesures à même de revitaliser les Chambres de commerce au Maroc en engageant un débat constructif sur leur avenir. Selon lui, d'importants efforts ont été déployés depuis 2014 (date de la signature de la convention-cadre entre le gouvernement et la FCMCIS) pour moderniser ces Chambres. Mais des défis persistent en rapport notamment avec les prérogatives décisionnelles et le cadre juridique. Depuis leur création en 1912, les Chambres de commerce marocaines ont connu des périodes de succès, mais aussi des difficultés, a-t-il rappelé. Actuellement, avec seulement six parlementaires, contre les 26 d'autrefois, ces institutions ont besoin d'une revitalisation, afin de retrouver leur rôle en tant qu'acteur majeur dans l’économie. Le président, qui a souligné le rôle primordial joué par ces institutions à des moments charnière de l’histoire, a déploré que tout cela ait «été réduit à néant».

Comment renforcer le rôle des chambres de commerce pour mieux défendre les intérêts économiques 

Malgré des avancées encourageantes, a souligné de son côté le président de la FCMCIS, Lahoucine Alayoua, les Chambres de commerce doivent de se mettre à niveau pour mieux répondre aux attentes de leurs adhérents. Selon lui, si le nombre des membres affiliés a augmenté ces dernières années et que des guichets de proximité ont été mis en place, les prérogatives actuelles de ces structures demeurent trop limitées pour répondre aux besoins des zones industrielles et d'autres secteurs économiques. Ayant un rôle plutôt consultatif, ces Chambres ont besoin d’être confortées par des attributions décisionnelles, a-t-il expliqué, ajoutant qu’il s’agit d’un enjeu crucial. «Cela permettrait d'accroître leur influence et de mieux représenter les intérêts économiques des entreprises et des adhérents». De même, la réflexion sur le cadre juridique régissant ces Chambres doit également être abordée, afin de renforcer leur représentativité au sein du Parlement et de souligner leur rôle primordial dans l'économie, a renchéri le président de la FCMCIS.

Débat sur la création de richesse et la réhabilitation des Chambres professionnelles

Le ministre de l'Industrie et du commerce, Ryad Mezzour, dans son intervention, s'est dit surpris de voir des hommes d'affaires, membres de ces Chambres professionnelles, solliciter l'aide de l'État. À cet égard, il a fait une comparaison entre ces Chambres, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et les Chambres de commerce étrangères, soulignant que ces dernières jouissent d'une autonomie et n'ont pas besoin d'aide financière.r>Le ministre a également rappelé qu'en 2018, des Plans de développement spécifiques avaient été adoptés pour une transformation globale et intégrée des CCIS, avec un budget d'environ 452 millions de dirhams, en plus des 325 millions alloués à des projets structurants. Il a souligné qu'un processus de réforme juridique s'étalant sur trois ans avait été initiée dans le but de restaurer la crédibilité de ces institutions.

Il faut réhabiliter les structures professionnelles des Chambres de commerce

À l’instar du président de la FCMCIS, les élus des Chambre de commerce ont vivement plaidé en faveur de l'octroi de prérogatives décisionnelles aux CCIS, considérant qu’il s’agit d’un enjeu crucial pour la réhabilitation de ces structures professionnelles. Ils ont souligné que cela permettrait d'accroître l'influence des Chambres et de mieux représenter les intérêts économiques des entreprises. De plus, ils ont insisté sur la nécessité d'approfondir la réflexion sur le cadre juridique régissant les Chambres, afin de renforcer leur position au sein de la Chambre des conseillers et de mettre en avant leur rôle primordial dans l'économie. Dans le même ordre d’idées, ils ont plaidé pour la révision des statuts des Chambres et de leur cadre électoral. Ils ont également émis le souhait de voir les listes électorales assainies et la parité mieux respectée. Des revendications que M. Mezzour a accueillies favorablement, soulignant que son département travaillait sur des réformes allant dans ce sens. Mais il a toutefois insisté que le débat devait également porter sur le rôle des acteurs représentés par les élus au sein de ces institutions, s’agissant de leur rôle dans le développement économique régional et la création d'emplois. «Il faut travailler pour concrétiser les aspirations des Marocains plutôt que sur les intérêts corporatistes», a-t-il ajouté en substance. Les participants à cette rencontre ont été unanimes à souligner que la modernisation et la réhabilitation des Chambres de commerce est un processus long, mais ils étaient tous engagés à relever ce défi au bénéfice de l’économie du pays.

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