08 Mai 2023 À 10:05
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Skin care, Hair care, booster d’immunité, entretien de la ligne, lutte contre les troubles de sommeil… Le marché des compléments alimentaires a nettement évolué ces dernières années au Maroc. On peut même dire que c’est la grande tendance du moment. Qu’ils soient en gélules, en comprimés, en ampoules, en tisanes ou en gommes, les compléments alimentaires font désormais partie du mode de vie de nombreux Marocains. Ils sont utilisés pour apporter à l’organisme des vitamines, des minéraux, des acides aminés dont il a besoin et pour prévenir et traiter certains troubles ou carences.
«J’ai eu un bébé il y a plus d’un an maintenant. Après l’accouchement, mes cheveux, ma peau et tout mon corps avaient pris un sacré un coup ! J’ai entendu parler sur les réseaux sociaux des bienfaits des compléments alimentaires. J’ai demandé à des collègues au travail qui m’ont encouragée à les prendre. Et depuis, j’en ai acheté plusieurs que je consomme quotidiennement», témoigne Hafsa, 31 ans. Il faut dire que les réseaux sociaux ont fortement contribué à la popularité des compléments alimentaires. De nombreux influenceurs et influenceuses qui partagent des contenus dans les domaines de la beauté et la santé vantent régulièrement les bienfaits des compléments alimentaires sur Instagram et sur YouTube.
Mais attention, les médecins alertent sur les dangers potentiels de la consommation excessive de ces produits en vente libre dans les pharmacies, les parapharmacies, mais aussi dans les grandes surfaces et sur les sites de e-commerce. «Même s’il ne s’agit pas de médicaments qui nécessitent un circuit législatif et administratif très particulier pour avoir l'autorisation de mise sur le marché en passant notamment par la Direction du médicament et de la pharmacie, les compléments alimentaires sont tout de même des produits destinés à la santé humaine qui visent à complémenter tout ce que l'alimentation ne peut pas nous apporter», indique Jaâfar Heikel, Pr en médecine préventive et spécialiste des maladies infectieuses et en épidémiologie.
Et d’ajouter que «lorsque l'alimentation, en quantité ou en qualité n'est pas suffisante pour répondre à un certain nombre de besoins nutritionnels et en micro-nutriments, on a tendance à vouloir combler ces besoins en consommant des compléments alimentaires, généralement des vitamines ou des sels minéraux. Mais il faut savoir qu’il existe un niveau précis que notre corps doit garder pour préserver le bon fonctionnement des organes. La complémentation alimentaire n’est donc valable que si l’on a un déficit ou une carence constatée suite à l’apparition de signes ou complications et confirmée par des examens cliniques et biologiques».
Le médecin affirme que le fait d’utiliser des compléments alimentaires à tort et à travers peut être dangereux puisque, comme leur nom l’indique, ils sont destinés à complémenter et supplémenter l’alimentation en cas de carences. «Ces compléments alimentaires ont des indications thérapeutiques utilisées dans le cadre des médecines préventives. Il y a généralement des dosages précis à suivre, par exemple, pour le magnésium, c'est 6 mg/kg, pour la vitamine C c'est maximum 2 g par jour pour la vitamine D, c'est 400 unités internationales par jour ou des doses de 25.000 ou 100.000 selon les recommandations du médecin traitant et qui vont être consommées une fois par semaine ou une fois par mois selon les besoins de chacun…». Dr Heikel assure qu’une sur-consommation de certains compléments alimentaires donne lieu à des signes d’intoxication, la fatigue, les nausées, ou encore les maux de tête. Un surdosage peut aussi mener à des modifications du rythme cardiaque, des effets hypoglycémiants, ou entraîner des problèmes digestifs avec des diarrhées et autres complications…