09 Février 2023 À 18:52
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D'un côté, on clame que «la majorité porte atteinte à la démocratie» et de l’autre on tonne que «c’est l’opposition qui impose sa dictature aux autres groupes». De tels échanges ponctuent, depuis le début du mandat du Conseil de la ville de Rabat, les travaux des assemblées et des réunions périodiques. Et la session de février n’a pas dérogé à cette règle.
Des accusations et des contre-accusations de cette nature ont été vociférées par les élus des deux camps lors de l’assemblée ordinaire du 7 février dernier, donnant lieu à un climat des plus délétères. Cette ambiance tendue a poussé des partis de l’opposition à boycotter cette session, alors que d’autres ont choisi d’y prendre part, mais tout en se bâillonnant à l’aide du ruban adhésif, en signe de protestation contre les «résolutions imposées». Cet énième bras de fer trouve son origine dans trois points adoptés lors de ladite session. Il s’agit de la révision de deux dispositions du règlement intérieur du Conseil de la ville de Rabat, de la mise du stade municipal Benachi Bounif à la disposition du club de l’Union sportive Yacoub El Mansour et de la dissolution de la société de la gare routière Al Kamra. Les élus de l’opposition, bien qu’ils appartiennent à des courants diamétralement opposés, ont fait cause commune. Ainsi, des conseillers du Parti de la justice et du développement (PJD) et de la Fédération de la Gauche démocratique (FGD) ont contesté avec beaucoup de véhémence les décisions prises par la maire et sa majorité. Qu’est-ce qui explique donc cette levée de boucliers ?
Concernant le règlement intérieur, les amendements adoptés portent, d’une part, sur le plafonnement du nombre de questions à adresser au bureau du Conseil de la ville et, d’autre part, sur l’interdiction des enregistrements vidéo des travaux des assemblées. Selon l’opposition, à travers ces deux amendements, la majorité conduisant le Conseil de la ville porte clairement atteinte à la liberté d’expression et à la transparence des travaux des assemblées. Le deuxième point fortement contesté porte la mise du stade municipal Benachi Bounif à la disposition de l’Union sportive Yacoub El Mansour (club marocain de football évoluant en championnat national). L’opposition s’insurge contre ce qu’elle qualifie de «conflit d’intérêt» puisque le président du club bénéficiaire n’est autre que le ministre de la Culture et de la communication, Mehdi Bensaïd, qui est en même temps membre du Conseil de la ville de Rabat. De plus, l’opposition dénonce l’opacité ayant entouré le choix du club bénéficiaire, puisqu’il existe selon elle d’autres «équipes sportives tout aussi dynamiques» qui ont été ignorées. Au sujet de la dissolution de la société de la gare routière Al Kamra, les forces de l’opposition ne partagent pas la même vision. Les conseillers de la FDG contestent le mutisme de la maire de Rabat s’agissant du sort qui sera réservé au foncier qui abrite l’ancienne gare routière Al Kamra. Alors que les conseillers du PJD défendent l’idée selon laquelle il ne faut pas céder la propriété du foncier, tout en soulignant que le Conseil n’était pas habilité à procéder à la dissolution de la société de la gare routière Al Kamra.
Face à cette fronde, la maire de la ville de Rabat, Asmaa Rhlalou, se défend en soutenant que c’est l’opposition qui veut «imposer ses visions de manière dictatoriale». Cet argument, Mme Rhlalou l’a brandi notamment face à ceux qui contestent le plafonnement du nombre de questions (trois seulement) à adresser au bureau. Car selon elle, ce droit (adresser des questions écrites) est monopolisé par certains conseillers aux dépens d’autres. Mme Rhlalou ajoute par ailleurs que la proposition de plafonnement émane de six groupes du Conseil. Alors que chaque partie campe sur ses positions, le bras de fer s’annonce rude et risque de s’étaler dans le temps. D’ailleurs, les conseillers de l’opposition – PJD et FDG – estiment que la partie est loin d’être terminée. Ils se disent ainsi déterminés à engager une bataille judiciaire afin d’invalider les points contestés qu’ils considèrent comme illégaux.
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